L’Épreuve du feu

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Photo : David Fallu
14 décembre 2020

L’Épreuve du feu

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Photo : David Fallu
14 décembre 2020

YANN NORMAND

L’Épreuve du feu

Rédaction : Étienne Bergeron
Photo : David Fallu
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QUÉBEC | DÉCEMBRE 2020

Dès son plus jeune âge, l’artiste visuel Yann Normand a été exposé au milieu des arts. Fils d’un père designer d’intérieur et d’une mère qui s’adonnait à la peinture et au dessin, il a grandi en étant entouré de crayons, de pastels et de peinture à l’huile, mais aussi d’échantillons de tapis et de céramique.

Il a lui-même fait ses premières armes par le biais du dessin et de la peinture, deux médiums auxquels il a encore recours aujourd’hui lorsqu’il réalise ses sculptures, que ce soit pour effectuer les croquis préalables ou peindre sur canevas, voire simplement pour agrémenter les teintes d’une pièce de métal monochrome. C’est au tournant des années 2000, soit vers l’âge de vingt-cinq ans, que l’appel de matériaux bruts s’est fait ressentir. Il nourrissait déjà un attrait fort, près de la fascination, pour le feu et l’acier, ce matériau qui n’a rien de noble et qui le représente bien. Ne faisant ni une ni deux, il part pour l’Ontario et demande à son oncle de lui apprendre la soudure.

Artiste autodidacte, ce n’est donc que vers 2001 qu’il débute réellement sa carrière, après plusieurs années de tergiversation qui lui auront finalement permis d’accepter et de mener à terme sa vocation artistique et le développement de son esthétique. Pendant cette première décennie, il travaille principalement avec l’acier et la peinture afin de produire des sculptures uniques représentant principalement des chevaux, des coqs, des bisons, mais aussi des crânes. Il s’agit aussi d’une période de grandes collaborations artistiques avec sa conjointe, l’artiste Nancy Ferland. Ils se consacrent tous deux à l’exploration et à la création artistique, en solo comme en duo, leurs œuvres s’inscrivant en dehors des règles formelles et des idées reçues.

Mais en mars 2010, l’impensable survient : Nancy Ferland décède dans un accident de la route. Yann Normand est confronté à l’adversité de la vie. Il doit trouver le courage et la persévérance pour se relever après la chute. Par la force des choses, cet événement inaugure aussi une nouvelle période de création pour l’artiste visuel, qui décide de ne plus se confiner à l’acier, à la peinture ou à quelque convention que ce soit : il laisse tomber les barrières, trouve les matériaux qui correspondent à ses idées et crée librement.

Plus que jamais, son œuvre se caractérise par les forces en conflit et l’adversité – ce dont témoigne d’ailleurs le dialogue entre les idées et les matériaux industriels dans ses œuvres. Ce qu’il évoque dans son travail, c’est la capacité de l’humain à s’élever et à se reconstruire, mais aussi à refuser l’immobilisme. Pour ce faire, il aime travailler avec la symbolique, mais pour en détourner le sens : si on associe par exemple la hache à la violence ou à la virilité, lui les fusionne et nomme son œuvre « Lovers » ; si on associe la civière à la guerre et à la souffrance, lui met de l’avant le fait qu’il s’agit d’un outil de collaboration qui se manipule à deux dans le but de soigner quelqu’un, une œuvre qu’il nomme « We the People » (en référence à la Constitution des États-Unis) ; si on perçoit la grenade comme une arme de destruction, lui la transforme en flacon d’encre où trempe une plume et nomme cette pièce « Diplomacy ». En fait, il préfère laisser une liberté d’interprétation aux spectateur·trices sans imposer un sens fixe à ses sculptures ; ce qu’il aime, c’est brasser les idées.

S’il avait au départ un agent qui représentait son travail, il préfère aujourd’hui travailler seul. Il choisit lui-même les galeries où il expose son travail, des endroits qui sont en accord avec ses idées, ses valeurs et son esthétique. En octobre 2018, il a par exemple présenté son exposition « Feathers + Rust » à la Thompson Landry Gallery de Toronto, en collaboration avec le peintre Yoakim Bélanger et la sculpteure Bénédicte Parmentier.

Puis, après dix-huit ans de travail, il a finalement présenté sa première exposition solo, « ETERNAL LOVE », en novembre 2019, à la Galerie LeRoyer de Montréal. En octobre dernier, il a renouvelé sa collaboration avec cette galerie en y exposant quelques œuvres dans le cadre des événements FOCUS. Il expose aussi de nouveau à la Thompson Landry Gallery ces jours-ci, de même qu’à la Chic Evolution In Art de Milton, une première incursion aux États-Unis pour l’artiste.

Bien que la pandémie de Covid 19 bouleverse bien des choses ces temps-ci, cela n’empêche pas Yann Normand de créer tous les jours dans son atelier ; s’il n’a aucun contrôle sur l’annulation de la foire d’art contemporain de Miami à laquelle il devait prendre part en décembre, il sait au moins qu’il peut continuer de créer en tirant de tous ces événements au mieux quelques bribes d’inspiration.

Pour en savoir plus sur Yann Normand, rendez-vous sur sa page Facebook ou sur son site officiel.

SIGNÉES NORMAND

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