Voir grand et le produire

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Photo : Martin Savoie
13 décembre 2017

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13 décembre 2017

JEFF BEAULIEU | YOUR FAVORITE ENEMIES

Voir grand et le produire

Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : Martin Savoie
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DRUMMONDVILLE | OCTOBRE 2014

C’est dans une ancienne église transformée en studio d’enregistrement, plateau de tournage et mille et une autres choses encore que nous accueillent les membres de Your Favorite Enemies. En fait, ils ne sont pas seuls, puisque 22 personnes travaillent ici, nous apprend le guitariste Jeff Beaulieu. « Ah, oui? », que je réponds, stupéfaite.

Connu un peu partout sur la planète, Your Favorite Enemies possède une histoire bien particulière, « comme une histoire de famille », de dire Beaulieu. Au départ, Alex Foster, le chanteur du groupe, œuvre comme travailleur social. Sef, guitariste, est son stagiaire. Avec le frère de ce dernier, Ben Lemelin (bassiste), et son amie Miss Isabel (claviers), ils fondent le groupe en 2006. Jeff Beaulieu et Charles « Moose » Allicie (batterie) viennent se greffer à eux. « Ce qui fait notre essence, renchérit-il, c’est que nous étions tous impliqués dans différents organismes liés aux droits de la personne. Dès le départ, nous avons décidé de tout effectuer par nous-mêmes. »

Ils mettent leurs premières compositions en ligne et se font un devoir de répondre à tous ceux qui leur écrivent. Ce souci d’être proactif s’avère très apprécié par leurs fans, et leurs publications trouvent naturellement des traducteurs au Japon et en Allemagne, entre autres. « À peine un mois après avoir diffusé nos premiers trucs en ligne, on s’est retrouvé en tournée européenne. Nous y avons offert nos premiers concerts », dit-il.

Communauté

L’aspect organique de leur approche artistique se développe encore davantage au fil des ans, d’où tous ces gens qui s’affairent dans les différents départements aménagés à l’intérieur de l’ancien lieu de culte.

De fait, la philosophie « Do it yourself » du groupe mène tous ses membres à développer différentes habiletés. En plus de se charger eux-mêmes de l’enregistrement dans leur studio à la fine pointe (ce qui est peu dire), ils s’occupent également de la diffusion de leur travail. Mais ça ne s’arrête pas là, car ils disposent de ressources pour la conception de toutes les illustrations destinées aux albums ou à leur propre ligne de vêtements. La sérigraphie textile se fait d’ailleurs sous leur toit, grâce à des presses à chaud qu’ils savent, pour la plupart, manipuler.

« On n’aime pas se limiter. On ne fait pas que de la musique. On a reçu des offres de maisons de disques. Nous ne sommes pas anti-corporation, mais les offres ne correspondaient pas à nos besoins et nous ne voulions pas appartenir à quelqu’un », explicite Jeff. Pour éviter les entraves, ils se tournent vers des partenaires qui participent à leurs projets.

Leur style, que Jeff décrit comme du noise rock, conquiert l’Europe, puis la Chine, l’Australie et le Japon. « C’est arrivé comme ça. Les fans nous demandaient. On n’a pas ciblé ces pays, admet-il. La musique fait tomber les barrières de la langue et, en concert, on suit la vague. »  Leur premier opus, And If I Was To Die In The Morning… Would I Still Be Sleeping With You, voit le jour en 2007. Plusieurs projets se succèdent jusqu’à l’album lancé en mai dernier, leur quatrième, Between Illness And Migration, avec lequel ils espèrent aujourd’hui rejoindre les fans d’ici.

En tout, 200 000 albums du groupe ont trouvé preneurs depuis les débuts. Mais ce qui marque le plus, de l’ensemble de leurs réalisations, ce n’est pas tant la quantité que la diversité. Par exemple, les trois titres composés pour le jeu vidéo Dissidia : Final Fantasy, en 2008. « Un réalisateur japonais a passé trois semaines avec nous pour concevoir ces trois chansons. Deux se retrouvent dans le jeu et une a servi à en faire la promotion. Elle s’est hissée dans le top 10 sur iTunes, au Japon. Ce fut une belle rampe de lancement pour nous, à l’échelle internationale », pense Jeff.

Adresses réelle et virtuelle

Pourquoi choisir Drummondville pour installer ses pénates? « Nous étions auparavant à Varennes, puis il y a eu un changement de voisins. La police venait toujours chez nous à cause de la musique. Une pétition a même vu le jour pour nous faire déménager, lance-t-il en riant. On s’est mis à rechercher une maison de campagne ou une église, pour rassembler tout le monde, car on possédait déjà notre propre compagnie de vidéo. » C’est également dans le but de se faire connaître partout au Québec et de se trouver près de toutes les villes importantes qu’ils ont choisi le Centre-du-Québec.

Plusieurs fois par année, Your Favorite Enemies présente Bla Bla Bla : The Live Show, une émission diffusée sur le Web. Cette production s’ajoute à l’importante présence du groupe sur les médias sociaux. « Les gens se trouvent là. Ce n’est pas du marketing qu’on fait, ou de la vente. Il s’agit simplement d’un partage. On écrit beaucoup sur les blogues et quand les gens commentent, on répond. Ça crée des échanges tripants. Par exemple, des fans en France organisent des événements entre eux, des pique-niques et des partys. Ça crée une grosse communauté dans le monde », se réjouit-il.

Après nous avoir offert ce grand tour d’horizon, Jeff Beaulieu admet qu’avec Your Favorite Enemies, il n’existe aucune limite. Vêtements, musique, Web et tutti quanti, le groupe rend ses opérations viables en multipliant son offre de service. Voilà, selon lui, une façon efficace de s’assurer une liberté de création totale. Voilà l’heure venue pour nous de quitter la ruche, et je suis toujours aussi stupéfaite.

 

 

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