L’envoûtement de la création subversive

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Photos : Denis Gagné
13 août 2018

L’envoûtement de la création subversive

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Photos : Denis Gagné
13 août 2018

JACOB POMERLEAU

L’envoûtement de la création subversive

Rédaction : Étienne Bergeron
Photos : Denis Gagné
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EAST BROUGHTON | AOÛT 2018

Les murs de discours normatifs et de mises en garde, Jacob Pomerleau les abat les uns après les autres. Libre-penseur, il carbure aux expériences créatrices les plus inusitées. Il affirme notamment s’être senti « comme une sorcière dans les bois » lorsqu’il a enregistré son dernier album – qui sortira l’automne prochain –, ce qui illustre à merveille sa vision singulière du monde et son anticonformisme.

Il faut dire qu’il a toujours été passionné de musique, ce qui l’a poussé à s’inscrire en Création et montage sonore au Cégep de Drummondville, tout en composant en parallèle sa propre musique sous le nom Shiva Deva – qu’on trouve aujourd’hui dans sa version tronquée : Shiv Dev. Dans la mythologie hindoue, Shiva – auquel Pomerleau emprunte divers éléments iconographiques comme le troisième œil, le crâne ou le serpent – représente la destruction qui a pour but la création d’un monde nouveau et meilleur. Autrement dit, cette divinité symbolise le potentiel énergétique et créateur qui sommeille en chacun de nous et qui a le pouvoir de nous libérer de l’aliénation.

Ce nom d’artiste n’est donc pas anodin, au sens où Jacob cherche lui-même à battre en brèche les idées reçues, comme en témoigne la poésie subversive qui compose son album Désillusion Tranquille (2015). « Sortez-moi de l’illusion / Au-delà des limites de la raison », clame-t-il dans sa chanson « L’illusion » au nom de notre « liberté brimée ». Dans « Subir », il demande un retour de « notre spontanéité et liberté fondamentale » à une époque où « nous vivons dans une conscience relative limitée par l’espace-temps ». Cet état d’abêtissement et de soumission perpétuelle, dit-il, « pousse l’individu à agir de façon automatique et mécanique, l’amenant à ne devenir plus que l’ombre de lui-même. Dans ce cercle vicieux, il se débat pour survivre plutôt que vivre. L’être devient prisonnier de la consommation, de la luxure, des lois sociales et politiques qui le réduisent à une condition d’esclavage » : « Bien installé dans ton univers connu / Tu crois aux règles bien calculées et parfois… / Parfois tu prends le temps d’entendre ton cœur crier / La vérité veut exploser ». Dans « Le moule » et « La fièvre du temps », il dit « sen[tir] l’humanité / Comme un fleuve asséché / […] Par peur de leurs complexes », et condamne le conservatisme égocentrique de ces personnes qui « rentre[nt] dans le moule », ces « gens [qui] s’en foutent / Pourvu qu’ils roulent dans leur mirage » et que « leur monde tourne autour de leurs sens ».

Le Mixbus 

La critique sociale qui teinte ses compositions n’est pas absente du projet d’entreprenariat qui l’a fait connaître ces derniers mois. En effet, l’audace qu’il a fallu pour quitter la vie « normale », transformer un autobus scolaire en studio d’enregistrement mobile et entreprendre une existence nomade est certainement admirable et remet en question – à sa façon – l’ordre établi ! L’originalité du projet lui a d’ailleurs permis de bénéficier de plusieurs sources de financement, et on comprend pourquoi : actif depuis seulement deux mois, le Mixbus Studio répond déjà à une grande demande, et ce, aussi bien en terme d’enregistrement que de post-production ou d’installations interactives. Ce qui devait au départ n’être qu’un projet personnel a rapidement pris de l’ampleur jusqu’à devenir un espace créatif marginal et une opportunité unique pour les artistes émergents, et ce, à travers la grandeur du Québec. Il a d’ailleurs déjà enregistré des artistes consacrés comme Philippe Brach et Hubert Lenoir, en plus de prendre part au Festival en chanson de Petite-Vallée et au Festif de Baie-Saint-Paul (en collaboration avec Go-Van). Si le potentiel de l’entreprise est grand, la créativité de Jacob Pomerleau l’est tout autant, comme en témoignent la multitude de projets qui germent dans sa tête. C’est pourquoi il n’y a pas à douter que l’activité – et le kilométrage – de son autobus ne feront qu’augmenter dans les prochains mois (dont une collaboration avec lartis.ca).

Pour en savoir plus sur la musique de Shiv Dev ou les projets du Mixbus Studio, visitez les pages

Facebook  Shiv Dev et  Mixbus Studio ou le site Internet .

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Crédit photo : D.Gagné- L’Artis magazine

 

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