Kevin Tremblay : Du lac aux planches
MONTRÉAL | SEPTEMBRE 2020
Allo Kevin, alors tout d’abord, d’où viens-tu ?
Je viens du Lac-Saint-Jean, plus précisément de Roberval où j’ai vraiment eu la piqure pour le théâtre grâce au théâtre Mic-Mac. C’est une troupe d’amateurs qui existe depuis plus de 50 ans et ils m’ont ouvert leurs portes. C’est avec eux que j’ai eu mon premier grand rôle au théâtre avec la pièce Sous le regard des mouches.
Et après cela, tu as décidé d’aller à Montréal ?
Après la première médiatique, l’auteur Michel-Marc Bouchard m’a suggéré d’auditionner dans les grandes écoles de théâtre, alors j’ai foncé. Ma passion du jeu est entrée en éruption à ce moment-là. J’avais 17 ans et j’ai quitté ma maison, ma famille, mes amis et mon gros lac pour aller vivre mon rêve.
Comment s’est passée ton arrivée dans la métropole ?
J’ai couru partout (rires) ! Je me suis impliqué dans plusieurs ateliers de jeux, de caméra, de théâtre… j’avais soif de jouer. J’ai étudié le cinéma aussi tout en préparant mes auditions. Puis j’ai été accepté à Lionel Groulx en 2016.
Pendant tes 4 années d’étude, as-tu joué dans des projets à côté ?
Pour moi, c’était très important de ne pas rester enfermé dans les 4 murs de l’école. J’ai voulu garder un lien étroit entre le cinéma et le théâtre pour que mon jeu en sortant de l’école ne soit pas que théâtral. En m’imprégnant du milieu, j’ai commencé à me faire des contacts et des premières expériences professionnelles.
Quels ont été tes premiers gros projets ?
William Saumur a été une formidable rencontre. Il a un univers à l’extérieur du mien et ça donne quelque chose de chimiquement et artistiquement vraiment beau. Il m’a fait confiance et m’a ouvert les portes sur mon premier plateau. J’ai fait avec lui le clip Karaoke Culture aux côtés de Ludivine Reding, puis plus tard, le court métrage Arcade. Et j’ai enchaîné les petits projets.
Pour toi, quelle qualité faut-il pour avoir un bon jeu d’acteur ?
Pour moi, tout est une question d’écoute. Quand je parle de l’écoute, je parle du moment présent, mais pour y être vraiment, il faut une écoute active du texte, de mes partenaires, de moi-même et de l’environnement qui m’entoure. Quand je suis capable d’atteindre ce niveau de présence, là et seulement là je touche à la vérité.
As-tu une routine pour t’approprier d’un texte, d’un personnage ?
Quand je reçois un texte, je le lis plusieurs fois pour m’en imprégner, ensuite je vais aller creuser la relation des personnages, ce qu’ils vivent et pourquoi. Une fois bien en contrôle de l’histoire je vais me poser des questions du genre quelle est sa posture, son passé, qu’est-ce qu’il aime faire, ses valeurs, etc. Ensuite, l’apprentissage du texte se fait de manière beaucoup plus naturelle et évidente.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Je fais de l’art pour raconter des histoires, mais aussi pour explorer la machine humaine qui me fascine chaque jour. Pour moi, un acteur, ce n’est pas seulement une distraction ou apprendre un texte, c’est un travail interne et sensible. Il faut creuser, chercher, écouter… c’est un travail, qui se transforme ensuite en divertissement.
Tu as joué au théâtre, dans des vidéos, des courts-métrages… as-tu une préférence ?
Je suis très ouvert. Mon métier, c’est de raconter une histoire alors non, je n’ai pas de préférence. J’ai été formé pour jouer donc donnez-moi des mots et je m’occuperai de les incarner pour vous raconter. Ce qui m’importe, c’est jouer.
Y-a-t-il un genre qui t’interpelle davantage ?
J’ai vraiment un univers explosif, j’adore l’humour, tout ce qui est comédie et j’ai une facilité là-dedans même si c’est un gros défi. Aller chercher un rire au public, c’est loin d’être évident, mais ça me stimule beaucoup. Un personnage marquant dans mon parcours a été Sganarelle dans Les farces de Molière. La mise en scène de Michel-Maxime Legault m’a vraiment donné une belle liberté de jeu dans laquelle j’ai vraiment pu m’amuser et devenir complètement éclaté.
Quels sont tes projets actuels ?
Avec une partie des interprètes finissants à Lionel-Groulx de cette année, nous avons la chance de faire un atelier cinématographique avec Emmanuel Schwartz. À la fin septembre, moi et mon équipe serons en résidence au théâtre les Écuries pour l’événement annuel du VOUS ÊTES ICI / YOU ARE HERE. Je tiens également un rôle dans le film MARTYR produit par Rubicon et réalisé par Cédric Provost, mais la date de sortie a été reportée en raison de la COVID-19. Puis, je travaille également à l’écriture de ma première pièce intitulée TEMPO que je présenterai au Festival FRINGE à l’été prochain.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
À cause de la pandémie, c’est plus difficile de trouver des contrats alors j’espère vraiment trouver une agence pour continuer mon rêve et m’ouvrir à de nouveaux horizons. Mais pour l’instant, je ne me plains pas, je suis assez débrouillard pour trouver des projets et j’ai cette soif de jouer, j’ai pas peur de cogner aux portes ! Bref je me souhaite du courage, de belles rencontres et bien sûr de ne jamais oublier le volcan qui bouillonne en moi.