Le photographe, ce témoin

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Photo : Martin Savoie
13 décembre 2017

Le photographe, ce témoin

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Photo : Martin Savoie
13 décembre 2017

CHRISTIAN LAMONTAGNE

Le photographe, ce témoin

Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : Martin Savoie
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MONTRÉAL | MAI 2014

Christian Lamontagne a immortalisé des scènes dans quelque 40 pays, disséminés sur les cinq continents. Ses expériences multiples ont amené le développement durable au cœur de sa démarche et, aujourd’hui, il témoigne de ses multiples réalités, de la photographie au documentaire.

Avant d’en arriver là, Lamontagne vit sa jeunesse à Saint-Christophe-d’Arthabaska. « La maison familiale appartient toujours à mon père. J’y ai donc un pied-à-terre », nous informe-t-il.

Son premier contact marquant avec la photographie remonte à son enfance. Âgé de 11 ans, il remporte un concours de dessin. Le maire de Victoriaville de l’époque lui remet alors son prix : un appareil photo 35 mm compact, qui lui fait un grand effet.

« J’avais l’impression d’obtenir un pouvoir réel avec cette petite boîte-là, de dire Christian Lamontagne. Pour ma première photo, j’avais demandé à mon père de m’emmener au réservoir Beaudet, parce que Victoriaville éprouvait à ce moment un problème d’eau : il n’y en avait presque plus. Je voulais témoigner de cette sécheresse. Il s’agissait de mon premier photoreportage finalement, sans le concept de série. »

Il tient dès lors un petit journal familial, où il répertorie des événements aussi mémorables que le retour de Floride de sa grand-mère, par exemple. Déjà, il explore la région, marche beaucoup, flanqué de son appareil.

Suivre l’instinct et le réel

C’est vers 20 ans qu’il quitte la région pour devenir photographe. « En fait, j’orientais mes études pour devenir professeur d’histoire, parce que cette matière me passionnait. Mais j’ai vite compris que l’enseignement était une question de pédagogie, et ça ne m’intéressait pas du tout. » Tandis qu’il travaille dans un entrepôt de meubles, une nouvelle avenue lui apparaît, celle de devenir photographe.

Il choisit la ville de Matane pour faire ses classes. Ses cours l’amènent à toucher à tout, même à des matières qui ne le captivent d’aucune façon. « Pour moi, il a toujours été très clair que c’était l’aspect réel des choses qui m’intéressait, donc le reportage et le documentaire. J’ai étudié pendant trois ans, mais je ne peux pas dire que c’est là que j’ai vraiment appris mon métier. Ce n’est pas suffisant », plaide-t-il.

À cela, il ajoute que, aujourd’hui, avec l’avènement de la technologie numérique, l’apprentissage par essais et erreurs s’avère si efficace, étant donné l’accessibilité immédiate au résultat, qu’on peut atteindre une maîtrise technique de manière autodidacte.

Le plus grand bénéfice de la scolarité, selon lui, demeure les relations professionnelles développées durant cette période. Il admet fréquenter aujourd’hui encore nombre de créateurs rencontrés à l’époque, dont Vic Pelletier, qui lui a enseigné et qui l’a engagé plus tard au sein de sa compagnie de production de films et de séries documentaires, Groupe PVP, à titre de directeur de la photographie.

Avec son diplôme en main, il traverse l’océan pour compléter un stage à l’agence Magnum, à Paris. Il baigne enfin dans son élément, le photoreportage. « En côtoyant des sommités du photojournalisme, j’ai appris énormément. C’était très pointu et orienté vers mes champs d’intérêt. J’ai appris le métier », de dire Lamontagne.

Questions techniques

Lorsqu’on lui parle de la multiplication des photographes professionnels, Christian Lamontagne confie voir le phénomène d’un très bon œil. « Oui, beaucoup s’improvisent photographes, mais ça fait aussi en sorte qu’un plus grand nombre de personnes se passionnent pour la photo, du fait de sa démocratisation. Quelqu’un qui s’y met, s’il a le talent et le regard, je pense que ça peut être bon pour tout le monde. »

En fait, les genres étant multiples en photographie, il croit que chacun y trouve sa place et qu’un équilibre naturel s’installe. Lui-même affirme référer parfois des clients à d’autres professionnels lorsque les demandes ne correspondent pas à son créneau.

Quelle est sa caméra vidéo de prédilection? « En fait, je n’ai pas d’appareil préféré, et ce serait contraire à ma philosophie. Je choisis l’équipement le plus adapté selon la prise de vue qui s’annonce. Si je sens qu’il va y avoir de l’action, j’opte pour une caméra plus réactive, avec une ergonomie simple et peu d’objectifs. Si je crois avoir le temps, je préfère travailler avec une caméra qui contient un gros capteur et qui peut accueillir une large gamme d’objectifs lumineux. »

Au quotidien, environ 60 % de son travail est relié aux documentaires télévisuels, à des films ou des séries, pour lesquels il agit en tant que cadreur et directeur de la photographie. Le 40 % restant est comblé par des projets de sa propre initiative, pour la plupart. Il se laisse guider par des sujets qui l’interpellent, finance lui-même ses entreprises et fait affaire avec l’agence Cosmos, qui distribue ses œuvres.

Tournant vert

Un moment marquant dans la carrière de Christian Lamontagne est sans doute la réalisation des images de la série Artisans du changement. « Le concept de cette série était d’aller à la rencontre des gens, partout sur la planète, qui proposent des idées nouvelles pour rendre le monde meilleur. On parlait donc d’entrepreneurs sociaux et de développement durable. J’y ai travaillé pendant trois à quatre ans. »

Puisqu’il s’agit d’une coproduction Québec-France, il y a deux équipes. Et, comme le Canada investit un peu plus d’argent, Lamontagne est, en quelque sorte, prêté à l’équipe française. Il s’y greffe si bien qu’il collabore encore aujourd’hui avec cette maison de production française. Voilà aussi pourquoi il partage son temps entre le Québec et la France, lorsqu’il travaille sur des documentaires.

« Je me suis beaucoup orienté vers le développement durable. On a continué à réaliser d’autres séries, toujours à l’international, sans qu’il s’agisse de coproductions. Ce sont toujours de beaux projets, utiles », croit-il.

À venir

Les projets demeurent nombreux sur la table de travail du photographe. « Le merveilleux, dans ce métier, est qu’on ne sait jamais ce qui s’en vient. Il y a beaucoup de projets, mais lesquels verront le jour et lesquels seront enterrés? On ne le sait pas. J’ai appris à vivre avec ça sereinement. »

Présentement, il met ses talents au service d’une entreprise qui effectue de la compensation carbone par la reforestation dans des coopératives de producteurs. « Je vais réaliser des photos pour eux. Je suis allé en Chine dernièrement pour un de leurs projets et je me rendrai au Pérou très bientôt », explique-t-il. Parallèlement, il travaille à une série portant sur le fleuve Saint-Laurent (Océania) pour la chaîne Explora.

En fait, Christian Lamontagne a participé à tellement de projets qu’il serait vain de tenter de les énumérer dans ce texte. Pour s’en faire une idée, il faut absolument visiter le site christianlamontagne.com, qui nous présente un monde aussi réel que saisissant.

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