Une histoire à raconter

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Photo : Patrick Duchesne
4 janvier 2022

Une histoire à raconter

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Photo : Patrick Duchesne
4 janvier 2022
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JOSÉE THIBEAULT

Une histoire à raconter

Rédaction : C. Fortier
Photo : Patrick Duchesne
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EDMONTON, AB | JANVIER 2022

Autrice, comédienne, metteure en scène et directrice artistique, Josée Thibeault aime passionnément raconter des histoires, sur sa vie ainsi que sur la communauté qui l’a adoptée. Originaire de Trois-Rivières, elle a fait de l’Ouest canadien sa maison il y a plus de 25 ans. Depuis ce temps, elle contribue au développement du milieu artistique franco-albertain.

« Je suis venue ici pour travailler pendant la période estivale comme de nombreux Québécois le font. J’ai passé mon premier été à Banff et ensuite je me suis installée à Edmonton. J’ai terminé mes études et j’ai commencé à m’impliquer dans le théâtre et la communauté. Mon frère vivait déjà ici, mais je ne comprenais pas encore ce que c’était la francophonie hors Québec. Je crois que tant qu’on ne vient pas s’installer ici, c’est un peu abstrait. Ce que j’y ai trouvé, c’est le sentiment de communauté. Au départ, je ne devais pas rester, mais j’y suis encore 27 ans plus tard ! »

L’artiste multidisciplinaire a découvert un milieu effervescent et très vivant, laissant place aux personnes pleines d’idées. « Les gens ne penseraient pas cela, mais c’est très ouvert au niveau artistique. Ce n’est pas saturé comme à Montréal et il y a de la place, surtout en français. J’ai des amis qui ont monté des boîtes de production cinématographique et télévisuelle dans les dernières années parce qu’il y avait un réel besoin. Depuis que la pandémie a frappé, ils ont beaucoup de travail. »

En commençant à s’impliquer dans le monde du théâtre, les opportunités sont rapidement arrivées pour Josée Thibeault. Elle a notamment fait partie du conseil d’administration de l’UniThéâtre, en plus de jouer dans des spectacles et d’assurer des mises en scène. Son travail a par la suite été remarqué par la scène musicale qui lui a proposé la direction artistique de spectacles d’envergure. « Quand les gens voient que tu es débrouillarde et que tu as une bonne éthique de travail, ils viennent te chercher. Puis, de fil en aiguille, tu rencontres de plus en plus d’artistes avec lesquels tu as envie de collaborer et qui te proposent aussi de travailler avec toi », raconte la récipiendaire de plusieurs récompenses, dont le Prix d’excellence en création artistique Sylvie Van Brabant en 2012 et le Prix d’excellence IMPACT en 2011.

L’histoire avant tout

Est-ce que Josée Thibeault aurait eu le même type de carrière comme artiste multidisciplinaire en restant au Québec ? « C’est dur de l’imaginer, mais je pense que c’est dans ma nature d’être touche-à-tout puisque tout m’intéresse. À l’université, j’ai fait une majeure en cinéma et une mineure en littérature. Je m’intéressais aussi au théâtre. S’il y a un point commun à la base dans ce que je fais, c’est l’écriture. Je raconte des histoires au moyen de différents médiums. »

Raconter une histoire, connecter avec les gens et créer un sentiment de communauté ont toujours fait partie de son cheminement artistique. Sa qualité de rassembleuse l’a également aidée à développer plusieurs projets. « Je ne suis pas quelqu’un qui va souhaiter faire ses petites affaires dans son coin. Ce qui est plaisant, c’est de travailler ensemble, en communauté, et de penser en fonction de ton public, ces gens qui vont revenir te voir parce qu’ils ont aimé ce que tu leur as offert, soit des histoires qui parlent d’eux et de ce que c’est de vivre ici. »

Les histoires que raconte Josée Thibeault sont avant tout personnelles. « On dit souvent que les artistes, on a une histoire et on raconte la même. Pour ma part, c’est très autobiographique. En partant, la poésie spokenword, ce n’est pas de la fiction. C’est mon histoire à moi et mon point de vue de femme. J’aborde différents thèmes reliés à des questions d’identité : se trouver, trouver sa raison d’être, être bien par rapport à qui l’on est, s’accepter… Quand il s’agit d’un spectacle à plusieurs artistes, je cherche à raconter l’histoire humaine de qui nous sommes comme communauté. »

La fille du facteur

En 2019, Josée Thibeault a lancé le projet le plus personnel de sa carrière ainsi que celui qu’elle considère comme le plus important jusqu’à maintenant. Il s’agit d’un spectacle solo intitulé La fille du facteur. « C’était moi sur scène pendant une heure et demie qui racontait ma quête d’identité et mes va-et-vient depuis que je suis partie du Québec. Je faisais un parallèle avec la maladie de mon père et avec son métier de facteur à Trois-Rivières. C’est un texte très personnel. »

L’artiste était en plein milieu des représentations lorsque la pandémie a frappé et que tout a arrêté en mars 2020. Déçue que le plus beau projet de sa carrière s’arrête si soudainement, elle est néanmoins ravie d’avoir pu le réaliser. Étant maintenant passée à autre chose, elle ne croit pas reprendre la scène avec ce spectacle. Le texte sera toutefois publié dans les prochains mois aux Éditions du Blé, ce qui enchante l’auteure.

Comme plusieurs personnes lorsque tout s’est mis en arrêt au début de la pandémie, la surprise a fait place à l’incertitude pour l’artiste. « Je sortais d’un gros projet et je me suis dit, ok, je fais quoi maintenant? Je croyais avoir beaucoup moins de travail. En fait, j’en ai eu moins du côté de la scène, mais j’ai eu énormément de contrats d’écriture. »

Josée Thibeault a même lancé un podcast… qu’elle a dû abandonner faute de temps ! Elle travaille toutefois sur un autre podcast avec trois personnes. Ils se promènent de quartier en quartier à Edmonton afin de raconter son histoire et la présence francophone dans ce secteur de la ville.

Les projets d’écriture continuent aussi à entrer. Pour le reste, l’artiste a bon espoir que les choses reprennent davantage en 2022 du côté de la scène.

 

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