Petites révolutions
SHERBROOKE | DÉCEMBRE 2020
La formation Excavation & Poésie utilise la musique et l’espace artistique s’y rattachant afin de créer un dialogue sur des sujets qui lui tiennent à cœur. Se décrivant avant tout comme un groupe engagé, puis festif, c’est à travers le folk littéraire et la poésie que les membres font passer leur message.
La formation est née en 2018 de la rencontre entre Charles Lapierre (voix, guitare, percussions, slameur, poète) et Olivier Dussault (contrebasse, voix).
« Olivier et moi, nous nous sommes rencontrés au doctorat en psychologie à l’Université de Sherbrooke. Je venais d’arriver dans cette ville et je voulais démarrer un projet musical. Oli est venu écouter mes compositions et nous avons décidé de créer un groupe », résume Charles.
Un an plus tard, Rafael Poggetti (batterie, voix) et Laetitia Francoz-Levesque (violon, voix) se joignaient au projet. « C’est là qu’il a vraiment pris forme et que nous sommes devenus un groupe. Nous avions un peu tous la même vision, soit d’être un band à part entière et mettre l’expertise de chacun au service du collectif. »
Le nom Excavation & Poésie vient de la proposition d’un ami lors d’une discussion sur les mini-maisons. « Nous voulions que notre nom évoque les mots et qu’il soit lyrique. L’aspect poésie est très important pour nous. Pour ma part, je viens d’une région minière, alors ça venait aussi me chercher de ce côté. Par la suite, les gens ont fait des liens avec le projet et c’est devenu représentatif de ce que nous faisons et de ce que nous sommes », raconte Charles.
Un premier album… et un recueil
Excavation & Poésie a lancé en octobre dernier son premier EP, Émissaires. Cet album de six chansons aborde des thématiques engagées telles que l’aide à mourir, la surmédicamentation, l’excès humain, l’environnement et la vulnérabilité masculine. « Nous n’avons pas peur d’ouvrir la discussion sur ces sujets et bien d’autres. Ce sont des thèmes qui nous tiennent à cœur et nous croyons qu’ils doivent être abordés même s’ils ne le sont pas souvent, surtout du point de vue artistique. Nous souhaitons offrir l’espace pour le faire », soutient Charles.
Ce dernier souligne qu’Émissaires est un véritable travail d’équipe. « Les chansons ont été montées par Oli et moi, mais quand Raf et Laetitia sont arrivés, ils ont ajouté leur touche. Nous avons tous travaillé sur cet album et y avons tous mis une part de nous. »
Un recueil de poésie, auquel tous les membres y ont également contribué, a été lancé en même temps que l’EP. « C’était quelque chose de vraiment plaisant à créer et nous sommes d’autant plus heureux d’avoir réussi à le faire publier par une maison d’édition. Jamais nous n’aurions pensé être en mesure de le distribuer partout au Québec. C’est une belle reconnaissance », indique Charles.
Un baume sur le cœur
Le lancement de l’album s’est fait en plusieurs étapes, d’abord de façon numérique, et ensuite en personne lors de spectacles qui ont mené le quatuor en Abitibi-Témiscamingue, en Estrie et dans le Bas-du-Fleuve. Une date était aussi prévue à Montréal dans le cadre du festival Coup de cœur francophone, un spectacle qui est par la suite devenu virtuel, mais la prestation a dû être annulée puisque Charles a été déclaré positif à la COVID-19.
« D’une certaine façon, c’était une belle période parce qu’on a vu que les gens étaient tellement contents d’assister à un spectacle, de bouger et de voir d’autres personnes. Écouter de la musique en live, c’est un baume sur le cœur pour eux, mais ça l’est aussi pour nous d’en jouer. Ça fait du bien de quitter la solitude de la maison et d’aller à la rencontre des gens pour leur présenter notre projet », confie Charles.
Dans les prochains mois, la formation prévoit travailler sur l’enregistrement d’un nouvel album. Elle aimerait aussi agrandir son équipe afin de se concentrer sur les aspects musical et créatif du projet. Pour les quatre excavateurs-poètes, la vision d’avenir n’est pas nécessairement liée à la popularité.
« Notre objectif est d’abord et avant tout de mettre de l’avant des sujets que nous jugeons importants. Nous n’avons pas comme but devenir populaires, mais si ça arrive, ce sera un moyen de passer notre message. Pour l’instant, à chaque spectacle, nous voyons de petites révolutions et c’est ce qui nous plait. »
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