Briller dans l’ombre

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Photo : William Saumur
14 juin 2020

Briller dans l’ombre

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Photo : William Saumur
14 juin 2020

VICTOR TREMBLAY-BLOUIN

Briller dans l’ombre

Rédaction : Léa Villalba
Photo : William Saumur
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MONTRÉAL | JUIN 2020

Après des débuts difficiles dans le milieu du cinéma, Victor Tremblay-Blouin s’est révélé dans une toute nouvelle carrière, celle de directeur de casting. Depuis le vif succès du film Fauve (2018) de Jérémy Comte, le jeune homme de 28 ans enchaîne aujourd’hui les contrats. 

Parle-nous de ton parcours.

J’ai commencé en tant que comédien. Vers 17-18 ans, j’ai intégré une agence puis j’ai fait de la figuration, des 3e rôles, parfois des 2e rôles, mais ça n’a jamais vraiment fonctionné plus que ça. J’étais pas très bon en audition, je trouvais ça toujours stressant et ça m’intimidait beaucoup. 

Donc tu as décidé d’abandonner le milieu ?

Déjà pendant que j’étais à l’école de théâtre, j’avais pas envie de devenir le prochain grand comédien, je laissais beaucoup la place aux autres. J’étais plus un bras droit, j’aimais regarder, observer. Donc j’ai changé complètement de voie pour faire de la massothérapie et j’ai travaillé là-dedans pendant 4 ans. 

Comment le métier de directeur de casting est venu à toi ?

Jérémy Comte, c’était mon coloc de 2015 à 2017. Je le voyais choisir ses comédiens et je voulais l’aider. Je connaissais un peu le milieu et je savais comment ça fonctionnait. Donc pour son film Ce qu’il reste (2016), on a fait des auditions ensemble.

À quoi ressemblaient ces auditions ?

Je m’amusais à déconstruire un peu l’audition stressante. J’incluais beaucoup d’improvisation pour aller à l’extérieur du texte, aller plus loin et découvrir davantage la personne en tant que telle. 

Qu’est-ce qui s’est passé après cette première expérience?

J’ai aidé d’autres amis sur plusieurs projets, tout en continuant à travailler en massothérapie. Puis en février 2017, il y a eu le projet de Fauve de Jérémy. Ça, c’était mon premier casting payé à vie. On est allés dans les écoles secondaires à Thetford Mines, on a fait des auditions, des entrevues puis on a trouvé nos deux comédiens.

Et une fois que Fauve est sorti ?

Une fois que Fauve est sorti, c’était fou. Il a été sélectionné dans plus de 80 festivals dans 175 pays dans le monde. J’ai même eu la chance d’aller aux Oscars ! Après ça, j’ai arrêté la massothérapie pour me consacrer pleinement au casting. 

À quoi ressemble ton travail ?

Ça dépend. Parfois je suis chaperon sur les tournages. Pour Fauve par exemple, je m’occupais des enfants sur le plateau, je donnais des conseils, je les préparais à une scène sans pour autant intervenir dans le travail du réalisateur. J’essayais de provoquer une émotion sans la mettre en lien avec l’histoire du film. J’ai aussi chaperonné pour le court métrage de Kristof Brandl Take Me To A Nice Place.

Parfois, je fais seulement le casting par exemple pour Edith Jorisch et son film Tibbits Hill. Je l’ai aussi fait pour le clip Hurts 2B Human de Pink, un mois après les Oscars. C’était mon premier gros contrat à l’international, c’était vraiment stressant. Mais je pense qu’on doit apprendre sur le tas.

Qu’est-ce que t’aimes de ton travail ?

J’aime vraiment être impliqué dans les productions, être sur le tournage, prendre soin des gens. J’aime créer des belles équipes, la synergie entre les gens. Puis dans le côté casting, j’aime donner la chance à des gens qui ne l’auraient peut-être pas eu. Aujourd’hui par exemple, j’ai offert un rôle à un homme qui ne pensait jamais être comédien, il était tellement content ! C’est ce que j’aime de ce métier. 

Penses-tu qu’il y a un manque de diversité dans le cinéma québécois ?

Oui, au Québec, je pense que les mêmes personnes ont souvent les mêmes rôles. Beaucoup de personnes ont le monopole de plusieurs castings, notamment en télévision. Mais il y a de jeunes réalisateurs et directeurs de casting qui font bouger les choses. Je pense que c’est en train de changer et c’est tant mieux. 

Aujourd’hui, ça ressemble à quoi ton quotidien?

Aujourd’hui par exemple, j’ai passé la journée à construire un horaire. J’ai 60 auditions à booker, j’en suis à 47. J’ai dû confirmer les comédiens, appeler les producteurs pour négocier les cachets, manifester mon intérêt pour certains comédiens à des agences… En gros, je fais le pont entre l’agent et l’équipe de production que ce soit pour des projets de publicité que pour des projets de courts-métrages ou de longs-métrages.  

À quoi ressemblent tes projets d’avenir?

Je vais travailler sur le prochain long métrage de Jeremy Comte, qui va être tourné au Québec et au Ghana. Ça va être mon prochain gros projet pour l’année. Sinon, je suis en pourparlers avec d’autres personnes, mais je ne peux encore rien confirmer.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

J’aimerais avoir de l’aide parce que gérer parfois jusqu’à cinq productions en même temps, ça fait en sorte que je n’ai plus de vie. Ça, c’est vraiment difficile donc j’espère pouvoir agrandir et avoir des gens qui vont m’aider là-dessus. Puis, vers ma fin trentaine ou début quarantaine, j’aimerais aussi réaliser, c’est une chose à laquelle je pense de plus en plus. J’aimerais produire aussi. Mais pour l’instant, je veux continuer à travailler en casting et essayer d’avoir le plus de collaborations positives possible.

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