De la nourriture pour l’âme
ST-JÉRÔME | SEPTEMBRE 2020
Mathieu Robert a toujours été doué pour les arts. Adolescent, son talent lui a permis de se faire accepter et respecter de ses camarades, même ceux qui l’intimidaient ; déjà à cette époque, il était reconnu comme « le gars qui dessine bien ». Plus tard, ses professeurs d’art le prenaient à part après les cours pour l’interroger sur ses capacités exceptionnelles.
À force de recevoir autant de reconnaissance, il lui aurait été facile de s’enfler la tête, mais il est toujours resté humble. Se considérant lui-même atteint de dyslexie, il sait pertinemment que le langage visuel, comme le langage écrit, est une aptitude qui se développe et peut s’apprendre. C’est ce qu’il prône auprès de ses élèves, enfants comme adultes, depuis une vingtaine d’années : talent ou pas, on peut tout apprendre si on y met suffisamment d’énergie et de volonté. Il suffit d’aller chercher les connaissances requises et de les mettre en pratique, comme il l’a fait lui-même toute sa vie. Selon lui, l’art ne devrait pas être une source de peur, mais bien une thérapie. Et c’est pourquoi il aspire à être non pas un simple artiste, mais un mentor : il veut être le genre de personne qui laisse son empreinte sur le monde en aidant les autres à s’épanouir par le biais de l’art.
Très tôt dans sa vie, la qualité de ses créations a été reconnue par des experts dans le domaine : à l’aube de la vingtaine, il était parmi les plus jeunes artistes à faire partie de l’Association des artistes peintre de Saint Sauveur, et des galeries d’art lui offraient déjà de le représenter dans le célèbre Magazin’Art. Mais il était conscient que son style impressionniste de l’époque n’était pas essentiellement le sien et qu’il était encore en période exploratoire. Ce n’est que plus tard que son style s’est précisé en ce qu’il est aujourd’hui : un mélange de scènes de ville et de portraits féminins à l’acrylique, une spécialisation qui lui ressemble plus. « Ce que j’aime avec la peinture, c’est qu’on peut tout scrapper, on peut toujours revenir par dessus, rechanger, retravailler, tandis que le médium du papier, par exemple, c’est un médium qui est friable ; c’est très facile à déchirer, à grafigner. Je trouve qu’avec la peinture, on peut créer avec plus de passion, c’est tellement plus polyvalent : on peut travailler le pigment dilué, travailler en épaisseurs, etc. Et avec l’acrylique, ce que j’aime, c’est que ça sèche vite. J’aime avoir des résultats rapides, j’aime les œuvres spontanées, le fait de pouvoir sortir une émotion. J’ai choisi la peinture pour sa complexité. J’aime me casser la tête, créer une œuvre, en étudier les tons, les replacer… Autant en cuisine, je suis toujours en train de goûter et d’essayer des choses, en peinture, c’est la même chose. »
Il faut dire qu’ayant été élevé par une mère artiste-peintre, Mathieu Robert a toujours été encouragé à suivre ses élans artistiques. Enfant, il dessinait constamment, que ce soit des Tortues Ninja ou des personnages inventés. À l’âge de dix ans, il recevait son premier ensemble de peinture à l’huile, et à onze ans, il créait une bande dessinée. Cela dit, c’est plutôt vers l’âge de quatorze ans qu’a réellement fleuri son intérêt pour la peinture. Peu de temps après, il suivait les traces de sa mère et commençait à enseigner à des enfants puis, trois ans plus tard, à des adultes. À l’approche de la mi-vingtaine, après avoir économisé assez d’argent, il réalise un rêve : créer sa propre école d’art dans ce qui n’était au départ qu’un demi-sous-sol.
Malgré ce parcours artistique en apparence linéaire, il lui a tout de même fallu emprunter bien des détours avant de trouver ses ancrages professionnels dans le domaine. Les expériences qui ont ponctué son parcours académique lui ont toutefois été bénéfiques : si ses études en art et en électromécanique lui ont permis de confirmer son intérêt pour le dessin, celles en comptabilité, en administration et en multimédia lui ont fourni les outils pour créer très tôt sa propre entreprise. On pourrait dire la même chose de ses emplois : son passage chez Omer DeSerres lui a confirmé qu’il souhaitait privilégier l’acrylique dans sa pratique, alors que son travail chez McDonald lui a transmis la fibre entrepreneuriale. S’il est encore habité à l’occasion par un sentiment d’imposture, il est évident que c’est son ambition qui l’a propulsé au sommet de son art. Cela dit, il ne prend rien pour acquis : il considère encore évoluer chaque année au contact de ses élèves, lesquels l’amènent toujours à s’interroger – pourquoi telle œuvre est belle ? qu’est-ce qui la rend vibrante ? – et à tester de nouvelles techniques qui influencent aussi sa propre pratique.
L’une de ses plus grandes frustrations est d’ailleurs la grande reconnaissance que reçoit la peinture réaliste de style « photographique ». Pour lui, bien que ces œuvres soient visuellement impressionnantes, elles ont assez peu de valeur : il considère préférable de trouver et de développer un style original qui cherche à faire naître l’émotion. « J’ai développé mon style pour pouvoir jouer avec un mix de hasard et de concret. Je n’avais pas envie d’être trop hermétique. Je parle souvent de nourriture dans mes cours. Une salade plate, c’est juste de gros morceaux de salade et une vinaigrette ; ça ne goûte rien, il n’y a pas de texture. C’est comme une œuvre d’art : une bonne salade, tu vas aller jouer dans les saveurs, dans les textures, tu vas ajouter des croutons ; tu vas y mettre de la vie. J’aime beaucoup parler de la courbe des goûts comme d’une courbe des tons et des saturations. La variation, c’est tellement important en art. J’aimerais que le monde apprenne à être libre. »
À l’aube de la quarantaine, après avoir été champion de la compétition Art Battle en 2015, avoir été invité d’honneur de plusieurs événements artistiques et avoir peint devant des premiers ministres gouvernementaux lors de soirées protocolaires, Mathieu Robert est conscient de son succès. Insatiable, il n’a pourtant pas l’impression d’être encore allé au bout de son potentiel : il aspire toujours à de plus hauts sommets et cherche constamment à relever de nouveaux défis. Ces jours-ci, en plus de ses propres créations – dont il aime diffuser la réalisation en live sur Internet – il travaille d’ailleurs à la mise sur pieds de nouveaux cours. « J’avais déjà mes écoles en ligne, ce qui a été pas pire en temps de COVID. Mais bientôt, j’ai l’Académie Mathieu qui va sortir ; je suis tellement content de ça. C’est six mois de cours, dix minutes de cours par jour. Par contre, ça prend beaucoup de temps de tournage et de montage pour sortir cinq vidéos par semaine. Mais j’ai réalisé récemment qu’on a juste une vie à vivre, qu’il faut augmenter ses standards, qu’on est cent pour cent responsable de ce qu’on fait, autant artistiquement qu’en tant qu’entrepreneur. Je souhaite à tout le monde d’atteindre leur plein potentiel. »
Pour en savoir plus sur les œuvres de Mathieu Robert, ses centres créatifs ou encore son offre de cours en ligne, rendez vous sur mathieurobert.ca, lesatelierscreations.com et cours-dart-en-direct-mathieu-robert.teachable.com.
