Pour s’évader dans un autre monde
SAINTE-HYACINTHE | OCTOBRE 2020
L’écrivain et coiffeur-styliste Maxim Poulin a toujours eu un intérêt marqué pour le surnaturel et le paranormal. Enfant, il visionnait la série télévisée Hantise sans même ressentir le moindre frisson de peur. Adolescent, il arborait le style « emo », était fasciné par l’univers de Tim Burton, lisait beaucoup de romans fantastiques et occupait même ses temps libres par des recherches sur les dons paranormaux, les esprits et les démons. Aucune surprise, alors, à ce que cette esthétique se retrouve aujourd’hui au cœur des romans qu’il écrit. Mais qu’est-ce qui l’attire tant dans ces univers parallèles et ces phénomènes qui ont le pouvoir de bouleverser l’ordre des choses ? Tout bonnement l’envie de s’évader d’un quotidien parfois trop oppressif.
« Cette passion pour l’écriture m’est venue au secondaire, lorsque je me faisais intimider à cause de mon style vestimentaire. J’habite un petit village, et lorsqu’on est différent, on se fait pointer du doigt et même envoyer des insultes. Un jour, j’en ai eu assez et j’ai commencé à me réfugier à la bibliothèque, là où c’était tranquille et où personne ne m’envoyait promener. Je me suis mis à lire encore plus, et à force de m’évader dans des univers comme ceux d’Harry Potter, je me suis dit : pourquoi ne pas écrire ma propre histoire ? » S’il admet que ses premières tentatives d’écriture étaient trop violentes parce qu’elles satisfaisaient d’abord son besoin de se défouler, il a depuis appris à développer des intrigues riches où le suspense se construit au fil des pages.
Son parcours d’écrivain a aussi été influencé par la création de sa chaîne YouTube MaxBooking, en 2015, alors qu’il n’avait que dix-neuf ans. « J’ai créé ma chaîne YouTube à cause d’une amie que j’ai connue sur cette plateforme. Elle parlait de livres sur YouTube et elle m’a lancé le défi d’embarquer dans cette aventure. Après avoir publié quelques vidéos, j’ai pensé tout supprimer, parce que je recevais des messages haineux me traitant de tapette parce que j’aimais lire. C’était des gens que je connaissais, qui vivaient dans mon village. Mais en fin de compte, je me suis dit : non, Max, tu aimes ce que tu fais. Si tu supprimes tout, tes intimidateurs vont avoir gagné. Finalement, j’ai continué, et la popularité de ma chaîne a monté en flèche (elle compte aujourd’hui plus de 2 000 abonnés [e] s). C’est aussi grâce à YouTube que j’ai pu connaître mon éditrice et recevoir mon premier contrat de publication. Si j’avais arrêté, peut-être que je n’aurais jamais eu cette chance. »
En effet, à force de discuter virtuellement avec Sophie Vaillancourt, celle-ci en est venue à lui demander de lire son manuscrit. Il ne savait pas à ce moment-là qu’elle possédait sa propre maison d’édition, Luzerne Rousse. Quelques mois ont passé, puis le hasard a fait qu’ils se sont croisés au Salon du livre de Québec. Vaillancourt lui a offert de l’accompagner, elle et ses amis, à un festival de littérature en Caroline du Sud. Le jour du départ, il s’est rendu chez sa future éditrice, et c’est alors qu’elle lui a présenté son premier contrat de publication, une offre que Maxim n’a pas pu refuser.
Son œuvre compte aujourd’hui quatre titres, soit les trois premiers tomes de sa populaire série L’Entre-Monde (2019, 2020), mais aussi un roman-feuilleton co-écrit avec son conjoint Frédéric St-Jean. Tous ses livres appartiennent à la YA (Young Adult), un genre qu’il affectionne particulièrement, aussi bien en tant que lecteur qu’écrivain. « Ce que j’aime, c’est le côté fantastique qu’il y a dans la plupart de ces livres (sauf les romances). Ça peut être de la dystopie, du paranormal, de la science-fiction… Il y a aussi le côté “quête identitaire” que j’aime beaucoup dans ce genre de littérature. Ça me rappelle toujours mon adolescence. »
Il explore effectivement ces deux aspects dans son écriture : L’Entre-Monde met en scène une fille tourmentée par un esprit, alors que La couleur de l’obscurité (2020) s’intéresse au meurtre homophobe d’un jeune adolescent, une thématique qui lui tient à cœur. « Parler d’homosexualité n’a pas été une question, pour nous. Nous voulions parler de l’homophobie qu’il y a encore aujourd’hui autour de nous, même si nous disons qu’il n’y en a plus. Il y a des histoires d’horreur dans d’autres pays à cause des homophobes. Il doit y avoir quelqu’un pour dénoncer cela, et je n’ai pas peur de parler de sujets tabous. »
L’écriture à quatre mains que nécessitait ce projet a représenté un défi pour le jeune écrivain, lui qui a l’habitude de créer ses histoires lui-même et de tout décider. Il dit d’ailleurs avoir des habitudes d’écriture très précises, nécessaires afin de créer l’ambiance qui stimulera son imagination. « J’écris toujours la nuit, car c’est le moment où je suis seul et tranquille. La plupart du temps, je vais faire une balade en voiture tout juste avant d’embarquer dans une séance d’écriture qui dure en moyenne 4-5 heures. J’écoute de la musique, principalement la playlist que j’ai créée pour mon roman. Ensuite, je n’oublie jamais d’aller m’acheter un très grand double-double du Tim Horton et un paquet de cigarettes au dépanneur, puis je me mets à l’attaque. On dirait que je tombe en transe quand ma séance d’écriture débute. J’écris principalement dans le noir ; il n’y a plus rien autour de moi, et je plonge dans mon monde. »
À la veille de la parution du troisième tome de L’Entre-Monde, il planche déjà sur l’écriture du quatrième et dernier titre de la série. « J’ai également un autre projet mystère qui est terminé, et j’espère qu’il verra le jour. Il s’agit d’un tome unique, encore une fois sur le paranormal, mais inspiré de faits réels. »
Pour en savoir plus sur Maxim Poulin, rendez-vous sur ses pages Facebook et Instagram, ou suivez ses aventures sur sa chaîne YouTube.