Corde Raide par Stéphanie Perron
Quand j’ai commencé Corde Raide, je n’avais aucune idée de ce qu’était une personne boderline. C’est une personne atteinte du trouble de la personnalité limite. Si vous êtes comme moi et que vous n’êtes pas informée sur cette maladie, elle peut paraître très effrayante. Cependant, l’histoire de Fay nous prouve que ces personnes ne sont pas folles ou dérangées. Disons plutôt qu’ils ont plus de difficulté que d’autres à gérer leurs émotions, surtout lorsqu’elles sont très fortes. Ce roman m’a permis de m’ouvrir les yeux sur ce trouble que je ne connaissais pas. Mais d’un certain sens, aussi sur moi-même.
Comme Fay le dit souvent dans le roman : ça fait mal. À l’intérieur, dans nos tripes, la douleur est présente pour nous aussi. C’est le premier sentiment que j’ai ressenti et c’est ce que j’ai retenu de ma lecture : la douleur intense, difficile à supporter. Elle est plus que présente dans les pages, entre les lignes. Mais aussi étrange que cela peut paraître, elle fait du bien. Pour cela, Stéphanie Perron est douée. Elle arrive avec de simples mots à transmettre toutes les émotions de ses personnages, surtout lorsque c’est douloureux.
Mais il n’y a pas que de mauvaises émotions dans ce récit. À travers l’incompréhension, la colère, l’inquiétude et tous les autres, une lueur d’espoir arrive à percer à travers ce brouillard. Ce récit permet de comprendre non seulement la complexité d’une personne atteinte de ce trouble, mais il permet aussi de nous faire voir comment ces derniers vivent leurs émotions. Par exemple, une des choses que j’ai le plus retenue, c’est la peur de l’abandon qui provient de Fay. Car même si elle est malade et qu’elle n’arrive pas à se contrôler, elle sait au plus profond d’elle-même qu’elle est toxique pour eux. Malgré tout, ils démontrent pour la plupart une énorme résilience envers elle. La raison de celle-ci est la plus belle à mon avis. Ils ne le font pas à cause de sa maladie, mais parce qu’ils veulent sa guérison.
Je sais que beaucoup de personnes liront ce roman en se posant des questions. Certains iront jusqu’à dire que Fay est difficile à suivre et qu’elle est incompréhensible. Je vous rappellerais alors ceci : mettez-vous à la place de Fay et de toutes ces personnes atteintes de ce trouble. Imaginez-vous ressentir une émotion si forte qu’elle vous prend tout en entier et qu’elle vous contrôle. Vous n’êtes plus maître de votre corps ; vous êtes soumise à votre émotion. C’est ce qui se ressemble le plus, selon ce que j’ai compris moi-même. L’auteure commence son roman en utilisant cette comparaison : le trouble de la personnalité limite, c’est comme un volcan en ébullition. On ne sait jamais quand il va exploser, mais quand il explose, il fait de nombreux dégâts. Cette phrase a marqué mon esprit.
Bien que ça peut sembler difficile à comprendre, une des choses que j’ai le plus adorées dans ce roman, c’est de voir Fay dépérir. J’ai aimé que l’auteure montre le pire qui peut arriver à son personnage, car ça m’a donné l’impression qu’il s’agissait là d’une source d’espoir. Elle a montré le pire qui pouvait arriver pour par la suite montrer le meilleur. J’ose croire qu’une personne démontrant des symptômes de cette maladie regarderait Fay chuter et se dire qu’elle ne voudrait pas en arriver là. J’aime croire que de montrer le pire va donner le goût à un lecteur d’aller chercher l’aide avant de finir comme Fay.
Mais j’ai trouvé que le fait de montrer le pire de cette jeune adolescente a permis de voir sa réhabilitation avec beaucoup plus de force. Sincèrement, de la voir aller mieux après avoir eu si de complications est d’une satisfaction sans nom. Mais surtout, j’ai trouvé que c’était encore plus près de la réalité que si elle avait simplement eu quelques petits problèmes sans importance.
Cependant, si je dois trouver une seule chose qui m’a marquée plus que tout dans le roman, ce serait le nombre d’informations dans ce roman. Bien qu’il s’agisse d’un roman haut en montagnes russes niveau émotionnel, il est aussi très représentatif de la maladie. L’auteure a donné une véracité tellement forte à son texte qu’il est impossible de finir ce livre sans comprendre ce qu’est le trouble de la personnalité limite. Mais elle ne fait pas que décrire cette maladie. Elle donne aussi toutes les ressources possibles pour s’en sortir via son personnage. Après ma lecture, je vois ce livre comme une perche que l’auteure tendait aux autres. Comme s’il était une béquille pour quelqu’un qui apprendrait de nouveau à marcher.
Le personnage de Catherine est mon protagoniste préféré. Elle est ce que toute personne devrait avoir dans sa vie. Toujours présente pour Fay, elle ne se gêne pas pour lui dire le fond de sa pensée, même si cela peut déplaire. Elle est aussi la preuve que l’on ne doit jamais se rendre malade pour une personne qui ne souhaite pas s’aider.
Au final, Corde Raide est un roman percutant. Bien que je ne connaissais pas le trouble que l’on parle avant de lire ce livre, il démontre parfaitement la difficulté de vivre tous les jours avec cette maladie. Cependant, il est réellement douloureux à lire. Alors, soyez près pour les montagnes russes que vous allez ressentir. À mon avis, Stéphanie Perron a su mettre les mots excellents pour faire découvrir ce sujet.
Sachez seulement une chose : toutes les maladies mentales sont importantes. Personne ne devrait avoir peur d’être fou. Tous les troubles devraient sortir de l’ombre. Pour cela, je remercie Stéphanie de m’avoir éclaircie sur ce sujet.