Sans limites
PARIS | MAI 2018
Pour l’écrivain et cinéaste français Christophe Lenoir, l’art ignore les frontières. Toute œuvre s’ancre dans l’Histoire, discipline qui s’intéresse aux événements, avérés ou mythologiques. Lorsqu’il s’agit de diffusion, il prône aussi une stratégie d’ouverture.
Cette posture frondeuse, il la tient certainement de sa curiosité pour les faits du passé. Bien que passionné du 7e art depuis l’enfance, Christophe Lenoir opte plutôt pour des études historiques. Il y voit une mine intarissable d’information, matériau de base pour la création littéraire. « Mon roman Le cœur du diable (2017) s’inspire de l’Épopée de Gilgamesh », exemplifie-t-il.
En 1999, Lenoir coréalise son premier court métrage, La danse du crabe. Il fonde sa société de production, BlackWood Films, en 2001. Par l’intermédiaire de celle-ci, il écrit, réalise et procède au montage d’une dizaine de films. L’exercice est colossal, mais disposer de sa propre entreprise lui offre la liberté qu’il recherche.
Polar
Au même moment dans sa carrière, il signe son premier thriller policier, Les collines noires, qui se retrouve en lice pour les prix Polar 2002 de Cognac. Selon lui, son passé d’historien le prédisposait au genre. « J’aime l’enquête et les archives, admet-il. Le polar me plaît pour sa véracité. Il interroge la société, la radiographie. On part d’une énigme, d’un meurtre ou d’une disparition, puis on doit rechercher la solution. Ce procédé narratif amène le protagoniste à grandir, à l’instar du concept du voyage du héros de Vogler. »
Si l’évolution et le rite initiatique l’enchantent, il ne peut en dire autant des dénouements négatifs. Voilà pourquoi Christophe Lenoir développe rapidement un penchant pour le thriller. « Les obstacles permettent au personnage de sortir de l’impasse et de s’élever dans la vie », dit-il au sujet de ses créations.
International
À la suite de l’écriture et de la réalisation, en 2008, de son premier long métrage, Cellule 66, sa carrière prend un virage inattendu. De fait, les réactions proviennent davantage de l’étranger que de la France, notamment parce qu’il s’agit d’un thriller fantastique, créneau moins exploité dans son pays. « Les Américains le connaissent bien, et mon producteur indien, Vivek Singhania, aussi », plaide-t-il. Une association avec ce dernier se forme peu après le Festival de Cannes de 2009. Ils travaillent de concert sur plusieurs projets, dont A star is killed (2011), The Xposé (2014) et Hexing (2016).
Outre d’atteindre un plus grand public, la langue anglaise qu’il embrasse lui permet de tourner avec des vedettes américaines, dont Dominique Swain.
Entre mots et images
Christophe Lenoir reconnaît réserver une place importante au cinéma dans son quotidien, car en plus de mener à bien ses entreprises personnelles, il enseigne la réalisation et le montage dans des centres spécialisés. Or, son principal intérêt reste le récit, le désir de le raconter. « En fonction de son coût, ce sera un livre ou un film. Le cœur du diable ne pouvait s’incarner qu’en bouquin, bien qu’il fût écrit et pensé comme une œuvre pour grand écran », précise-t-il.
Grâce à toutes ses passions qui se chevauchent, Christophe Lenoir ne chôme pas. Il rédige actuellement la trilogie Fantôme, qui devrait se retrouver en librairie en 2019. Ses livres sont en vente en format numérique sur Amazon, Google et iBooks. Avec sa nouvelle boîte de production, La BlackCam, il travaille sur les films Focus et SeXy Queen, mettant tous deux en vedette l’actrice Camille Solal.
Quelques avant-goûts des œuvres cinématographiques de Christophe Lenoir sont diffusés sur ce site : cleblack.com.