Traces de vies inondées

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Photo : Les Maximes
21 février 2018

Traces de vies inondées

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Photo : Les Maximes
21 février 2018

MARIE-CLAUDE BOUCHARD

Traces de vies inondées

Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : Les Maximes
Concept : L'ARTIS
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THETFORD MINES | FÉVRIER 2018

En art, l’arbre s’avère l’un des thèmes symboliques les plus visités. Sa verticalité, ses racines, son caractère cyclique, entre autres, offrent un territoire propice à la métaphore. Pour Marie-Claude Bouchard, l’arbre en fin de vie constitue un sujet assez vulnérable pour incarner nos fragilités humaines.

Si les arts visuels ont toujours fait partie du parcours de Marie-Claude Bouchard, des cours de peinture suivis à l’âge de sept ans en passant par sa carrière en dessin de bâtiment, ce n’est qu’en 2012 qu’elle les embrasse réellement.

La racine

Que s’est-il donc passé pour qu’une passion latente pendant des décennies devienne un besoin irrépressible? « À la suite d’une séparation, j’ai eu deux cancers coup sur coup, en 2003 et en 2005. Un peu plus tard, j’ai rencontré mon nouveau conjoint. Il m’a guidée vers la peinture par ses encouragements », commence-t-elle. L’artiste autodidacte s’adonne dès lors à cette pratique avec plus de régularité. Puis, invitée au symposium de sa ville, Thetford Mines, en 2012, le déclic se produit.

En outre, elle se souvient d’un conseil marquant de l’artiste Jacques Lisée : « Tu ne pourras pas toujours avoir un pied dans la chaloupe et un autre sur le quai. Tu devras choisir. » Ces paroles lui restent à l’esprit pendant près d’un an avant qu’elle quitte définitivement un emploi d’infographiste.

Le corps

Marie-Claude Bouchard l’admet d’emblée : « La maladie m’a amenée à peindre d’une autre manière, à voir les choses différemment. Je ne voulais pas que les gens retiennent de moi que j’étais bonne en dessin. Je souhaitais leur montrer ce que j’avais à l’intérieur. »

En se servant d’abord de ses mains, elle délaisse les outils traditionnels et privilégie le contact direct avec le canevas. La fluidité des univers qu’elle met en scène provient de cette technique unique, et un peu secrète, qu’elle développe. Sans tout révéler de son écriture picturale, elle mentionne utiliser des acryliques liquides. « Ce sont des aqua-dispersions. Je fais bouger l’acrylique sur le support et le surveille durant des heures. Je l’oriente, mais des imprévus surviennent toujours », explique-t-elle. Cette étape achevée, elle s’installe au chevalet, puis mène alors une recherche méthodique afin de reproduire les couleurs créées par fusion. En dernier lieu, Marie-Claude affine les détails au pinceau.

À chaque phase du processus, l’artiste laisse une place à la spontanéité. « Je travaille en visualisation. Je prends des photos, mais quand je peins, je mets tout ça de côté et ne fais aucun croquis sur la toile. »

La cime nue

Son talent et sa passion incoercible pour les arbres lui ont valu d’être lauréate du premier prix du concours Art Boréal de Greenpeace en 2014. « Les arbres correspondent à ce que j’ai vécu. J’ai été malmenée, écorchée, malade. Je trouvais que ces végétaux en fin de vie et ceux inondés, dont je m’inspire, mettaient une image sur ça. Ils restent debout malgré tout. »

Le feuillage étant éphémère, il ne lui apparaît pas essentiel dans la représentation. Elle privilégie l’arbre dénudé, car il dévoile sa structure. L’enracinement, l’ascension vers le ciel, l’évolution perpétuelle et la régénération sont autant de symboles dont l’écho se prolonge dans ses œuvres.

La signature singulière de Marie-Claude Bouchard lui permet de tracer sa voie dans le milieu artistique. On la verra dans quantité de symposiums en 2018 et elle est représentée par la galerie Ni Vu Ni Cornu, à Sainte-Anne-de-Beaupré.

signées Bouchard

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