Des monstres plein la tête

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Photo : Martin Savoie
13 décembre 2017

Des monstres plein la tête

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Photo : Martin Savoie
13 décembre 2017

FÉLIX LAFLAMME

Des monstres plein la tête

Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : Martin Savoie
Concept : L'ARTIS
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DRUMMONDVILLE | AOÛT 2014

Derrière chaque grand zombie se cache un grand artiste, se dit-on en discutant avec Félix LaFlamme. Le jeune illustrateur drummondvillois se spécialise dans les squelettes et autres monstres sur lesquels il peut faire dégouliner un peu de glu verte. Ça fait partie de sa signature unique, qui l’a fait connaître partout sur la planète.

Né en 1980, Félix ne cache pas s’inspirer directement de tout ce qui vient de cette décennie. Les Teenage Mutant Ninja Turtles, les pochettes d’album d’Iron Maiden, les Garbage Pail Kids, les illustrations de Jim Phillips pour Santa Cruz Skateboards et les jouets comme les Madballs constituent autant de sources auxquelles il puise pour ses créations.

Et qui sont ses clients? « Des groupes de musique connus et des compagnies de vêtements. Je travaille actuellement à la conception de masques d’Halloween pour une compagnie américaine. Les projets pour lesquels je suis sollicité sortent toujours de l’ordinaire », dit-il.

S’il a bossé pour les Guns N’ Roses, The Ramones et Michael Jackson de ce monde, c’est qu’il a su, de son petit bureau de Drummondville, avoir confiance en ses capacités et foncer dans un domaine contingenté, sans plus de formation que son amour pour la pratique du dessin.

Heavy métal

Félix partage très tôt la passion pour les arts visuels de son père, illustrateur et graphiste concepteur. Mais son côté plus déjanté lui vient d’ailleurs. « Mon frère aîné est un fanatique de bande dessinée. Quand j’ai découvert sa collection, j’ai été captivé par cet univers fantastique où évoluent les superhéros », témoigne-t-il. À 10 ans, il dessine ses premières bédés.

Son premier projet professionnel arrive avec la musique heavy métal. « Ça vient encore de mon frère, qui travaillait pour une revue en Ontario, BW& BK. Il a réussi à m’y faire participer pour des caricatures de groupes de musique. » Il diffuse aussi ses œuvres sur Myspace, une plateforme de choix pour les musiciens, et se fait connaître par les acteurs du milieu. Les commandes de caricatures destinées à apparaître sur des autocollants et sur des t-shirts ne se font pas attendre. Puis arrivent des mandats de plus en plus complexes.

Zombies célèbres

Au Québec, Félix LaFlamme met ses talents au service de Mononc’ Serge, d’Anonymus, du Heavy MTL et du Rockfest, pour ne nommer que ceux-là. À l’échelle internationale, sa liste de clients est longue. Lorsqu’on lui demande de nous parler d’une de ses réalisations marquantes, il ne peut passer sous silence les visuels qu’il a réalisés pour Michael Jackson.

« J’ai reçu un courriel de Bravado, une compagnie new-yorkaise qui produit beaucoup de marchandises pour les artistes qu’elle chapeaute. J’ai été approché pour Bullet For My Valentine, un groupe de métal. » Il réalise des illustrations pour plusieurs de leurs t-shirts; on lui donne ensuite un contrat pour Job For A Cowboy et ainsi de suite, jusqu’à Michael Jackson.

« C’est arrivé assez rapidement, parce que mon style “zombie et compagnie” était approprié. Jackson se trouvait sur le point de faire sa tournée This is it. On m’a demandé un design inspiré de “Thriller” pour un hommage au vidéoclip de cette chanson », raconte-t-il. Il saute donc sur l’occasion et propose une scène classique où Jackson est vêtu de cuir rouge et où des zombies dansent derrière lui. Il dessine aussi une scène de loup-garou tirée de la version allongée de la même vidéo.

« Les deux designs ont été approuvés par Michael Jackson lui-même. Le directeur artistique avec qui j’étais en contact m’a rapporté qu’il avait bien tripé, car j’avais su capter l’essence du clip. » Même si Jackson est décédé quelques semaines plus tard, les gilets ont été produits comme prévu et, vu la situation, toutes les marchandises à l’effigie du roi de la pop se sont ensuite écoulées comme des petits pains chauds.

Tatouage

En 2012, parce que tout son travail se fait en solitaire devant un écran et que l’échange avec les clients se déroule uniquement par courriel, l’illustrateur a soudainement envie de sortir de chez lui. Il s’installe au studio Rouge Total, au centre-ville de Drummondville. Il partage les lieux avec un ami tatoueur pendant quelque temps et développe l’envie d’explorer cet art. Il quitte donc l’adresse pour aller apprendre le métier de tatoueur auprès de mentors.

En fait, son intérêt pour le tatouage ne date pas d’hier. Il avoue y avoir beaucoup songé au début des années 2000. Par contre, le cours des choses l’a plutôt mené vers l’illustration. « Je ne regrette rien, car avec le temps j’ai accumulé beaucoup d’expérience. J’ai grandement amélioré ma technique. Aujourd’hui, je me sens prêt à explorer de nouveaux médiums. »  Comme la vie fait bien les choses, le tatouage réapparait de lui-même dans sa vie et il veut y infuser son style.

Médium traditionnel

Toutes les créations signées LaFlamme sont produites à l’aide d’une tablette graphique. « Tout est virtuel, même le travail du crayon dans Photoshop », explique-t-il. Mais voilà qu’un petit voyage à New York lui permet d’admirer le travail d’artistes qui peignent en direct dans les rues. Depuis, le désir de revenir aux sources et d’utiliser davantage de médiums traditionnels a fait surface.

« Je suis facilement inspiré et j’ai soudainement eu envie de peindre. J’ai fait un test : j’ai réalisé une toile spontanément et je l’ai mise en vente sur ma page Facebook. En moins de 10 minutes, elle était achetée par quelqu’un en Australie. Je risque de répéter l’expérience! », confie-t-il avec enthousiasme. Il faut dire qu’avec plus de 41 000 abonnés à sa page The Art of Félix LaFlamme, l’intérêt pour des œuvres originales s’avère bien palpable. Un petit tour à felixlaflamme.com nous permet de comprendre pourquoi.

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