Réaliser son rêve, d’une couverture à l’autre
DRUMMONDVILLE | AVRIL 2015
Il y a de ces auteurs dont la plume ne s’essouffle jamais. Rosette Laberge est de cette trempe; à peine sortie de l’écriture de la saga Un voisinage comme les autres, elle s’apprête à nous en offrir encore plus.
Rosette Laberge a l’habitude de se lancer dans des projets d’envergure. Les six tomes de Souvenirs de la banlieue, qui se sont écoulés à plus de 100 000 exemplaires, en témoignent. Cette capacité tient, selon elle, d’un bagage acquis au fil des expériences professionnelles, notamment dans le domaine de la gestion.
« L’écriture, comme le reste, nécessite des compétences particulières pour réussir. Ce sont les mêmes que pour être un excellent architecte ou un bon médecin : le travail, la rigueur, la discipline, la structure et la créativité. Il faut toutes les posséder, sinon c’est plus difficile », témoigne-t-elle. La cohérence du récit en dépend, surtout lorsqu’il s’agit d’histoires qui s’étalent sur plusieurs milliers de pages. « Par respect pour les personnages que nous créons, et surtout par respect pour le lecteur, il faut penser à tout pour que les gens soient captivés par l’histoire. »
À l’origine
La passion de Rosette Laberge pour les mots remonte à la petite enfance. « Dès que j’ai appris à parler, je racontais des histoires. J’ai écrit de la poésie très tôt. J’adorais tous les cours de rédaction », admet-elle. À 17 ans, après une lecture obligatoire du roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon, elle se promet d’en inventer un jour la suite, puisque le dénouement ne lui plaît pas. La vie la menant ici et là, entre autres vers l’entrepreneuriat dans le domaine des communications, elle garde toujours en tête l’idée qu’un jour, elle écrira.
En 2000, elle rédige un premier roman destiné à la jeunesse : Ça restera pas là! Le livre est encensé par la critique et elle remporte le Prix du roman jeunesse du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean. « Ça m’a encouragée et, ce jour-là, je me suis donné 10 ans pour me faire un nom dans le métier », raconte-t-elle.
Elle quitte son entreprise, se dirige en administration, puis écrit deux suites à son premier opus. Elle produit ensuite deux recueils de nouvelles érotiques.
En 2007 naît une relation féconde avec Les Éditeurs réunis, alors qu’on lui propose d’écrire une saga consacrée à Madeleine de Verchères. « De fil en aiguille, on se retrouve en 2010, une décennie après mon premier livre. Les choses se déroulaient bien, alors j’ai démissionné du poste de directrice générale que j’occupais. J’ai sauté à pieds joints dans l’écriture en me disant que c’était maintenant ou jamais. »
Pour tous
Si la plupart de ses ouvrages s’adressent aux femmes de 40 ans et plus, Rosette Laberge ne craint pas d’aller à la rencontre des autres. En débutant par la littérature jeunesse, elle répondait à un souhait formulé par des neveux et nièces. La littérature érotique, dans laquelle elle se plonge ensuite, représente un défi pour elle.
Malgré l’engouement pour ses sagas, elle ne se restreint pas à ce seul créneau, ce qui l’amène aujourd’hui à publier chez deux éditeurs différents. « Ça peut sembler difficile à comprendre qu’une auteure écrive autre chose, mais pour moi, ça va de soi. Si j’étais une artiste peintre qui produisait une collection dans les tons d’orange et d’ocre, il n’y aurait rien pour m’obliger à créer avec les deux mêmes couleurs pour le reste de mes jours », plaide-t-elle. Explorer d’autres espaces, thèmes et sujets, voilà ce qui la stimule. Cette curiosité lui permet également de toucher un plus grand bassin de lecteurs.
En chantier
La nouvelle vie de Mado Côté, retraitée, sort ce mois-ci et fera certainement le bonheur des lectrices qui dévorent habituellement chacune de ses lignes. Suivra un ouvrage qui risque d’en surprendre plus d’un : Je veux divorcer de mon fils. « Il s’agit du cri du cœur d’une mère qui n’en peut plus d’avoir son beau grand jeune homme dans la vingtaine chez elle, car il s’incruste et prend tout ce qu’elle a », confie-t-elle. Rosette Laberge croit que le recueil de courtes histoires pourra en choquer certains, mais elle voit dans ce sujet le lot de plusieurs femmes d’aujourd’hui. « Ça pose la question : pourquoi les jeunes collent-ils chez nous, alors que nous avons oublié de nous demander pourquoi nous, nous ne l’avons pas fait? Ça peut sembler dur pour certains, mais c’est très réel », dit-elle avec conviction. Le livre, lancé au mois de mai, risque fort de faire parler de lui.
Elle annonce aussi s’attaquer présentement à une nouvelle saga qui nous conduira au début du XXe siècle. « Elle s’inscrit dans la continuité de Souvenirs de la banlieue. Je vais couvrir la période de 1915 à 1933, à la demande de mes lecteurs, que j’ai sondés. Ça s’intitulera Souvenirs d’autrefois. » Nous y découvrirons l’histoire des parents de Michel, un personnage bien connu par les lecteurs de Laberge. L’année sera donc chargée pour elle, et les lecteurs en seront les grands gagnants.