EDMONTON | DÉCEMBRE 2021

L’auteure Stéphanie Bourgault-Dallaire ne manque pas de mots et surtout d’humour pour décrire les aléas de la vie. Cette Franco-Albertaine d’adoption vivant à Edmonton enseigne à la maternelle, un métier qu’elle adore. Passionnée de littérature, elle a décidé il y a environ onze ans de poursuivre son rêve d’écriture, une décision qui a permis aux lectrices de découvrir une écrivaine dynamique, drôle et talentueuse.

Originaire de la région de Chaudière-Appalaches au Québec, c’est le travail qui a amené Stéphanie Bourgault-Dallaire en Alberta et l’amour qui l’a fait rester. « J’ai étudié à l’Université de Sherbrooke en enseignement préscolaire et primaire. À l’époque, l’emploi était plutôt précaire. Il fallait attendre une dizaine d’années avant d’obtenir un poste permanent. J’ai regardé donc dans le reste du Canada où il y avait des offres pour des enseignants francophones. Quand j’ai terminé mon diplôme en mars 2007, je me suis immédiatement installée à Edmonton où j’ai joint l’équipe de l’école Gabrielle-Roy. J’y enseigne toujours aujourd’hui. »

Celle qui ne prévoyait pas y faire sa vie a finalement rencontré l’amour sous différentes formes, soit celle de son mari franco-albertain et celle de la communauté. Depuis, la maman de deux enfants n’a pas regretté son choix.

L’écriture d’un livre est quelque chose qui lui a toujours trotté dans la tête. À l’école, elle adorait les rédactions de textes, une activité qui lui permettait de se concentrer et d’exploiter son côté créatif. Sans être déconseillée d’en faire sa voie, elle a toutefois été encouragée à poursuivre une profession plus sûre.

Une question, posée pendant une activité entre enseignants à l’école, a finalement tout déclenché. « Si tu gagnes un million de dollars à la loterie ce soir, que fais-tu demain ? J’ai rapidement répondu que j’arrêtais l’enseignement pour commencer à écrire… petit malaise pour moi, grand fou rire pour mes collègues! Mon directeur m’a encouragée à me lancer, pendant mes temps libres, tout en continuant d’enseigner. Il m’a rappelé que j’avais de la chance, ce rêve d’écriture était à ma portée, contrairement au sien d’intégrer la LNH… à 50 ans! »

L’auteure a alors contacté un hebdomadaire francophone en Alberta, Le Franco, dans lequel elle a commencé à publier des chroniques. Au même moment, elle amorçait l’écriture de son premier livre. La crainte de l’inconnu, puisqu’elle n’avait étudié ni en langues ni en littérature, l’avait fait hésiter à se lancer jusque-là. Le support de son conjoint, de ses proches et de ses collègues lui a cependant fourni le courage nécessaire pour aller de l’avant avec son projet.

Stéphanie Bourgault-Dallaire estime que c’est au moment d’envoyer son premier manuscrit à des maisons d’édition qu’elle a gagné à la loterie. « D’habitude, ça prend des mois avant d’avoir une réponse, même une lettre de refus. Mon parcours a plutôt été atypique puisque quelques semaines plus tard, je recevais un appel d’une adjointe d’édition chez Libre Expression qui avait adoré mon texte. C’est donc comme cela que j’ai intégré leur équipe. »

Abigaëlle

Sa trilogie, qui comporte les titres Abigaëlle et le date coaching (2015), Abigaëlle et la séduction prénatale (2015) et Abigaëlle et la retraite amoureuse (2017), est basée sur un personnage principal du même nom. Dans la jeune trentaine au début du premier tome, cette optométriste de profession a du mal à s’engager. Ses proches prendront alors les choses en main alors qu’elle fera une rencontre déterminante. Dans le deuxième tome, Abigaëlle devra faire face aux défis d’une nouvelle relation et d’une grossesse inattendue. Dans le troisième et dernier ouvrage, son couple bas de l’aile et pour raviver la flamme, elle consentira à participer à une retraite amoureuse peu conventionnelle.

Dans ses livres, l’auteure aborde plusieurs thèmes tels que l’amour, la famille, les relations entre les proches, la connaissance de soi, comment laisser entrer quelqu’un dans sa vie tout en restant authentique, le tout, saupoudré d’une bonne touche d’humour.
« Abigaëlle n’est pas basée sur une personne en particulier. Elle est plutôt anecdotique, je puise mon inspiration dans la vie de tous les jours, de conversations avec des copines et des cousines, de choses observées, etc. C’est drôle comment des gens m’ont vu en elle, je ne peux pas le nier, mais ça reste de la fiction. »

Deux tomes ont été adaptés pour une websérie, la première production francophone de l’Alberta à voir le jour sur ce type de plateforme. L’auteure s’est d’ailleurs chargée du scénario pour le premier, une expérience qu’elle a adorée même si, encore une fois, le sentiment de l’imposteur l’a un peu tenaillée! « C’était sur ma bucket list d’écrire pour l’écran, mais une fois le projet accepté, comment est-ce qu’on fait ça ?! Malgré mes craintes, ça s’est finalement bien passé, j’ai eu de l’aide de mentores et j’ai beaucoup aimé faire ça. »

Son travail a d’ailleurs été récompensé par un prix aux Rosie Awards de l’Alberta Media Production Industries Association (AMPIA) pour la meilleure série Web. Elle était aussi en nomination dans la catégorie « meilleure scénariste ».

Bulle créative

Pour entrer en mode écriture, Stéphanie Bourgault-Dallaire a besoin de créer son petit monde à elle, bien installée sur son sofa. Une coupe d’eau pétillante, un café ou un thé et un petit morceau de chocolat. « Je dois être en totale immersion pour écrire. J’ai reçu un diagnostic de TDAH à l’âge adulte, puis avec mon bagage d’enseignante, j’ai cette curiosité de bien connaître mon cerveau. Je suis capable de me concentrer sur plusieurs choses en même temps, mais pour écrire, je dois avoir cette bulle pour ne pas m’éparpiller. »

Ayant décidé de laisser la série Abigaëlle derrière elle, l’auteure planche actuellement sur d’autres projets dont elle ne peut dévoiler de détails pour le moment. Elle a néanmoins dévoilé qu’elle avait maintenant le goût d’écrire pour la jeunesse, soit pour ceux et celles qui la comblent chaque jour en tant qu’enseignante. À suivre !

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