Concours de circonstances

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Photo : Patrick Duchesne
8 février 2022

Concours de circonstances

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Photo : Patrick Duchesne
8 février 2022
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ALEXANDRE DOSTIE

Concours de circonstances

Rédaction : Claudia Fortier
Photo : Patrick Duchesne
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TROIS-RIVIÈRES, QC | FÉVRIER 2022

La carrière cinématographique d’Alexandre Dostie n’en est encore qu’à ses débuts, mais ce dernier a déjà été récompensé à de nombreuses reprises au pays et à l’international pour ses deux premiers courts-métrages, gagnant ainsi la faveur des critiques. Cinéaste et poète autodidacte, il adore par-dessus tout raconter des histoires qui interpellent les gens et dans lesquelles ils se reconnaissent.

Originaire de la Beauce, c’est à Trois-Rivières que l’artiste s’est établi et où il a trouvé sa place il y a plus de dix ans. « J’y ai étudié en communication sociale, mais je ne savais pas à ce moment ce que je voulais faire de ma vie. Avec des amis, nous avons monté un projet pour la télévision communautaire et c’est comme ça que j’ai commencé à toucher à la caméra. C’est un concours de circonstances qui m’a amené à faire du cinéma. »

N’ayant pas étudié dans ce domaine, il s’agissait avant tout d’un rêve impossible pour lui. Pas vraiment du type cinéphile, il voyait ce monde plutôt compliqué et difficile à atteindre. Après un passage de trois ans à Montréal où il ne se plaisait pas, il est retourné à Trois-Rivières. Une amie qui lançait une compagnie de distribution de courts-métrages (Travelling) lui a alors proposé un emploi.

« Je ne connaissais rien en distribution, mais j’avais besoin d’argent ! Tranquillement, je me suis rendu compte que le court-métrage est une porte d’entrée dans le cinéma, mais à échelle humaine. J’avais aussi des histoires à raconter, alors j’ai décidé de tenter le coup et j’ai commencé à travailler sur mon premier film. »

Selon Alexandre, le déclic s’est réellement fait lors d’un voyage au Mexique juste avant son retour à Trois-Rivières. « J’avais 23 ans et je faisais de la vidéo corporative, mais ça mangeait mon âme et ça tuait ma créativité ! Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie, mais j’étais certain que ce n’était pas ça. Au Mexique, je me suis mis à écrire de la poésie et à avoir des idées de films. »

Après une websérie intitulée Sainte-Cécile et lancée en 2011, le cinéaste a commencé à travailler sur son premier court-métrage, Mutants, sorti en 2016. Celui-ci a notamment remporté le prix du meilleur court-métrage canadien au Festival international du film de Toronto ainsi qu’à Whistler en Colombie-Britannique, celui du meilleur réalisateur et court-métrage international à Figari en Italie, en plus de remporter les honneurs aux Prix Écrans canadiens et au Gala du cinéma québécois dans sa catégorie. Sa deuxième production, intitulée Je finirai en prison, a quant à elle remporté une trentaine de distinctions au pays et à l’international.

Son premier recueil de poésie, Shenley (en référence à son village natal Saint-Honoré-de-Shenley), est quant à lui paru en 2014. « Quand je suis revenu à Trois-Rivières, j’ai rencontré les organisateurs du Off – Festival de poésie et ce sont devenus des amis. Je me suis impliqué et je me suis mis à tester mon matériel. La poésie, c’est très accessible et personnel, ça n’a pas besoin de répondre à des codes, c’est ce qui me plaît. »

Autodidacte, il croit que c’est seulement de cette façon qu’il aurait pu devenir artiste. « Pour moi, l’art est une vocation. Je ne suis pas toujours bon dans ce que je fais, mais même lorsque je ne suis pas bon et que je suis découragé, je me demande ce que je ferais d’autre ? Il y a un mystère dans la poésie et le cinéma qui, tous les jours, renouvelle son appel et je n’ai pas le choix d’y répondre. »

Le sujet de l’identité est un thème récurrent dans les œuvres d’Alexandre Dostie. On y retrouve entre autres des questionnements sur l’amour, la mort et la liberté. « J’aime la tragédie. Quand j’étais jeune, j’adorais la Grèce antique et comment le monde s’articulait autour de grands récits. Il y a de belles histoires à raconter quand on ne prend pas tout au premier degré, des histoires qui parlent de nous. »

Il y a également une part de lui-même dans tout ce que l’artiste crée, parfois près de l’autobiographie et d’autres fois des bribes inspirées de sa vie. « Quand j’écris, je me bute à moi-même. C’est semblable à une thérapie parce que je vais dans des zones plutôt inconfortables ! C’est ce qui est remarquable aussi avec ce métier parce que lorsqu’on se commet vraiment, ça nous pousse à nous questionner, probablement pour le mieux. »

Le cinéaste travaille depuis deux ans sur l’écriture de son premier long-métrage, un projet qui l’enchante, mais tout de même exigeant. « J’ai déjà dépassé tous les échéanciers de mon producteur. Je sens toutefois que je m’approche de la version finale. Mon but est de faire des films à la fois profonds et divertissants. Je veux que mon père puisse les regarder et les recommander à ses amis. En même temps, je veux que les cinéastes que j’estime le regardent et y constatent la profondeur. »

Son prochain recueil de poésie devrait être publié l’été prochain et il a de plus commencé à travailler sur un roman, par temps perdu, dit-il ! Pour découvrir l’univers d’Alexandre Dostie, c’est par ici : alexandredostie.com

 

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