Créateur urbain
GATINEAU | JANVIER 2022
De son propre aveu, José Guénette a du mal à se donner le titre d’artiste. Il se considère plutôt comme quelqu’un qui fait de la création. Ayant laissé le domaine de la construction afin de se concentrer davantage sur sa passion, ce « créateur » se fait un devoir de sortir des sentiers battus et d’apporter quelque chose de nouveau au monde de l’art.
Originaire de Mont-Laurier, José Guénette a effectué des études en travail social en Outaouais et a travaillé dans ce domaine pendant trois ans. Il a ensuite évolué dans le domaine de la maçonnerie dans lequel il a exploité sa propre entreprise. L’art a néanmoins toujours occupé une place importante dans sa vie. Ce n’est finalement qu’il y a une dizaine d’années qu’il est devenu artiste professionnel.
« C’est une passion qui m’habite depuis longtemps. J’ai touché à plusieurs styles comme le paysage, l’impressionnisme, le cubisme et le nu. À un moment donné, j’ai décidé de mélanger ce que j’avais appris au niveau artistique, mes intérêts personnels et les matériaux de construction. J’avais fait un fond en lattes de bois et sur le dessus de l’abstraction. C’est à partir de là que je me suis dit que j’avais quelque chose d’intéressant à présenter. J’avais l’impression que c’était nouveau. »
Celui qui est représenté par la Galerie St-Laurent + Hill à Ottawa avoue que ce monde n’était pas du tout le sien au départ. « J’ai toutefois appris à le connaître. J’étais gêné d’entrer dans des galeries parce que je ne me considérais pas comme un artiste. Je ne me considère toujours pas comme tel, mais plus comme quelqu’un qui fait de la création. Je pense que le mot artiste est très large et qu’il est surutilisé. Je me suis toujours posé plusieurs questions. C’est quoi être un artiste? Qu’est-ce que ça veut dire? À quel moment deviens-tu un artiste? Je crois y avoir répondu en partie, mais je ne suis pas sûr que ce soit la bonne définition! »
Il y a quelques années, un appel de la Ville de Gatineau pour de l’art public a attiré son attention. « Je crois que j’étais rendu là dans mon cheminement. J’ai proposé quelque chose et ç’a fonctionné. J’ai fait une grosse murale. C’était la première fois que je réalisais quelque chose d’aussi gros. L’art urbain me fascine et je suis heureux de prendre part à ce mouvement. »
Figuratif
Après avoir exploré plusieurs styles, c’est dans le figuratif que José Guénette a trouvé sa voie. « Je suis quelqu’un qui voyage beaucoup. Je fais attention à ce qui se fait dans la rue. J’adore l’art public, les vieilles choses, l’histoire et l’histoire de l’art. Je ramasse de vieux objets et je me dis qu’à un moment donné ça me servira. J’avais acheté de vieilles photos et sur l’une d’elles il y avait une femme avec une grosse robe et un chapeau haut de forme. J’ai fait mon premier tableau de style figuratif à partir de celle-ci. Je crois que ça m’a pris un an avant de le compléter. Une fois terminé, je suis allé montrer mon tableau à mon galeriste. J’avais un peu peur de sa réaction parce que je passais subitement de l’abstraction au figuratif. Il a toutefois adoré et m’a dit que ça me ressemblait quand même. J’ai continué en ce sens par la suite. »
Lorsqu’il crée, l’artiste s’inspire de tout ce qu’il vit et de ce qu’il voit. « Mon cerveau est à temps plein en mode création sans nécessairement le savoir. Je vais me promener partout et aller chercher tout ce qui peut être intéressant. J’aime réunir les contrastes, aller chercher quelque chose appartenant à un monde et l’intégrer à un autre. »
Il travaille avec plusieurs sortes de matériaux, que ce soit ceux plus typiques comme la peinture à l’huile, la bombe aérosol, l’acrylique, le crayon ou le feutre. Il utilise également le collage et la tapisserie qu’il crée lui-même. Il peut autant utiliser le placage d’érable que le ciment et le béton pour ses sculptures. D’ailleurs, il affirme acheter davantage dans les commerces spécialisés en construction que ceux dédiés à l’art!
Un à-côté
Même si la création prend une grande place dans sa vie, José Guénette n’a pas quitté complètement le monde du travail. Il effectue en effet de la suppléance en enseignement au primaire. « J’ai déjà caressé le rêve de seulement vivre de l’art, mais ça s’est arrêté rapidement et c’est devenu un à-côté. J’ai vécu certaines mauvaises expériences qui m’ont fait réaliser que ce n’était pas facile même si tu travailles fort et que tu crois avoir un bon dossier. J’aime mieux avoir mon travail à temps plein qui me permet d’avoir une certaine liberté artistique. »
Pour lui, le défi d’un artiste aujourd’hui est de toujours chercher quelque chose de nouveau à présenter. « Beaucoup de choses ont été faites au niveau artistique et nous sommes entourés d’images. L’expérimentation, puis trouver un moyen de te démarquer par ta technique et ta façon de voir les choses, je pense que ce sont des aspects importants afin de créer quelque chose d’unique. Le défi est aussi d’être capable de rester intègre et de continuer à croire en ce que tu fais. »
José Guénette prépare actuellement une nouvelle exposition individuelle qui devrait être présentée cet été à la Galerie St-Laurent + Hill. « Il y aura différents personnages. Je veux que ce soit éclaté et que ça étonne les gens. C’est une idée que je caresse depuis longtemps et j’ai hâte qu’elle se concrétise. »