Chanter pour le moment présent

gebe
Photo : Patrick Duchesne
8 février 2022

Chanter pour le moment présent

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Photo : Patrick Duchesne
8 février 2022
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CAID JONES

Chanter pour le moment présent

Writing : André Gauthier
Photo : Patrick Duchesne
Traduction : Patrick Duchesne
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WINNIPEG, MB | FÉVRIER 2022

Caid Jones, originaire du Manitoba, fait des vagues dans tout le pays. Étoile montante de la communauté hip-hop canadienne, Jones tente de se faire entendre, que ce soit par sa musique, ses paroles ou une émission de radio nouvellement lancée.

Le jour où Jones a foulé la scène, la carrière d’un jeune rappeur en herbe prit alors son envol. Citant Eminem parmi ses nombreuses influences, il a autopublié son premier EP No Distractions Please, le 25 juin 2021. Il lui a fallu huit mois de planification pour arriver au point où il était à l’aise de sortir l’EP. « L’expérience de la création a été à la fois thérapeutique et un vrai défi. J’ai énormément appris sur moi-même ainsi que sur l’industrie de la musique en créant cet album et en planifiant sa sortie » , admet-il, repensant à ses premiers pas en tant qu’artiste entrepreneur.

En novembre dernier, il sortait Run it. Une collaboration avec son collègue artiste Mattmac avec qui il a développé une grande amitié. « Mattmac est un gars vraiment formidable, toujours prêt à aider les gens en lien avec l’industrie de la musique. » N’ayant jamais peur de relever de nouveaux défis, Jones a cofondé son label PayAttention Records l’année dernière. « Le plus grand défi dans le démarrage de ce label est d’essayer de tout faire soi-même. Ce fut une expérience enrichissante, mais aussi une leçon d’apprentissage puisque j’ai découvert qu’il est impossible d’effectuer toutes les tâches en même temps sans jamais prendre de pause. »

D’origine crie et irlandaise, Jones sait qu’il a l’opportunité de faire entendre sa voix aux gens qui n’ont pas sa chance. « Avoir ce privilège et toucher des personnes marginalisées a toujours été une priorité pour moi. J’ai un héritage fier et je m’assure de défendre les problèmes mondiaux entourant ma lignée indigène », dit-il. Pourtant, il lui a fallu des années pour enfin accepter cette lignée. « Durant ma jeunesse, la stigmatisation derrière le fait d’être autochtone était omniprésente, surtout lorsque vous avez grandi à Winnipeg. Dans cette ville, les effets du colonialisme peuvent être vus nuit et jour. J’ai toujours eu peur de mon ascendance autochtone au point de la cacher aux yeux des gens », admet-il.
« En 2014, j’ai assisté à certaines cérémonies et c’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre et à finalement accepter ce qu’était la réelle signification d’être autochtone. J’ai ouvert les yeux sur les nombreuses luttes auxquelles nous avons été confrontés tout au long de l’histoire. À ce jour, je suis toujours aussi passionné et empressé d’aider ces communautés.

Dernièrement, Jones a remarqué une nette augmentation du soutien dans sa propre province, le Manitoba. D’un océan à l’autre, de plus en plus de gens sont maintenant conscients et ouverts à l’impact positif que les artistes autochtones peuvent avoir. « Il y a maintenant trop longtemps que la voix de notre peuple est réduite au silence. C’est donc agréable de voir ses nombreux artistes talentueux tenter d’exprimer leurs vraies couleurs et de s’épanouir. »

Toutefois, Jones lance un avertissement, soit de ne pas se laisser berner par les dirigeants de l’industrie qui pourraient être tentés d’encourager des artistes d’origine autochtone pour de mauvaises raisons. « Une chose à laquelle nous devons faire attention est la symbolisation en tant que peuple. De nombreuses entreprises cherchent à remplir un rôle de soutien aux peuples autochtones, car cela aide leur entreprise. Mais en fin de compte, elles n’ont pas vraiment nos intérêts à l’esprit. Elles souhaitent être représentées afin d’aider à obtenir du financement ou simplement améliorer leur image. Nous devons donc nous assurer que ces entreprises veulent vraiment aller de l’avant avec la réconciliation. Que nos voix soient entendues, pas seulement comme une opportunité pour aider leur organisation à se développer. »

Être rappeur, producteur, auteur et activiste ne sont pas les seuls chapeaux que porte Caid Jones. Il a récemment commencé à animer sa propre émission de radio. « Je ne suis pas une personne polychrone, dois-je spécifier. Par contre, comme que je suis TDAH, le fait de me concentrer sur plusieurs choses en même temps m’aide grandement. » Cependant, jongler avec toutes les différentes tâches peut parfois être difficile, mais Jones estime que chacune d’elles l’aide à réaliser ses rêves. Laquelle fait ressortir le meilleur de lui ? « Pour mon travail, je dirais qu’elles ont toutes leur importance en ce qui a trait à faire ressortir le meilleur de moi car elles sont responsables de la personne que je suis devenue », conclut-il.

 

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