Une artiste passionnée par sa région
GATINEAU | MAI 2022
Partie à Québec au début de la vingtaine afin d’y étudier à la Maison des métiers d’art, l’artiste multidisciplinaire native de l’Outaouais, Samuelle Desjardins est revenue dans sa région il y a un peu plus d’une douzaine d’années afin de participer à son développement. Impliquée dans plusieurs projets culturels comme consultante et gestionnaire, elle met également sa créativité à contribution dans les domaines de l’art public et de la musique.
« À la Maison des métiers d’art, j’ai fait beaucoup de travail d’artisanat à la main et avec différents outils. J’avais d’ailleurs suivi une formation en lutherie. Cette connaissance m’a amenée à m’impliquer dans des festivals pour l’aménagement de décors et à la direction artistique. »
L’art public est arrivé un peu par hasard dans sa vie, dit-elle. Un premier contrat lui a été offert il y a cinq ans et celui-ci a par la suite fait boule de neige. Il faut dire que les investissements dans ce domaine ont explosé à Gatineau lors des dernières années. « Je me sens privilégiée de pouvoir développer ce volet de ma pratique. Il y a une volonté politique d’accroitre l’attractivité du centre-ville et cela a créé de nombreuses occasions pour les artistes. Il y a une réelle effervescence et nous voyons des gens de Montréal s’installer ici pour cette raison. C’est vraiment excitant tout ce qui se passe. »
L’artiste soutient que d’un œil extérieur, la ville peut paraître plutôt austère avec son architecture et ses tours gouvernementales. « Plusieurs personnes se sont interrogées à savoir comment lui redonner un peu de magie et de couleur. Le patrimoine bâti a été détruit en grande partie, alors comment redorer ces artères ? La réponse est venue naturellement dans la tête de plusieurs acteurs importants, soit de le faire à l’aide de l’art public. Le premier grand projet a été un sentier culturel et par la suite tout a déboulé. »
Art public
Samuelle Desjardins décrit son art comme une rencontre entre l’installation et la sculpture. Elle aime intégrer tout type de matériau, tout en ayant une pensée écologique. « J’essaie souvent de recycler les mêmes matières dans mes installations. Actuellement, j’aime beaucoup travailler avec les matériaux réfléchissants. »
Elle a récemment complété un contrat pour Radio-Canada sur la ruelle Aubry dans le Vieux-Hull. Ce sont 3000 papillons faits d’une matière translucide afin de refléter la lumière au sol qui ont été installés en hauteur, comme s’ils étaient en vol. La duplication est d’ailleurs un concept avec lequel l’artiste adore travailler. « J’aime concevoir une série d’objets, c’est ce qui vient créer l’émotion et le mouvement que je veux donner », explique-t-elle.
La création collaborative lui plait également. L’an dernier, elle a produit avec José Guénette une installation immersive intitulée « La maison d’Alzire ». Il s’agit d’une réplique des maisons allumettes typiques du secteur Hull où les femmes qui travaillaient dans les usines pendant la guerre se logeaient. Les deux artistes ont voulu présenter un retour dans le passé tout en donnant à l’extérieur une touche contemporaine. « Cette œuvre rend hommage aux luttes ouvrières des femmes, à leurs combats et à leur courage », souligne-t-elle.
Elle a de plus réalisé en 2020 une murale, encore une fois en collaboration avec José Guénette. Intitulée « Parcelles de solidarité », celle-ci utilise plusieurs symboles afin de rappeler les grands mouvements coopératifs.
Autres projets
Musicienne depuis l’enfance, Samuelle Desjardins a fait partie de quelques groupes dans la vingtaine. Elle évolue maintenant dans le domaine de la conception sonore et de la composition pour différents projets. Elle a notamment collaboré avec la poète, slameuse, comédienne et dramaturge Marjolaine Beauchamp en créant une trame sonore pour des textes littéraires dans le cadre d’un spectacle.
L’artiste multidisciplinaire gagne aussi sa vie dans la gestion de projets culturels pour la Ville de Gatineau et différents organismes de sa région. « J’ai à cœur son développement. J’adore les projets rassembleurs qui permettent aux gens de s’exprimer. Je crois beaucoup à la démocratisation des chances d’accès à la culture. L’art amène un baume sur le cœur, donc je pense que tous devraient avoir l’opportunité de créer et de transformer. Accroitre cette accessibilité à la culture me motive beaucoup dans ce que je fais. »