Des dessins qui musclent l’imaginaire
QUÉBEC | DÉCEMBRE 2018
Jean-Pascal Leclerc Kêgle (JPKegle) n’a jamais été attiré par les styles de dessin qu’on enseigne traditionnellement dans les écoles d’art. Au secondaire, il préférait remplir les pages de son agenda de créatures lugubres plutôt que de réaliser les travaux demandés par ses professeurs – ce qui attirait bien sûr l’attention des autres élèves! Passionné de comic books et de jeux vidéo, il a préféré se charger lui-même de sa formation artistique en reproduisant d’abord des personnages de l’univers Marvel pour peaufiner sa technique. Petit à petit, il en est venu à développer une esthétique plus personnelle, apportant son style distinctif à ces personnages autrement communs. C’est d’ailleurs grâce à la qualité et à l’originalité de ses fan arts qu’il a réussi à obtenir autant de visibilité sur les réseaux sociaux, le partage de ces dessins lui apportant parfois jusqu’à 10 000 mentions « J’aime ».
Victime de son succès, Jean-Pascal a aujourd’hui délaissé le crayon de bois pour le digital painting, un passage au numérique qui était nécessaire, à son avis : « Pour les métiers d’illustrateur, de concept artist et de comic book artist, il faut être extrêmement productif, rapide, précis, avoir un niveau de réalisme plus poussé et aussi avoir la possibilité de modifier ou d’ajuster sans limite un dessin. C’est pourquoi le digital painting est le médium par excellence utilisé partout à travers le monde dans les entreprises liées à la bande dessinée, aux jeux vidéo, au cinéma, aux jeux de société, etc. » La plateforme en ligne DigitalPainting.school lui a d’ailleurs permis de recevoir une formation rapide pour ajuster sa technique et se familiariser avec ses nouveaux outils : le logiciel Photoshop CS6 et une tablette Wacom. Ceci dit, si cette transition s’est faite facilement pour lui, c’est bien grâce à l’expérience qu’il avait déjà accumulée. « Il ne faut pas se faire d’illusions », assure-t-il. « Les outils numériques sont simplement une façon de pousser plus loin son travail et son rendu, mais il faut d’abord être capable de dessiner à la main et avoir une solide base en dessin traditionnel; c’est essentiel. C’est comme si quelqu’un s’imaginait qu’en se procurant une guitare électrique avec un gros amplificateur, ça allait instantanément faire de lui un virtuose… Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça! Ce n’est pas l’outil qui fait l’artiste. »
À ce titre, il n’y a aucun doute que son éthique de travail, sa passion et sa persévérance ont contribué à faire de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui. Cela lui a aussi permis d’affiner son style, proposant aujourd’hui à coup sûr des univers aux teintes sombres traversées par des éclats de lumière (lune, électricité, énergie surnaturelle, etc.), et ce, afin d’« illustrer que malgré les obstacles et les choses les plus horribles qui font tout pour nous détruire, il y a toujours l’espoir de passer au travers ». Un autre élément caractéristique de ses dessins est l’attention qu’il accorde à l’anatomie de ses personnages. Dans ce domaine, il admet être redevable de ses quinze années d’entraînement et des deux années où il a travaillé comme entraîneur privé : cette autre passion lui a permis d’observer et de mieux saisir comment fonctionne l’anatomie humaine, puis de dessiner la musculature saillante de ses personnages masculins, féminins – ou même bestiaux – de manière plus réaliste et convaincante.
Si ses fanarts lui ont permis de se faire connaître à ses débuts, il préfère maintenant se concentrer sur ses propres créations, à savoir des créatures (monstres, dragons, androïdes, démons, etc.) qui sortent entièrement de son imagination. Dans les dernières années, nombreux sont ceux qui se sont intéressés à son travail et l’ont engagé pour traduire visuellement leur univers littéraires (les séries romanesques de Sébastien Lévesque, Alexandre Charbonneau, Camil L. Kègle et Danny Rotondo, par exemple) ou musicaux (les albums du groupe heavy metal Kill the Pharaoh), voire pour concevoir l’aspect visuel de leur jeu de société ou de leur tatouage, ce qui a permis à Jean-Pascal d’enchaîner les contrats et de vivre enfin de sa passion. En parallèle, il travaille aussi à finaliser sa propre bande dessinée, une histoire de dark science fiction post-apocalyptique de plus de deux cents pages qui s’intitulera Beyond the Void et qui devrait voir le jour en 2019.
Pour en savoir plus sur les activités et la production de JPKegle, visitez ses pages Facebook et Instagram, ou son portfolio DeviantArt.