Nul n’a besoin d’être prophète ou devin pour s’apercevoir que la musique et le septième art vont de pair. Impossible de ne pas associer la fameuse Imperial March, composée par John Williams, avec Star Wars. Qui ne reconnait pas, dès les premières notes, le thème que John Barry a composé pour James Bond, celui de Bill County pour Rocky ou Vangelis avec l’intemporel Chariots Of Fire? La liste est longue. Il faut d’ailleurs remonter à l’époque du film muet pour mesurer toute l’importance de la musique au cinéma. Malgré l’absence de dialogue, les films comportaient la plupart du temps un morceau de musique pour ajouter de l’émotion au film.

Les deux font la paire

Au fil du temps, la musique s’est avérée être un acteur de choix pour les grands studios et les réalisateurs de renoms. Certains compositeurs se sont associés avec un réalisateur pour plusieurs films. C’est notamment le cas de Danny Elfman et Tim Burton (Alice In Wonderland, Batman et Beetlejuice, pour ne nommer que ceux-là), John Williams et Steven Spielberg (Jaws, E.T., Schindler’s List, Raiders Of The Lost Ark), Éric Serra et Luc Besson (Nikita, Le Cinquième Élément, Léon et le chef-d’œuvre Le Grand Bleu). Plus récemment, Michael Giacchino et JJ Abrams (Mission Impossibe, Star Trek et les séries télévisées Lost et Fringe) ainsi que Clint Mansell et Darren Aronofsky (Requiem For A Dream, Black Swan et The Wrestler) ont uni leur force pour plusieurs projets.

Au-delà de créer un thème accrocheur, la musique joue un rôle primordial : celui de provoquer une atmosphère, d’accentuer une émotion et de rendre certaines scènes encore plus captivantes pour le spectateur. De plus, elle permet d’évoquer une émotion que même le meilleur dialogue ne réussit pas à faire. De plus, la musique assure la transition et la continuité entre les scènes et ajoute à l’urgence de la situation. Impossible d’oublier l’atmosphère créée par Bernard Herrmann pour Psycho, John Carpenter pour Halloween, Harry Manfredini pour Friday The 13th ou encore Giovanni Rota pour The Godfather. Autre aspect important : la sélection et la place de la musique dans le film. Si elle est bien choisie, elle réussira à ajouter à l’ambiance du film. Les pièces plus courtes peuvent aussi avoir un impact majeur. Une des qualités principales est assurément la capacité de la pièce puisse à se fondre à l’image permettant de rendre l’émotion qu’elle désire transmettre.

La fièvre du samedi soir

Pour certains producteurs, c’est grâce à l’impact d’une ou de plusieurs chansons incluses dans un film qui sera l’atout majeur au succès de celui-ci. Dès les années 70 et principalement dans les années 80, ce sont les chansons composées pour le cinéma qui ont eu le plus d’impact. Pour certains, c’est l’ajout de chansons connues qui colle à l’époque du film. La superbe bande sonore de Forrest Gump, du réalisateur Robert Zemmeckis, exprime bien cette idée. Pour d’autres, ce sont des chansons originales tirées directement du scénario qui prime. La liste est longue, mais voici quelques exemples : Footloose, interprétée par Kenny Loggins pour le film du même nom, Ghostbusters de Ray Parker Jr, Take My Breath Away de Berlin pour Top Gun, Irene Cara avec son grand succès What A Feeling du film Flashdance, When Doves Cry de Prince pour son film Purple Rain, sans oublier la bande sonore de Dirty Dancing, qui s’est écoulée à plus de 30 millions d’exemplaires à travers le monde jusqu’à présent. Incluant des pièces d’époques et des chansons originales, c’est l’une des bandes sonores les plus vendues de tous les temps.

En plus de permettre à l’interprète d’obtenir un grand succès, la présence du vidéo accompagnant la chanson et incluant des scènes du film a permis à certains longs métrages d’avoir une durée de vie bien plus longue et d’obtenir de meilleures recettes au box-office. La chanson My Heart Will Go On, chanson phare et de loin le plus grand succès de Céline Dion, est indissociable du film à laquelle elle est associée. Issue d’une collaboration entre le compositeur James Horner et le parolier Will Jennings, cette chanson est étroitement liée au film Titanic du réalisateur James Cameron. I Will Always Love You, le plus grand succès de Whitney Houston et pièce maîtresse du film Mick Jackson Le Garde du Corps, passa 14 semaines en tête du palmarès Billboard en 1992.

La musique au pays des merveilles

Plus récemment, James Gunn, réalisateur des films Guardians Of The Galaxy a eu une idée de génie en incluant de grands succès des années 70 dans l’histoire, faisant en sorte de faire découvrir ces classiques du rock à un nouvel auditoire. Plusieurs autres studios ont emboité le pas, mais avec de grands succès des années 80 : Ready Player One, de Steven Spielberg et la série Netflix Stranger Things en sont deux exemples.

Il y a aussi une nouvelle tendance. Pour le film des studios Marvel Black Panther, l’équipe de promotion a tenté une nouvelle approche en rendant disponible des chansons de la bande sonore avant la sortie en salle, créant du même coup un engouement pour le long métrage. Réalisée par l’étoile de la musique hip-hop et gagnant d’un prix Pulitzer Kendrick Lamar, la bande sonore nous permet d’apprécier des artistes établis et de découvrir plusieurs étoiles montantes de la scène hip-hop: SZA, The Weeknd, Khalid, Swae Lee et Jorjia Smith. La même stratégie fut utilisée pour la bande sonore de Spiderman : Into The Spider-Verse, avec tout autant de succès.

Avec une présence si déterminante dans l’industrie du cinéma, il est évident que la musique est un aspect primordial dans la réussite ou l’échec d’un film. Sans la trame sonore de Steven Price, est-ce que le spectateur aurait ressenti autant d’émotions lors du visionnement de Fury ? Est-ce que le film Le Gladiateur, du réalisateur Ridley Scott, aurait eu autant d’impact sans la musique percutante du compositeur Hans Zimmer ? À vous d’y répondre !