La vérité ou rien : The Damn Truth

gebe
Photo : Dominic Duchesne
14 mars 2022

La vérité ou rien : The Damn Truth

gebe
Photo : Dominic Duchesne
14 mars 2022
©l'artis-photobypatrickduchesne-the damn truth-rock-music

the damn truth

La vérité ou rien : The Damn Truth

Rédaction : André Gauthier
Photo : Dominic Duchesne
Traduction : Patrick Duchesne
Partager sur Facebook:

MONTRÉAL, QC | MARS 2022

La formation rock psychédélique montréalaise, The Damn Truth, n’est pas étrangère aux nombreux défis liés au fait d’être un groupe. Les deux dernières années en sont un bon exemple. Avec des restrictions sur les tournées et les performances, la sortie de leur album a également été mise sur la glace. Cependant, leur résilience leur a donné l’élan supplémentaire pour terminer un nouvel album et recommencer à donner des spectacles.

Sur la fin de leur tournée de 13 villes au Royaume-Uni, la chanteuse Lee-la Baum, le guitariste Tom Shemer, le bassiste PY Letellier et le batteur Dave Traina nous ont accordé un moment pour répondre à quelques questions sur leur carrière ainsi que sur ce nouvel opus :

Vous avez travaillé avec le célèbre producteur canadien Bob Rock (Metallica, The Cult, Bon Jovi, Mötley Crüe, David Lee Roth…) à Vancouver. Il était censé produire tout l’album de Now or Nowhere mais a fini par travailler sur six titres avant que la pandémie ne frappe le monde entier. Comment avez-vous commencé à travailler avec lui ?

Lors de notre tournée européenne en 2019, nous avons fait une liste de producteurs avec qui nous aimerions travailler. Depuis que George Martin est mort, Bob Rock était en haut de cette liste. Notre manager, Ralph Alfonso, dirigeait The Payolas, le groupe de Bob à l’époque. Nous avions donc la connexion. Ralph nous disait toujours : « Quand vous aurez les bonnes chansons, je les lui enverrai. ». Après avoir fait une vingtaine de démos, nous étions persuadés d’avoir les bonnes chansons. Nous avons donc demandé à Ralph de contacter Bob. Dans les 24 heures, il a répondu: « Venez à The Warehouse. On va réaliser un album. »

Quels ont été les plus grands défis pour terminer l’album, sachant que vous deviez produire le reste des morceaux vous-même ?

Le plus grand défi était l’attente. Au cours des premiers mois, nous ne savions pas ce qui se passait. Nous ne savions pas si nous devions attendre Bob. On ignorait si cette histoire de virus prendrait de l’ampleur et combien de temps ça allait durer.

Au fil des mois, malgré tout, nous avons finalement décidé de retourner en studio.

Nous avions la chance que Dave possède l’un des studios d’enregistrement les plus «cool» de Montréal, le Freq Shop. Nous étions convaincus que nous serions en mesure de réaliser cet album avec les outils que nous avait donné Bob. Nous avions une vision claire de ce que nous voulions réaliser et une forte volonté de le terminer.

D’autres grands noms sont associés au nouvel album, notamment en ce qui a trait au mixage. Les lauréats des Grammy Awards Vance Powell et Nick Didia étaient à bord ainsi que Mike Plotnikoff. Comment ont-ils trouvé un mix cohérent pour l’album ? Étiez-vous présents lors du processus ?

C’était en fait un processus vraiment «cool». Avec Vance, nous avions une connexion directe avec son studio pendant qu’il mixait les chansons. Nous donnions des notes et directives via zoom, et ce, en temps réel, ce qui donnait l’impression d’être dans la pièce avec lui. Mais honnêtement, il n’y avait pas grand-chose à dire. Nous les avons choisis spécifiquement pour leur son et l’authenticité qu’ils pouvaient apporter à notre musique.

On se souvient de la première fois que nous nous sommes connectés via le livestream avec Vance et que nous avons entendu le premier morceau de This Is Who We Are Now. On ne pouvait pas croire à quel point ça sonnait bien ! On s’est dit : Est-ce un rêve ?!

Quant à la cohésion du son, ça n’a jamais été un problème pour nous. Nous croyons que notre groupe a un caractère sonore très fort, et peu importe qui produit, masterise ou mixe, ça sonnera toujours comme The Damn Truth.

Cette année marque le 10e anniversaire de votre premier album, Dear in the Headlights, que vous avez autoproduit en 2012. Comment cette expérience vous a-t-elle aidé dans votre carrière ? 

En 2012, nous étions une sorte de groupe excentrique à Montréal ; nous n’avons trouvé aucun autre groupe qui jouait le type de rock ‘n’ roll que nous voulions jouer.
Nous ne correspondions à aucune «scène» à l’époque, alors nous avons plutôt décidé de s’autoproduire que d’essayer de trouver un label ou un management. Nous ferions tout nous-mêmes et pour personne d’autre que nous. Nous voulions enregistrer un album qui avait le genre de musique que nous serions heureux d’écouter. Nous sommes donc allés en studio et avons enregistré, sans se demander : si ça allait marcher ? Si quelqu’un allait aimer ? Nous voulions juste créer une musique qui nous soit fidèle. Puis, quand est venu le temps de sortir le matériel, nous l’avons fait. Il n’y avait pas vraiment de grands plans pour se faire remarquer et signer avec un label. Il s’agissait plus de mettre une partie de nous dans l’Univers et nous avons décidé de le faire ensemble, à notre façon.

Nous sommes contents de l’avoir fait parce que nous avons beaucoup appris en cours de route, dont réaliser un vidéoclip. Dans cette première vidéo de la chanson Too Late, nous avons tout filmé entièrement nous-mêmes, et ce fut très amusant. Dans le processus, nous avons également appris ce qu’il faut pour créer du contenu et comment produire nos propres disques, ce qui a été très utile tout au long de notre carrière jusqu’à maintenant.

Il y a un écart de cinq ans entre la sortie de Devilish Folks et Now or Nowhere. Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour atteindre la ligne d’arrivée ?

Il y a plusieurs raisons à cet écart, mais la principale était le travail acharné. Nous étions tout le temps sur la route, se produisant sur scène, rencontrant de nouveaux fans et construisant ce qu’est aujourd’hui The Damn Truth. Il a également fallu du temps pour trouver un producteur et fixer les dates de rencontre avec avec Bob Rock, dont l’emploi du temps est assez fou. Puis, la Covid est arrivée, et tout a été retardé. Il y a probablement un million de raisons pour lesquelles ça a pris autant de temps, des raisons qui n’étaient malheureusement pas de notre ressort. Les chansons ont été écrites bien à l’avance et étaient prêtes à être travaillées, mais parfois, la vie vous lance des balles courbes et vous devez juste en tirer le meilleur parti. Nous ne regrettons pas que cela ait pris si longtemps. Cependant, on essaie de ne pas s’attarder sur le passé et de vivre autant que possible dans le moment présent, et ce moment est génial et incroyable parce que lorsque cet album est sorti, les choses ont commencé à changer pour nous et pour le mieux.

Vous avez eu une excellente couverture médiatique de la part des meilleurs magazines rock en Europe : Fireworks, Classic Rock, et bien d’autres. Vous êtes maintenant à la fin d’une tournée de 13 villes au Royaume-Uni. La réponse des fans est très positive et les gens semblent vous adorez. Pourquoi pensez-vous que votre musique résonne davantage de l’autre côté de l’Atlantique ?

On ne pense pas que notre musique résonne plus outre-Atlantique. On pense plus que notre musique résonnera partout où nous irons. Planet Rock, la plus grande station de radio rock du Royaume-Uni, a adopté le groupe tout comme CHOM 97.7 l’a fait, ici à Montréal. Quand The Damn Truth est exposé à un public plus large, les gens sont ravis et nous réussissons à nous faire de nouveaux fans. Peut-être simplement que l’Amérique du Nord a toujours été un peu en retard par rapport au Royaume-Uni, mais nous avons le bon sentiment que présentement, ils rattrapent ce retard.

Vous avez fait la première partie de grands artistes depuis le début de votre carrière : The Cult, ZZ Top et même du groupe canadien The Sheepdogs, pour n’en nommer que quelques-uns. Il y a aussi une forte influence du rock des années 70 dans votre musique. Votre son ressemble à un croisement entre Led Zeppelin, Jefferson Airplane et évidemment une touche de Janis Joplin, mais votre musique est très naturelle. Pourquoi pensez-vous que cette époque spécifique semble faire partie de l’ADN du groupe ?

Nous venons tous d’horizons musicaux uniques, mais partageons des racines similaires. Dave a grandi avec un rock’n roll et un métal plus lourd (Pearl Jam, Red Hot Chili Peppers, Led Zeppelin), tandis que Tom, Lee et moi-même (PY) étions plus enracinés dans la musique folk des années 60 et les suivantes. Tom et Lee étaient imprégnés de CSNY, Jimi Hendrix, Led Zeppelin et Bob Dylan. Lee plonge profondément dans Joplin et Joni Mitchell, Tom qui aime King Crimson et les vieux blues comme Albert King et Robert Johnson. Moi, j’ai a grandi avec du folk comme Gordon Lightfoot et Tom Petty, du country rock comme Lynyrd Skynyrd et du hard rock des années 70-80 : AC/DC, KISS et Mötley Crüe. Disons que chaque membre a tracé son propre chemin musical. Mais le destin a fait en sorte que tous ses chemins aboutissaient à The Damn Truth. Notre son vient de « la machine TDT », comme nous l’appelons. Fondamentalement, quelqu’un apporte une idée, et au moment où nous en avons fini avec elle en tant qu’unité, elle a pris une toute nouvelle forme, c’est ce que vous entendez sur les disques.

Vous faites maintenant partie de la famille Spectra Musique qui est distribuée par Sony Music. Qu’est-ce que le fait d’être distribué par eux ajoute à la visibilité du groupe ?

Faire partie de la famille Spectra Musique nous a vraiment aidés sur le plan organisationnel. Par exemple, participer à la tournée de King King au Royaume-Uni a été une bénédiction pour nous. Jouer tous les soirs devant environ 1000 personnes dans un pays où nous ne sommes jamais allés fut exceptionnel pour la visibilité du groupe. Nous avons adoré cette dernière tournée au Royaume-Uni et nous sommes très excités pour la prochaine tournée EURO en avril. Avoir un label majeur ajoute simplement ce support supplémentaire lorsque vous en avez besoin. Qu’il s’agisse d’un soutien administratif ou financier, un label est là pour aider un groupe à grandir au-delà de ce que les membres du groupe peuvent gérer seuls (tout en étant sur la route et en spectacle).

Votre réputation énergique en tant que groupe est bien établie et documentée, et vos vidéos, en particulier ceux comme Heart is Cold et This is Who We are Now, montrent bien cette fougue. Vous avez décidé de passer au rétro avec Tomorrow. Qui a eu cette idée ? L’aspect visuel du groupe semble être de plus en plus important. Qu’ajoutent les vidéos au processus de création ?

Le clip de la chanson Tomorrow était une amusante collaboration avec la brillante maquilleuse Vanessa Ashley et les producteurs de films IO Studio. Ils voulaient produire une vidéo qui dérangeait la perception que les gens avaient du groupe et présentait quelque chose d’amusant et de léger. Nous avons l’habitude d’aborder des thèmes plus sérieux dans nos vidéos. Nous avons donc bien accueilli l’idée de sortir des sentiers battus. Leur idée était de nous dépeindre en train de chanter en tant que rock stars des années 50, 60 et 80.

Le tournage fut une vraie réussite. Nous avons joué parfaitement nos rôles tout en sautant de déguisement en déguisement. Tom et PY ont même chorégraphié quelques pas de danse. On dirait qu’on s’amuse parce que c’était amusant ! Nous sommes tellement satisfaits du résultat et tellement ravis d’avoir pu collaborer à nouveau avec IO Studio. Ils étaient les cerveaux derrière le clip épique « This Is Who We Are Now ». Ils nous ont même construit un genre de manège ou nous tournions en jouant ! Heureusement, cette fois-ci, personne n’a été gravement blessé.

Votre puissante reprise de Love is Blindness de U2 est tout simplement incroyable. La vidéo a été visionnée plus d’un million de fois sur la chaîne YouTube. Quand est née cette collaboration inattendue avec Yves St-Laurent ?

La collaboration avec YSL est née d’une manière vraiment organique… Nous étions en spectacle dans un petit club. À la toute fin, un type arrive et dit qu’il est à la tête d’une firme publicitaire. Il me dit qu’il pense avoir la chanson parfaite pour ma voix. Nous avons alors enregistré Love is Blindness dans le cadre d’une offre pour la publicité YSL, et ils ont adoré. L’exposition fut incroyable; se faire entendre dans le monde entier et gagner des fans d’endroits où nous n’étions jamais allés était vraiment génial.

La partie européenne de la tournée se poursuit. En avril, des spectacles au Danemark et en Belgique sont prévues tandis que pour mai, l’Allemagne et les Pays-Bas sont au menu. Les dates nord-américaines devraient être ajoutées plus tard en 2022. Pour plus d’informations sur leur prochaine destination, visitez leur page Facebook ou leur site Web.

europe-tour-thedamntruth-lartis.ca

cool good eh love2 cute confused notgood numb disgusting fail