Nouvelle figure dans le paysage rock québécois et gagnant du prestigieux Festival international de la chanson de Granby en 2017, Pierre Guitard nous présente son premier album Tuer la Bête Jusqu’à Dimanche. Après la parution d’un mini-album en 2016, c’est avec l’assurance d’un vétéran qu’il nous propose un album aux inspirations folk, en passant par le rock indie si populaire tant au Québec que du côté du Canada anglais.

Avec des mélodies très accrocheuses et une plume extrêmement vivante, Pierre Guitard se révèle à travers ses chansons. Ayant pour thème principal les relations amoureuses, avec ses hauts et ses bas, c’est avec des textes simples et touchants qu’il parvient à laisser sa marque. Embrasse-Moi, le premier extrait, donne le ton en donnant le conseil suivant à l’être cher : « Ne me laisse pas approcher de ton cœur, car je le briserai ». Vient ensuite Fleur Fanée, un autre texte de qualité sur une musique dynamique. Parfois, c’est la musique qui est dominante alors que d’autres, c’est le texte. Dans La Flamme, chanson parlant d’amour, bien sûr, Guitard nous propose un autre texte haut en couleur : « Et tu rallumes mes feux de joie avec ton cœur gazoline et tes pulsions pyromanes ». Vraiment bien choisi comme texte. La pièce de résistance est sans contredit Singapour. En duo avec Vivianne Roy, cette chanson reste dans la tête dès la première écoute. Sur un texte où l’anglais et le français se côtoient à merveille, les paroles touchent encore une fois l’imaginaire. L’album se termine avec Mis à Nu, une ballade avec une phrase coup de poing : « Même si j’ai fait l’amour, je ne me suis jamais mis à nu ».

Ce qui fait aussi la force de ce disque est inévitablement l’apport de l’équipe entourant la réalisation de celui-ci. La présence de Jesse MacCormack à la réalisation et à l’enregistrement des voix y est pour beaucoup. Celui qui a aussi réalisé le dernier album de Caravane, Supernova, semble avoir la touche pour assurer une cohésion et une unité aux albums sur lesquels il collabore. Il ne faut pas passer sous silence le travail remarquable de Guillaume Chartrain au mixage, à la coréalisation et à la prise de son (plus récemment, il a travaillé aussi avec Daran et le groupe Chocolat).

Avec ce premier disque, Pierre Guitard frappe fort. Combinant émotion, fragilité et vulnérabilité sur des musiques rock garage, il nous fait découvrir qu’il est un as des mots et de la mélodie. À croire que les juges de Granby ne se sont pas trompés.