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DÉCEMBRE 2019
Le disque vinyle, mieux connu autrefois sous le nom de microsillon, a connu ses heures de gloire il y a bien longtemps. Avec l’avènement du disque compact dans les années 80’s, le disque vinyle fut déclaré mort et enterré et les usines de pressages fermées pour de bon. Au même titre que certains supports de stockage de données, comme les disquettes, les supports de musique, tels que les bons vieux microsillons et les CDs semblaient avoir le même destin que les dinosaures : disparaître à tous jamais de la surface de la Terre.
La situation aujourd’hui est toute autre. Malgré un déclin constant depuis quelques années dans les ventes de CDs et l’attrait soutenu pour les services de musique en continu, l’industrie de la musique a connu un regain de popularité pour ses produits physiques grâce au vinyle, qui a maintenu une progression fulgurante de ses ventes au cours des dernières années.
Comme en témoignent les chiffres du dernier rapport de la RIAA (Recording Industry Association of America) publié en septembre, qui inclut les dernières données de vente pour le premier semestre de l’année, les ventes des disques vinyle devraient surpasser celle du CD pour la première fois depuis 1986. Selon le rapport, les vinyles ont généré pas moins de 224,1 millions de revenus aux États-Unis dans le premier trimestre, contre 279,1 millions de revenus pour les CDs, une jolie hausse de 13 %. Alors que le marché du CD est stable, voire en très légère baisse, ce sont les CDs qui, pour l’instant, détiennent toujours la pole. Mais pour combien de temps encore? Selon la RIAA, le vinyle, qui a visiblement le vent dans les voiles depuis quelques années, devrait surpasser les ventes du CD lors du prochain rapport qui devrait paraître au début de 2020.
Mais ce n’est pas d’hier que la résurgence du vinyle fait parler d’elle dans l’industrie musicale. D’ailleurs, les ventes de vinyles rapportent présentement plus dans certains marchés que le numérique et les services de musique en continu. Ce sursaut a même poussé la société SONY à ouvrir de nouvelles usines de pressage au Japon et au Canada. Alors la grande question : pourquoi cet engouement constant? Pour certains, ce serait le côté « vintage » de l’objet, auquel le consommateur attache une valeur émotive. Pour d’autres, c’est la qualité du son plus authentique, vous diront certains audiophiles. La nostalgie est aussi un facteur à considérer. Les ventes des grands classiques du rock y sont aussi pour beaucoup. Grâce aux nombreuses rééditions de leurs titres à succès, les Beatles ont vendu cette année 300 000 albums vinyles, tandis que les poids lourds du genre tels que Pink Floyd, Led Zeppelin, David Bowie, Ozzy Ozbourne, ou Jimi Hendrix dépassent chacun la barre des 100 000 exemplaires vendus. De plus, les nombreuses biographies portées à l’écran d’artistes de renommé mondiale, tels que Queen, Elton John, et plus récemment le film The Dirt, portant sur la vie du groupe de métal légendaire Mötley Crüe, ont joué un grand rôle sur le succès des vinyles.
La situation est toutefois totalement différente au Québec. Malgré l’intérêt grandissant pour le vinyle, il semble y avoir un manque de volonté de certaines compagnies et/ou de certains artistes à vouloir emboîter le pas. Malgré l’énorme succès des rééditions de l’Heptade d’Harmonium, de l’album 200 Nuits à L’heure du duo Fiori/Séguin et des premiers albums de Daniel Bélanger, les grands noms de la musique québécoise tardent à rééditer leur matériel en vinyle. Ce sont plutôt les artistes émergents qui offrent leur produit en vinyle, y voyant une occasion de satisfaire la grande demande des consommateurs, créant du même coup, un objet promotionnel de haut niveau.
Reste à savoir si cette tendance saura durer. Malgré la grande popularité des services de musique en continu (qui obtiennent encore la plus grosse part du marché avec 62 % des revenus de l’industrie), l’intérêt pour le produit physique et bel et bien présent. D’ailleurs, les ventes d’albums (CDs et vinyles) ont dépassé celles des téléchargements pour la première fois depuis 2011, avec des ventes totalisant 200 millions de dollars de plus en revenu. Avec un prix moyen de 28.40 $ par album neuf en 2019 (comparativement à 4.70 $ en 2007!), parions que les consommateurs seront encore plus sélectifs dans leurs choix de musique en vinyle.