L’art de se démarquer
MONTRÉAL | JUIN 2019
Jardin Mécanique fête cette année son dixième anniversaire d’existence. Alliant le théâtre et les arts visuels, tout autant que la musique, cet opéra rock se démarque par son univers éclaté aux influences steampunk, tout à fait audacieux, où humour noir et caricature font la loi.
Sylvain de Carufel, dit «Monsieur Edwidge», à la guitare et à la voix, Francis Gagnon, dit «Monsieur Camélius», à la basse et à la voix, ainsi que Philippe Coulombe, dit «Monsieur Augustache», à la batterie et à la voix forment un trio musical qui se raconte à travers ses chansons, ses histoires, ses costumes et ses décors.
«Nous faisions tous partie du groupe Un. Nous avons même eu un single à la radio, mais c’était dans les débuts des plateformes de téléchargement sur le Web et l’industrie musicale commençait déjà à piquer du nez. Notre maison de disques a aussi fermé durant cette période. Les autres membres ont quitté et nous nous sommes retrouvés les trois. Nous nous sommes donc mis à réfléchir à la raison pour laquelle nous faisions de la musique», se rappelle Sylvain De Carufel.
Les trois artistes ont alors décidé de faire de la musique pour eux. Tous fans de classique du 20e siècle, de rock progressif et de métal, ils ont créé un son à leur image.
«Nous avons commencé à composer des chansons éclatées. J’ai dit : pourquoi on ne pousserait pas ça encore plus loin? J’ai toujours été fan de Kiss et fasciné par les costumes, ainsi que par l’aspect théâtral d’Alice Cooper, David Bowie et Genesis. Un ami m’a amené une pile de DVD de films de style victorien et j’ai su que c’est là que nous nous en allions», raconte le guitariste.
Le premier spectacle a eu lieu dans au festival Widewood à Shawinigan. «Tous nos amis étaient là et aussi des gens qui nous suivaient dans le temps de Un. Certains d’entre eux croyaient que nous avions disjoncté! Ce n’était pas très bon, puis nous n’étions pas des comédiens. Nous avions une vision de ce que nous voulions que ce soit, mais nous n’y étions pas encore!»
Le trio s’est par la suite assuré l’aide d’un metteur en scène, Yannick Chapdelaine, tout en apprenant les rudiments du théâtre et en améliorant leurs personnages. «Nos amis ont fini par comprendre!»
Un troisième album à venir
Le premier album de Jardin Mécanique, «La sinistre histoire du théâtre Tintamarre», est paru en 2012, tandis que le deuxième, «La sinistre histoire du théâtre Tintamarre épisode 2», est sorti en 2014. Tous les albums sont conçus comme une histoire qui se suit, mais qui peut quand même être comprise en écoutant un seul d’entre eux.
Le troisième est en préparation et n’a pas encore de date de sortie. Le groupe a décidé de se donner du temps afin d’offrir à ses fans le meilleur résultat possible.
«Tous les textes sont écrits et nous avons trois chansons dont les maquettes sont presque prêtes. Je ne sais pas si c’était une erreur, mais pour les deux autres nous nous étions fixé une date et cela n’a pas été bénéfique. De mon côté, j’ai fait un burn-out après le deuxième. Nous n’avons pas de maison de production qui nous fait vivre pendant que nous sommes en studio donc nous avons des emplois à temps plein. Nous avions brûlé la chandelle par les deux bouts pour y arriver et nous nous sommes dit que cette fois-ci, nous allions respecter la santé de chacun et ne pas nous donner d’échéancier», explique Sylvain De Carufel.
Produits dérivés
La singularité de Jardin Mécanique lui permet également d’explorer plusieurs possibilités. Bande dessinée (BD), bières de microbrasserie et bijoux à l’image du groupe sont notamment offerts.
«Nous ne cherchions pas à faire des produits dérivés, c’est arrivé très naturellement. L’objectif en créant cet univers était de nous démarquer. Le Web et les boutiques en ligne prenaient de plus en plus de place tandis que la musique était de moins en moins payante avec le téléchargement. Notre philosophie n’est pas de nous battre contre cela, mais de créer une marque tellement forte que les gens vont vouloir l’acheter. Ce n’était pas ça que nous imaginions au départ. Toutefois, nous avons embarqué là-dedans», soutient Sylvain de Carufel.
Jardin Mécanique fêtait récemment le premier anniversaire de sa BD créée par l’artiste Jeik Dion. Pour financer ce projet, le groupe a lancé une campagne Kickstarter, ce qui lui a permis d’amasser 25 000 $.
Pour ce qui est de la bière, c’est Francis Gagnon, grand amateur de microbrasseries, qui a mis en branle cette idée. Développée en partenariat avec EtOH brasserie, MécaniThé est combinée avec du thé et est inspirée par chacun des personnages de l’univers de Jardin Mécanique.
Enfin, la série de bijoux a quant à elle été créée par Daniel Proulx (Catherinette Rings) dont les produits sont inspirés par le courant steampunk.
https://jardinmecanique.bandcamp.com/