Le chemin peut sembler parfois long entre les accolades des concours et la réalisation d’un premier album. C’est le cas de Véronique Bilodeau. Après un passage remarqué au Festival en chanson de Petite-Vallée, la chanteuse originaire de Rimouski, est allée étudier à l’École nationale de la chanson de Granby en 2014. Par la suite, elle proposa la chanson Moncton qui lui valut le titre de Talent à Découvrir par la station Rouge FM. C’est alors qu’elle décida de lancer sans l’aide d’une maison de disques son premier EP, Les Croches et les Côtes. Grâce à la très bonne réception des radios et du public envers ce premier mini album, elle prit la décision de déménager à Montréal et de s’investir à temps plein à l’écriture de nouvelles chansons.

C’est tout près de 3 ans plus tard qu’elle nous arrive enfin avec ce premier album Seule et Vivante. Comme elle l’avait fait sur son mini-album, l’auteure-compositrice-interprète écrit elle-même toutes ses chansons. Avec une voix et des intonations qui ne sont pas sans rappeler la chanteuse américaine Jewel, Véronique Bilodeau s’est inspirée des nombreux changements qui ont meublé sa vie lors de sa jeune vingtaine pour composer la majorité des textes de l’album. Elle qui avoue avoir une passion inconditionnelle pour les chansons des années 90s, elle est en mesure de s’inspirer autant de Dolores O’Rordian, chanteuse des Cranberries, que de Taylor Swift, à qui elle voue une admiration sans bornes.

Malgré la présence marquée des guitares acoustiques et de quelques pièces où le piano domine, on sent que Véronique Bilodeau se rapproche de plus en plus d’un son bien à elle. Sur Je m’en fous, elle nous parle d’une affirmation de soi assumée, un sujet qui s’adresse à chaque auditeur. La pièce J’te Cherche Encore est particulièrement réussie, tant au niveau de l’interprétation que du texte, qui fait référence aux saisons et aux phénomènes naturels. Une pièce extrêmement visuelle. C’est d’ailleurs la variété de ce premier album qui en fait sa réussite. Avec Rouge, elle propose une chanson pop accrocheuse très contemporaine. Sur l’excellente chanson Mardi de Pluie, son plus récent extrait radio, elle réussit à faire passer une belle émotion. Avec un texte simple, mais efficace, elle est en mesure de s’inspirer de sa vie personnelle et d’en faire une chanson qui touchera un grand public.

Une autre qualité de ce disque est sans contredit la contribution des musiciens. Malgré la touche très intime et personnelle des musiques, c’est une ambiance d’équipe qui se fait sentir tout au long de l’album. Tout d’abord, c’est Véronique et Philippe Trudel-Chevalier (un multi-instrumentiste) qui assument la réalisation de l’album (avec la collaboration du bassiste Julien Thibault et de Simon Bilodeau aux percussions et à la batterie). Elle porte aussi plusieurs chapeaux sur ce disque : elle joue de tous les instruments (sauf les percussions).

La présence de Marcus Quirion aux guitares électriques et à la réalisation ajoute aussi à l’ambiance du disque. Avec un jeu tout en retenue, Quirion est passé maître dans l’art de s’impliquer seulement sur des productions de qualité (il a participé activement au dernier disque de Caravane et aussi sur le tout premier de Félixe). C’est probablement une des raisons qui explique le titre de l’album : même si Véronique Bilodeau se sent très bien seule au piano et à la guitare, elle s’inspire aussi de sa bande pour se sentir bien vivante !

Avec une grande force pour les chansons plus douces (qui occupent la majeure partie des 11 chansons du disque), c’est sur les pièces plus rythmées que le talent de Véronique prend son envol. Grâce à son talent évident pour la mélodie et pour l’écriture, c’est une artiste à surveiller qui pourrait bien se retrouver sur toutes les lèvres dans très peu de temps. Avec Seule et Vivante, Véronique Bilodeau s’impose comme une bouffée d’air frais dans le milieu de la musique québécoise.