Sombre jonglerie
QUÉBEC | OCTOBRE 2020
Passionné de cirque depuis l’adolescence, Mathieu Gauthier s’est lancé dans cet univers en intégrant l’école de cirque de Québec. Bien que son spectacle de finissant n’ait pas eu lieu à cause de la pandémie, le jeune artiste regorge de créativité et de projets pour le futur, en espérant pouvoir dévoiler son étrange univers au plus grand nombre.
C’est à l’âge de 15 ans que Mathieu trouve sa voie professionnelle. Alors à Québec avec ses parents, il voit un jongleur en face du Château Frontenac : « c’est à ce moment-là que j’ai décidé de me consacrer à 100% à la jonglerie », se rappelle le jeune homme.
Après avoir participé à des cours récréatifs au Cirque du Monde à Drummondville, il déménage et intègre la formation supérieure de l’école de cirque de Québec pour y étudier à temps plein. La veille de son examen final, le gouvernement annonce la fermeture de l’école. Avec sa cohorte, ils ont décidé de performer devant la direction, quelques professeurs et de diffuser le tout en « live » sur Internet. En attendant que les spectacles puissent reprendre, Mathieu continue de travailler sur son numéro de finissant, Peklhydräh qu’il souhaite décliner en plusieurs numéros :
« Il y a souvent plus de 200 balles qui m’accompagnent sur scène. Je peux me rouler dedans, les frapper, les lancer… et je suis habillé d’une camisole de force. Cela me permet d’explorer différentes façons d’incorporer le costume à la partie chorégraphique du spectacle », explique-t-il.
Mathieu est un amoureux du mouvement et se qualifie lui-même d’un « bougeur ». En plus de la jonglerie, il crache du feu, marche sur de la vitre cassée, fais du human blockhead (tournevis, perceuse dans le nez …) et de l’équilibre sur son nez, menton et langue. Le mouvement est devenu quelque chose de très important dans sa pratique et sa création.
Pour ses numéros, l’artiste s’inspire de sources diverses qu’il assemble pour créer un univers unique, comme un collage : « J’’aime créer tout d’un coup et voir ou cela va me mener, quitte à changer en plein milieu ou même tout détruire pour recommencer à zéro. C’est une méthode de travail qui peut sembler bordélique et désorganisée, mais ma personnalité est également bordélique et désorganisée, donc ça me convient totalement ! », exprime Mathieu.
Fan de films d’horreur, de métal et de musique industrielle, Mathieu se plait à monter des numéros choquants, extrêmes ou étranges. Il s’amuse à créer du jamais vu, à réinventer totalement un concept ou à le pousser à l’excès. Ce qui lui plait dans le cirque actuel, c’est le fait d’aller plus loin et de dépasser les limites du spectacle conventionnel grand public. Il s’enivre beaucoup des compagnies qui font des numéros « plus urbains, avec moins d’émotions et d’ambiances artificielles, mais plus d’authenticité ».
L’approche artistique de Mathieu se veut différente et décalée de la norme. Son désir pour le futur serait que le cirque accueille plus de diversité, tant en ce qui concerne les artistes que les performances elles-mêmes.
« J’aimerais pouvoir créer un spectacle qui fasse changer la façon dont les gens voient le cirque. Je pense qu’il est temps que le cirque se réinvente, que le public comprenne qu’un style de spectacle prémâché depuis des décennies et recraché de la même façon à chaque fois n’est pas la seule chose que les arts du cirque méritent, conclut-il. J’aimerais choquer les gens, les faire pleurer avec un spectacle, et pas forcément les faire sourire ».
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