L’insatiable sensibilité de l’être
QUÉBEC | FÉVRIER 2018
La conscience de l’autre, ce n’est pas donné à tous, mais le réalisateur Matt Charland possède assurément cet atout. C’est d’ailleurs ce qui amène ce natif de Victoriaville à voyager partout dans le monde pour capter les plus remarquables images qui soient.
De la sensibilité, il faut en être doté pour produire des vidéos d’une telle fragilité. Sa curiosité sans bornes constitue aussi son alliée ultime. Loin d’être rebuté par les missions périlleuses, Charland saute à pieds joints dans l’inexploré. Être catapulté dans des univers inconnus sans point de repère, avec des délais restreints, affronter des conditions difficiles, voilà à quoi carbure.
Réalisateur et photographe, il baigne dans le domaine de la publicité depuis une dizaine d’années. Il est le maître d’œuvre de Blind Love, cette publicité de Tourisme Québec acclamée mettant en scène un touriste américain aveugle de naissance en voyage dans notre province adorée. Plus récemment, le réalisateur est passé devant l’écran avec Savoie Mont Blanc pour montrer le regard d’un Québécois sur une région touristique; des images à couper le souffle atteignant plus de 10 millions de vues.
Jongler entre les univers
La possibilité d’être plongé dans des univers distincts à chaque tournage permet à ce touche-à-tout de conserver la flamme : « J’ai toujours été curieux. Je n’ai jamais su ce que je voulais faire, pas parce que rien ne m’intéressait, mais au contraire, parce que tout m’attirait. Je désirais être pompier, cuisinier, architecte, snowboarder, name it! » Être parachuté dans un groupe de musique, suivre un peintre dans son atelier ou passer une semaine avec un pilote d’avion à Dubaï, des missions complètement différentes lui sont proposées chaque fois. « Je peux explorer tous les métiers du monde le temps d’un tournage. »
Des débuts guidés par la passion
Véritable autodidacte animé d’une fougue sans précédent, Matt a fait ses premières armes en réalisant des films de skate et de snow, pour finalement transformer le tout en vidéoclips. Le chemin s’avérait donc tout tracé pour entrer à MusiquePlus. D’abord aide-monteur, il a rapidement touché à tous les postes. Le déclic a eu lieu il y a 10 ans, quand il a réalisé sa première publicité mettant en vedette Alex Kovalev. « C’est là que j’ai ressenti cette adrénaline, que j’ai compris que je pouvais avoir de l’impact sur les gens. J’ai eu envie de reproduire ce feeling-là. Il ne s’agissait plus d’un simple passe-temps. »
Le voyage comme moteur
Même si la majorité de ses projets demeurent filmés au Québec, Matt se trouve souvent à l’autre bout de la planète. « En voyage, s’il pleut, tu tournes quand même. Tu ne comptes pas tes heures, tu peux rester du lever du soleil jusqu’à la nuit pour capter les plus belles images. Tu dois sortir au maximum, car tu n’as pas l’occasion de te reprendre. Ça finit quand tu es assis dans l’avion. »
Pourquoi fait-on appel à son talent aux quatre coins du globe? « J’arrive rapidement à m’adapter à l’environnement et je capte l’essence vraiment vite. »
Une sensibilité qui ne s’invente pas.
Matt Charland en bref
Sa plus belle réalisation jusqu’à maintenant :
Blind Love
Un projet fou qu’il aimerait réaliser :
N’importe quoi avec la NASA!
Un endroit dans le monde où il souhaiterait tourner :
Très loin dans le nord du Canada, jusqu’à la Terre de Baffin.
À l’inverse, un endroit où il ne voudrait pas aller :
Aucun. Tous les lieux m’attirent!
La plus belle partie de son travail dans tout le cycle de production :
Lorsque toutes les planètes s’alignent et que le projet avance.