Une poésie empreinte de rencontres et de fuites
THETFORD MINES | JUILLET 2019
Marc-Antoine Beaudoin, jeune auteur-compositeur-interprète qu’on qualifie tour à tour de « premier de classe » et de « champion des concours de musique », lançait le 7 juin dernier son premier album, Déséquilibre. Malgré sa jeune carrière, il a déjà un parcours enviable : lauréat des concours Le Tremplin de Dégelis et Ma première Place des Arts, il a eu l’occasion de jouer aux Francos de Montréal, d’enregistrer un mini-album de trois chansons, puis d’y faire la rencontre de son réalisateur et du label qui signe aujourd’hui son nouvel album. Cela dit, au‑delà du talent indéniable qui lui a permis de s’illustrer dans le cadre de ces divers concours, ce qui fait la singularité de la musique de Marc-Antoine Beaudoin, c’est le mélange des influences qui la compose : un ton intimiste et une esthétique littéraire léchée qui nous permettent de nous évader.
Il dit d’ailleurs être influencé par des artistes comme Arctic Monkeys, Velvet Underground, David Bowie, Klô Pelgag, Avec pas d’casque ou Philémon Cimon, qui « se permettent de faire de la littérature dans une esthétique rock ». Pourtant, il ne se destinait pas à être auteur. Il a commencé par apprendre le piano – à l’instar de ses frères et sœurs aîné·e·s – à l’âge de six ans. « Au moment où j’ai cessé mes cours de piano à douze ans, j’ai commencé à en jouer pour vrai. J’ai commencé à composer mes propres trucs, parce que je n’aimais pas lire la musique », explique-t-il. La guitare électrique a aussi pris de plus en plus de place, et vers l’âge de seize ans, il a commencé à chanter. Mais les textes continuaient d’avoir moins d’importance que la musique chez le jeune compositeur-interprète ; jusqu’à ce qu’il quitte les bancs de la Polyvalente de Thetford Mines. « Au cégep et à l’université, j’ai découvert que la littérature, c’était un monde fou ! Ça a complètement remis en question la raison pour laquelle je faisais de la musique et comment je la faisais. »
Un autre moment charnière dans son parcours a été son déménagement à Montréal, alors qu’il amorçait des études universitaires en littérature. Un changement de milieu qui l’a profondément marqué, comme en témoigne les textes de ses chansons où il est question d’anxiété, de désir de liberté et d’errance – « je me sauve du réel » ; « je prends une marche pendant que le monde s’efface » ; « je fuis mes problèmes, comme ça, dans les rues ». On pense également à son single « Montréal », dans lequel il va jusqu’à s’adresser directement à la métropole pour lui signaler que « [s]a noirceur [lui] fait peur ». Un opus parmi d’autres où les lieux occupent une place centrale, une source d’inspiration qui n’est pas sans rapport avec sa passion pour la littérature. « J’avais un cours à l’UQAM sur la littérature québécoise, et le professeur nous parlait de cette passion qu’il avait pour le lien entre les lieux et l’art. Depuis ce temps, c’est quelque chose qui me passionne. Je prenais de longues marches partout dans Montréal, simplement pour visiter tous les quartiers de cette ville. Chaque lieu, quartier, ville a son histoire, sa culture, sa façon de voir les choses. Inconsciemment, c’est un peu ce type de dépaysement qui nourrit mon écriture. »
Les rencontres artistiques qu’il a faites dans les dernières années ont aussi été décisives dans son processus créateur. « Chaque collaboration m’aide à grandir. Par exemple, l’été passé, j’ai fait une tournée avec des amis auteurs-compositeurs-interprètes [Tom Chicoine et Cédrik St-Onge]. Ça m’a vraiment préparé au monde de la scène. De même pour Lou-Adriane Cassidy, qui m’accompagne sur une chanson de mon album. C’est vraiment intéressant de voir comment une artiste comme elle approche une chanson. » On pourrait dire la même chose de Luc De Larochellière, dont il assure la première partie de la tournée anniversaire d’Amère America, une expérience qui s’est avérée des plus formatrices. Enfin, il y a les influences littéraires qui ponctuent son album, dont la plus claires est certainement Ducharme dans la chanson qui a d’ailleurs pour titre « Se prendre pour un autre », et où qu’il chante « C’est l’hiver de force dans mon cœur / Seul dans Montréal, tout me fait peur / Je me cache du décor / Qui se cache dehors ». « Réjean Ducharme et L’hiver de force sont arrivés dans ma vie durant mes premiers mois à Montréal. Tout n’était pas toujours beau à ce moment-là », confie-t-il. « Ce livre est donc arrivé au bon moment. Il m’a habité de septembre à février et il m’habite encore aujourd’hui. J’ai l’impression que la littérature des autres, lorsqu’elle me parle, vient m’aider à mieux me connaître. C’est ce qui est arrivé ici. »
Fort de ces diverses rencontres (réelles ou fantasmées) et l’épreuve du premier album passée, il dit maintenant travailler sur de nouvelles chansons. Contrairement à Déséquilibre qui est un assemblage de plusieurs chansons indépendantes qui ont fini par se connecter entre elles, il a cette fois en tête un projet plus concret : « Sans être un album concept, les pièces représenteront un lot au lieu de plusieurs accomplissements autonomes. » En parallèle, il sera aussi possible de le voir en spectacle tout l’été en première partie de Luc De Larochellière, puis avec Antoine Lachance le 18 octobre, à la Maison de la culture de Waterloo, ce à quoi s’ajouteront divers spectacles solos d’ici la fin de l’année.
Pour en savoir plus sur la musique et les dates de spectacle de Marc-Antoine Beaudoin, visitez sa page Facebook.
EN SPECTACLE…