Ce son qui nous lie
« Parce que l’homme est l’être de liaison qui doit
toujours séparer, et qui ne peut relier sans avoir
séparé — il nous faut d’abord concevoir en esprit
comme une séparation l’existence indifférente de
deux rives, pour les relier par un pont. Et l’homme
est tout autant l’être-frontière qui n’a pas de frontière. »
Georg Simmel, « Pont et porte »,
La tragédie de la culture, 1988
SHERBROOKE | FÉVRIER 2018
Lithium Bridge est une formation sherbrookoise composée de quatre jeunes hommes au début de la vingtaine. Loin d’être novices, toutefois, ils proposent un son recherché et une symbiose à point entre les éléments du groupe.
Un lundi soir, alors qu’ils peaufinent leur matériel en vue du lancement prochain de leur premier EP, je leur passe un coup de fil. C’est d’abord le chanteur et guitariste, Charles Ratté, qui me raconte les origines de la formation. Mais puisqu’il fait quelques erreurs chronologiques en situant la fin de leur secondaire en 2015, le guitariste et cofondateur du groupe, Vincent Dion, le ramène à l’ordre : « En 2013, j’ai débuté le cégep, chum! » Quelques éclats de rire donnent le ton de cette entente toute fraternelle, qui rappelle le dialogue mélodieux entre leurs guitares.
C’est donc en 2013 que les comparses commencent à jouer ensemble pour le plaisir. Un an plus tard, ils composent des chansons. Selon eux, le tournant majeur pour leur groupe a eu lieu l’année dernière, alors que Mathias Clerc (basse) et Marc-Antoine Paul (batterie) joignent Lithium Bridge. Le son recherché depuis quelques années entre à leur service.
Depuis, un pont entre différents univers prend forme. Quelques premiers prix, dont celui du I’LL Musik 2017, font foi de la justesse des transformations apportées à la formation.
Le pont qui fait du bien.
Symbole de l’équilibre, pour eux, et utilisé pour traiter les épisodes maniaques du trouble bipolaire, le lithium constitue l’élément chimique parfait pour qualifier ce pont (bridge) qu’ils proposent entre la musique et le public. « Nos pièces comportent plusieurs niveaux, de dire Vincent Dion. On essaie de faire un lien entre ce qui relève du domaine populaire et ce qui s’avère plus réfléchi. »
Cette sensibilité pour la réflexion n’est sans doute pas étrangère à leur statut d’universitaires. « On étudie tous ou on a tous déjà étudié en musique, admet Charles Ratté. On peut certainement effectuer des liens entre la sphère scolaire et notre projet. Par exemple, je m’intéresse au marketing en musique, alors j’essaie toujours d’appliquer mes connaissances dans le band. Et c’est la même chose pour les autres. »
De fait, un coup d’œil à l’aspect visuel de leurs outils de communication confirme un grand souci du détail.
EP en route
« Ce qui nous manquait était ce EP, une carte de visite nous permettant de nous faire connaître et de nous booker dans différentes villes », pense Vincent Dion. Charles Ratté ajoute que les cinq pièces qui s’y retrouveront leur procureront une meilleure visibilité auprès du public, tout en leur offrant un répit afin de travailler sur du nouveau matériel.
Bien que l’étiquette indie rock convienne parfaitement à leur production, y apposer l’adjectif « planant » la circonscrit davantage selon eux. L’amalgame entre les influences populaires et progressives est notable. « En spectacle, on teinte souvent nos sets d’un petit cover de Mac DeMarco ou de Tame Impala, par exemple, pour dire coucou à la culture populaire de notre temps », conclut Mathias Clerc.
Enfin, la page Facebook du groupe Lithium Bridge contient toutes les actualités le concernant. Le EP « RID » sera offert dès le 17 février sur toutes les plates-formes musicales virtuelles. Des exemplaires physiques seront également en vente ; tout ça, sans parler du site Web en construction. L’année 2018 sera, en somme, très chargée.