Les questions-réponses de Benjamin Rodger

gebe
Photo : Patrick Duchesne
18 novembre 2021

Les questions-réponses de Benjamin Rodger

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Photo : Patrick Duchesne
18 novembre 2021

ARTS VISUELS

Les questions-réponses de Benjamin Rodger

Entrevue : Patrick Duchesne
Photo : Patrick Duchesne
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Benjamin Rodger est artiste professionnel depuis une dizaine d’années. Il a surtout peint des compositions auxquelles se mêlaient des visages et des personnages avant de dériver vers l’art abstrait en cherchant un style plus épuré.

Tu te décrirais comme quel genre d’artiste ?

Artiste visuel. Mon médium de prédilection est la peinture, mais j’explore aussi d’autres formes d’art comme le dessin, la sculpture et la sérigraphie.

À quel endroit s’est déroulée ta première exposition et comment ça s’est passée ?

Ma première exposition à l’extérieur d’un contexte scolaire s’est déroulée au café-bistro Le Troquet dans le Vieux-Hull lorsque j’étais en première année d’université. C’était lors d’un événement qui regroupait des artistes visuels, des musiciens, des écrivains et des poètes. L’organisatrice était aussi une étudiante et une serveuse au Troquet qui habitait dans un appartement situé dans la maison d’enfance du peintre Jean Dallaire ! L’événement a été organisé chez-elle et a été pour moi une belle initiation au milieu de l’art et à l’organisation d’événements culturels. Après cette première expérience d’exposition de groupe, le propriétaire du lieu m’a invité à présenter mes œuvres dans le contexte d’une exposition individuelle quelques mois plus tard. C’était très formateur et j’en garde un excellent souvenir même si c’était il y a presque vingt ans !

Quelles ont été les démarches pour en arriver là où tu en es aujourd’hui ?

J’ai fait mon baccalauréat en beaux-arts à l’Université Concordia à Montréal et ma maîtrise en beaux-arts à l’École nationale supérieure d’art de la Villa Arson à Nice, en France. Tout au long de mes études, j’ai exposé dans les cafés, les bars et les lieux alternatifs des villes où je me trouvais. Après mes études, je suis revenu m’établir en Outaouais. Quelques semaines après mon retour, j’ai vu un appel dans le journal pour les Jeux de la francophonie. L’organisation cherchait des artistes pour la 6e édition des Jeux qui se sont déroulés à Beyrouth cette année-là. J’ai envoyé mon dossier et ma candidature a été sélectionnée! Cette expérience m’a donné une crédibilité qui m’a permis de m’intégrer plus facilement dans le milieu des arts. J’ai commencé à exposer dans des lieux professionnels et je me suis trouvé une galerie commerciale. J’ai participé à de nombreux projets, reçu plusieurs subventions, siégé sur de nombreux jurys pour différents conseils des arts, des galeries et des institutions scolaires. Toutes ces expériences ont nécessité d’innombrables heures de travail, un énorme engagement et beaucoup de sacrifices.

Qu’est-ce qui t’a poussé à croire en ton art ?

Je suis chanceux d’avoir des parents ouverts d’esprit qui ont toujours encouragé la créativité. Ce renforcement positif dès mon jeune âge m’a poussé à suivre mes passions. Au fil de mon cheminement, j’ai eu des professeurs, des amis et des collègues qui ont cru en moi et qui m’ont encouragé à m’épanouir dans le milieu des arts.

Quels sont les inconvénients dans ton métier ?

Le métier d’artiste est un métier précaire et au début de ma carrière, je gagnais juste assez d’argent pour survivre. Je m’empêchais d’aller au bar ou au resto, car je ne me pouvais pas me le permettre ! En ce qui a trait aux ventes, elles fluctuent avec les saisons et avec la situation économique d’une région ou d’un pays. La majorité des artistes au Canada doivent se trouver un emploi « alimentaire » en plus de travailler à l’atelier. Toutefois, le métier d’artiste n’est pas monolithique et plusieurs personnes avec des diplômes en arts vont œuvrer dans des domaines créatifs connexes.

Tu résides dans le Vieux-Hull (Gatineau). Comment s’y passe la vie d’un artiste ? 

Dans la région de Gatineau, il y a plusieurs groupes d’artistes qui cohabitent et qui gravitent autour de différentes galeries ou de divers événements. La diversité des points de vue et des projets rend le milieu des arts intéressant et stimulant ! C’est une région très dynamique et depuis les 12 dernières années (j’ai mon atelier dans le Vieux-Hull depuis 12 ans) les projets créatifs se sont multipliés. Une coopérative d’habitation pour artistes et travailleurs culturels vient de voir le jour et le centre-ville est en train de se refaire une beauté avec des œuvres qui jalonnent le tracé du sentier culturel et qui s’accumulent au fil des ans. Toutefois, c’est aussi une région où il n’y a pas assez d’ateliers pour les artistes qui y créent. Je préside actuellement le CA d’une coopérative, Les Ateliers du ruisseau, qui vise à créer une cinquantaine d’ateliers d’artistes dans le Vieux-Hull. D’ailleurs, nous venons d’inaugurer une demi-douzaine d’ateliers en décembre.

Quels sont les avantages de pratiquer dans la région de Gatineau ?

Une des particularités de Gatineau, c’est sa proximité avec Ottawa. Plusieurs personnes qui ne viennent pas de la région l’ignorent. Par exemple, l’épicerie la plus près du Vieux-Hull (qui est un désert alimentaire) se situe à Ottawa, pas à Gatineau ! Cette proximité fait en sorte que les galeries, les musées et les événements culturels de la rive ontarienne sont accessibles et la frontière est très perméable! Le milieu des arts de Gatineau se mélange souvent avec celui d’Ottawa.

Quelles sont les compétences pour réussir dans ton domaine ?

Pour réussir en arts visuels, à mon avis, il faut être prêt à travailler de longues heures sur son art, mais aussi à la rédaction de dossiers pour des galeries, des événements, des subventions, etc. Une grande partie du travail de l’artiste, c’est du travail administratif. Il faut aussi être prêt à faire des sacrifices, car la reconnaissance vient avec le temps. Il faut se tenir à jour en lisant des revues spécialisées et en assistant aux vernissages et aux événements. Il faut aussi investir du temps et de l’énergie dans sa communauté. Il ne faut surtout pas désespérer ! Au fil de ma carrière, j’ai reçu des dizaines de lettres de refus !

Quelle est la meilleure formation qui prépare à cette carrière ?

Je ne crois pas qu’il y ait de formation unique à une carrière en arts. Cela dit, des études supérieures en art ne servent pas seulement à acquérir une formation technique, mais elles servent aussi à se forger un raisonnement critique, à développer la pensée conceptuelle, à comprendre le contexte socio-historico-culturel de la création, à apprendre une méthodologie de recherche et de travail ainsi qu’à se créer un réseau de contacts. Je recommande toujours aux jeunes artistes de se mettre en groupe au début de leur carrière. De plus, la proximité avec des profs, qui sont aussi des artistes professionnels, peut aider les jeunes artistes à intégrer le milieu de l’art.

 

Ne manque pas l’entrevue officielle et la photo exclusive dans ton magazine de décembre…

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