Nostalgie et cassettes
L’ASSOMPTION | DÉCEMBRE 2021
Pour son projet « Pop Trash Art » sous le pseudonyme Istaymute, l’artiste en arts visuels Sébastien Larochelle est allé puiser dans ses souvenirs de jeunesse et dans la nostalgie des années 80-90. Les cahiers de notes sur lesquels il gribouillait, les artistes du monde musical, les films cultes, les cassettes et les vinyles sont source d’inspiration pour l’artiste.
Né à Hull en 1974, il a grandi en Abitibi-Témiscamingue où il a étudié les arts plastiques au secondaire et au cégep. Il s’est par la suite déplacé à Montréal pour son baccalauréat en arts visuels. C’est alors qu’il était disquaire qu’une galerie l’a approché afin qu’il y expose ses œuvres. C’est d’ailleurs par l’entremise d’un client du commerce que ce contact a pu avoir lieu.
« Je n’avais pas encore fini mon bac. Ça s’est fait rapidement pour moi d’entrer dans ce monde. Je n’aurais pas eu le tempérament pour courir les galeries afin de me présenter. J’étais trop réservé et pas assez sûr de moi, donc ce fut une chance incroyable. »
Sébastien Larochelle est représenté par la Galerie d’art Beauchamp de Montréal, Québec, Baie-Saint-Paul et Toronto. Depuis un an, il fait aussi affaire avec la galerie Alpha Art d’Ottawa.
C’est dans la thématique des chevaux et de la gestualité que l’artiste a amorcé sa carrière. Cela lui a notamment permis de peindre pour Cavalia pendant plusieurs années. Pour lui, « le cheval est un sujet inépuisable, tant dans sa forme que dans sa symbolique ». « Dans cet être, la beauté et la force s’entremêlent. Cela fait de cette bête un sujet difficile à représenter à quiconque voudrait exprimer ces deux caractéristiques riches en sens. »
Istaymute
Il y a trois ans, l’artiste a senti le besoin de retourner à ses premières amours, soit le portrait. « Je le faisais pour moi. Je ne voulais pas arrêter mon autre production, donc c’est pourquoi j’ai décidé d’y apposer un autre nom, Istaymute, pour différencier les deux styles. J’avais déjà utilisé ce pseudo il y a plus de 15 ans lorsque je faisais du portrait. »
Ce nom est inspiré par la compagnie de disque « Mute Records », qui a représenté Depeche Mode, un groupe phare des années 80-90 dont l’artiste est fan. Il en possède même un tatouage. « La musique influence beaucoup ce que je fais. J’ai aussi pensé à la signification de ‘’I stay mute’’, c’est-à-dire que ce n’est pas moi qui parle, mais plutôt mon art. »
Le projet s’est tranquillement développé afin de devenir unique. L’artiste voulait sa propre signature contrastant avec l’image parfaite et idéale du Pop Art. « Dans ce monde, il y en a tellement qui font du portrait. Je me suis posé la question : comment le rendre à ma sauce? Quand je fais quelque chose, ça me prend une raison. Le portrait seul, ce n’était pas assez. J’ai repensé à ce que je faisais adolescent lorsque je dessinais dans mes cahiers Canada à l’école. J’ai décidé d’aller dans ce créneau et la compagnie Hilroy a rapidement suivi en me donnant le droit d’utiliser son logo. Nous avons même collaboré pour que je crée la couverture d’une édition spéciale d’un cahier. »
Il y a notamment intégré des éléments de la culture de sa jeunesse, touchant au passage autant les enfants que leurs parents. Quel message voulait-il transmettre? « Que dessiner, c’est essentiel, et cela peut aussi être une thérapie. Ça ne veut pas dire que tous seront des artistes, il y a plusieurs niveaux et c’est correct comme cela, mais c’est important de créer dans la vie. »
Les années 80-90
Dans ses œuvres, Sébastien Larochelle s’inspire de plusieurs des icônes musicales et culturelles des années 80-90. « Je n’irais pas faire des sujets qui ne me touchent pas ou sur lesquels je n’ai rien à dire. Je retourne souvent dans la nostalgie de mon adolescence. »
Après avoir exploré les possibilités, l’artiste a découvert un certain contrôle en combinant le crayon à colorier à la peinture en aérosol. Il « dépeint ces images plutôt comme si elles avaient traversé une plus ou moins longue période de temps , abandonné à l’avarie, l’oxydation, la détermination et même aux graffitis sauvages ». « L’usure et la transformation causées par le passage du temps sont des thèmes qui m’ont toujours fasciné », explique-t-il.
Même s’il souhaite que son travail sorte des frontières canadiennes, Sébastien Larochelle ne veut pas sauter les étapes. Enfin, sa nouvelle série l’enchante particulièrement. En dessous du portrait se trouve une autre œuvre à laquelle seul le collectionneur a accès grâce à une photographie. Il y retrouve de petits dessins ainsi que des phrases de type leitmotiv.
« Quand les gens achètent une œuvre d’art, ils n’ont que le résultat final, mais pas le parcours de l’artiste pour se rendre là. C’est donc à cela que je veux rendre hommage, au processus créatif derrière une œuvre. »