La promesse de rêver
SAINT-BRUNO-DE-MONTARVILLE | DÉCEMBRE 2020
Mélissa Perron a lancé en 2019 son premier roman, un projet dont elle rêvait depuis longtemps. Paru aux Éditions Hurtubise, Promets-moi un printemps, revêt un caractère très personnel pour l’auteure qui a déjà vécu les mêmes émotions liées à la dépression vécues par le personnage principal de son manuscrit.
« Fabienne est une fille qui a tout : elle a 30 ans, une belle carrière, de l’argent et un amoureux. Puis, ça lui tombe sur la tête. Elle est la première surprise qu’une telle chose lui arrive. »
Le récit n’amène pas beaucoup le lecteur dans sa descente, souligne Mélissa. « C’était important pour moi qu’on voie qu’elle s’en sort. Promets-moi un printemps, c’est la promesse que ça va aller mieux, mais avant elle a un gros travail de remise en question. »
L’auteure met aussi en lumière les préjugés reliés à la dépression. « On est en 2020, on se dit qu’on est une société très ouverte, mais ce n’est pas toujours vrai. Parfois, on s’attend à ce que certaines personnes soient là, mais quelqu’un d’autre arrive dans notre vie à ce moment-là, quelqu’un dont on ne se serait jamais attendu. J’ai eu des commentaires, touchants et intimes, de gens qui me remerciaient. Ils se reconnaissaient dans les personnages secondaires, ceux qui accompagnent quelqu’un qui ne va pas bien. Ils comprenaient certaines choses, que ça ne sert à rien de forcer, ça prend du temps et l’important c’est seulement d’être là. »
Les émotions vécues par Fabienne, c’est principalement ce que Mélissa est allée chercher dans son expérience personnelle. « Elle n’est pas moi, mais tout ce qu’elle ressent quand elle ne va pas bien, je l’ai vécu. Au cours de l’histoire, elle se retrouvera dans une maison de fin de vie pour son travail et les rencontres qu’elle va y faire, c’est ce qui va la rattacher à la vie. Mon père est décédé dans une maison de soins palliatifs et il fallait que j’ajoute cela à mon roman. Même si je n’avais que 11 ans, ça m’a changé, et ça va aussi avoir un impact sur elle. »
La suite à venir
Depuis plus de dix ans, Mélissa Perron peint la porcelaine sous le nom d’artiste Rizada. « Quand j’ai commencé le roman, il a fallu que je mette la porcelaine de côté afin de m’investir complètement dans le projet. C’est ce que je fais en ce moment puisque je suis en train d’écrire la suite. »
L’auteure avoue que ce deuxième roman vient avec sa dose de pression. « Pour Promets-moi un printemps, je m’asseyais chaque jour avec la même musique et les mots venaient naturellement. Quand tu sors un premier livre, personne ne te connait, il n’y a pas de pression. Toutefois, il y a énormément de gens qui l’ont aimé et j’ai l’impression qu’on regarde au-dessus de mon épaule en attendant la suite. Il y a la peur de décevoir et qu’il ne soit pas aussi bon. Je réussis cependant à mettre ça de côté. C’est comme la peinture, il ne peut pas avoir de création sans le plaisir. »
Entre passion et liberté
Mélissa a bien l’intention de continuer à écrire tout en menant ses autres projets. En janvier, cela fera 11 ans qu’elle peint la porcelaine. C’est d’ailleurs devenu son gagne-pain. Elle confirme que la passion ne s’est jamais éteinte depuis le temps.
« Chaque contrat est différent. Par exemple, il semble qu’avec les événements des derniers mois, ce sont les portraits de famille qui sont devenus populaires. Ce sont des demandes très personnelles, j’entre dans l’intimité des gens. Je suis très reconnaissante de leur confiance. »
L’artiste peint également sur de grandes toiles depuis l’âge de 15 ans. « Autant mon travail sur la porcelaine est concret, autant sur toile mon style est davantage abstrait. Je me sens libre lorsque je peins et j’adore ça. »