Rendu en haut tu r’viendras pas
SAINT-ADRIEN | MAI 2014
Le 7 mars 2014, la Meunerie de Saint-Adrien est noire de monde. Si autant de personnes se pressent les unes contre les autres en espérant une vue sur la scène, c’est que Cowboy mo y fera son apparition d’un instant à l’autre.
Même si Rendu en haut tu r’viendras pas constitue le premier album de Cowboy mo, ce dernier ne sort pas de nulle part. Michel Ouellet, de son vrai nom, c’est aussi l’artisan tambourier derrière Moperc, marque qui fournit en congas et en tambours de toutes sortes des percussionnistes professionnels de partout sur la planète. Un monument dans le milieu.
« Je baigne dans la musique depuis mon adolescence, explique-t-il. Quand je suis arrivé à la campagne, il y a 26 ans, j’ai formé un groupe, puis un deuxième et un troisième, dans lesquels j’agissais comme percussionniste, dans des contextes africains et latins. » Cela lui plaît, puisque ces styles sont intimement liés à son métier. Dans des formations telles que Habana Café, la salsa règne. Ce créneau lui colle à la peau des années durant, jusqu’à ce qu’il décide de composer des chansons.
« Ce faisant, je me suis rendu compte que ça répondait à une aspiration que j’avais depuis longtemps : être à l’avant-scène et pouvoir raconter mes histoires, vivre un contact plus direct avec les gens. S’entretenir avec le public constitue une grande part du spectacle. J’ai naturellement cette aptitude, mais il s’agit également d’un art que je veux apprendre à développer d’une manière plus professionnelle », de dire Michel Ouellet.
En mode rural
La première fois qu’il compose une chanson, c’est pour l’anniversaire de sa petite-fille. Il y aborde des thèmes comme la nature, les animaux et les rêves d’enfant. Le résultat le surprend : une pièce country. Cet univers ne lui est pas tout à fait étranger. « J’ai baigné là-dedans dans ma jeunesse. C’était l’époque de Willie Lamothe et de Marcel Martel. Je fréquentais régulièrement la campagne près de chez nous, en Mauricie. Nous avions un cheval en pension chez un ami de mon père, où du country western jouait sans cesse. À cette époque, ça ne me faisait ni chaud ni froid, mais ça m’est entré dans la tête », raconte-t-il.
Les chansons s’enchaînent, sa région devient un thème de prédilection et la musique country lui apparaît comme le véhicule par excellence pour porter ses textes. « L’inspiration et l’écriture m’ont pris d’assaut! C’est plus fort que moi, admet-il. J’ai écrit une quarantaine de chansons et, en général, ça tourne beaucoup autour de mon monde, des Appalaches et des petits villages des environs. » S’il pense qu’il est normal, dans le cheminement d’un auteur-compositeur, de commencer par parler de sa réalité immédiate, il n’oublie pas que plusieurs en ont fait toute une carrière. Selon lui, plus ta vie s’avère active et trépidante, plus la source devient inépuisable.
Une des grandes forces de l’écriture du cowboy demeure de proposer des récits à saveur humoristique dans lesquels le public se reconnaît. Normal, donc, que l’attraction agisse. « Tout se trouve dans l’art de raconter, observe-t-il. De cette façon, je peux dépeindre des paysages et les relations que j’entretiens avec les gens, de manière parfois cocasse, parfois émouvante. »
Ses fiers-à-bras
Sur scène comme sur son album, Michel travaille avec une poignée de musiciens qu’il a nommés « ses fiers-à-bras ». Pour sûr, ceux-ci constituent des poids lourds dans le domaine. « Ça faisait deux ans que j’écrivais des textes et composais mes musiques seul, dans mon coin. Je commençais à avoir besoin de m’entourer. Je suis allé présenter mes chansons à des bons musiciens que je connais pour valider mon travail, et la réaction a été positive. »
Il commence par deux amis proches, avec qui il a déjà partagé la scène : Cédric Allard, un bassiste talentueux, et Pium Nadeau, un guitariste hors pair de sa région. S’ajoutent rapidement un batteur et un joueur de pedal steel, tous deux de Sherbrooke, David Larouche et Alex Cattaneo. Puis, pour compléter la formation, il fait appel au violoniste Mihai Muntean, de Drummondville. « Une belle bande de cowboys finalement, avec qui je partage ma passion à 100 miles à l’heure. »
Bûcheron d’antan
Les preuves de son attachement à son village sont nombreuses sur ce premier album. « Y faut qu’ça bûche », devenue la chanson thème du Festival du bûcheron d’antan de Saint-Adrien, en constitue assurément l’exemple le plus éloquent.
« Depuis six ans, ce festival valorise le métier de bûcheron d’autrefois. Mon ami Alain Bourgeois, un visionnaire et un grand développeur, a eu cette idée. Dès le début, il m’a demandé de l’aider avec l’animation et la musique, car les soirs, on présente des groupes musicaux à saveur traditionnelle. La première année, on a monté avec les moyens du bord des installations un peu précaires mais, du moins, efficaces. Les gens ont répondu en grand nombre; dès la première année, ce fut un succès, petit, mais certain. »
L’événement grandit au fil des ans, et, pour souligner la cinquième édition, en 2013, Cowboy mo propose au comité organisateur de composer une chanson thème. Celle-ci colle si bien qu’il l’inclut à son spectacle et en profite chaque fois pour faire la promotion du festival.
Cowboy sympathique
Avec Rendu en haut tu r’viendras pas et encore assez de matériel pour enregistrer au moins deux autres albums, Michel Ouellet souhaite diffuser sa musique un peu partout dans la région et bien au-delà. « Le but de réaliser un disque est aussi d’avoir une carte de visite pour jouer dans les festivals. L’idéal serait qu’une agence de tournée s’intéresse à mon projet au point de m’inclure à son catalogue d’artistes. Quand ton produit s’avère assez attirant pour qu’un agent s’y intéresse, le côté démarchage est réglé. Il ne reste plus qu’à performer », note-t-il.
Après toutes ces années dans le milieu, disons que Michel Ouellet connaît la chanson. Et l’avenir semble prometteur pour le cowboy en lui, comme en fait foi la foule présente au lancement de Saint-Adrien comme à celui de Sherbrooke, le 1er mars. « Je suis content de voir comment les gens écoutent et réagissent à mes textes. Quand je sens qu’ils attendent le prochain couplet pour connaître la suite de l’histoire, ça me comble de bonheur et confirme que je suis à ma place. Aussi, je me suis entouré d’excellents musiciens qui ponctuent ma musique de solos dynamiques et épatants », conclut-il.
En attendant de voir Cowboy mo & ses fiers-à-bras sur une scène près de chez nous, l’album est en vente chez Gérald Musique, à Victoriaville, ou en communiquant directement avec l’artiste sur sa page Facebook Michel Cowboymo. Ceux qui oseront acheter son disque constateront rapidement que, avec lui, le country n’a jamais été aussi sympathique!