Au service de la beauté de l’image

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Photo : Josée Houle
14 juin 2020

Au service de la beauté de l’image

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Photo : Josée Houle
14 juin 2020

W. V. SAUMUR

Au service de la beauté de l’image

Rédaction : Étienne Bergeron
Photo : Josée Houle
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MONTRÉAL | JUIN 2020

La polyvalente carrière de W. V. Saumur est le fruit d’un merveilleux concours de circonstances. D’abord passionné de mise en scène – il a d’ailleurs étudié le théâtre à l’école secondaire et au cégep – ce n’est que plus tard que le cinéma et la photographie se sont taillé une place au cœur de sa pratique artistique. Cela dit, ce qui peut aujourd’hui paraître un parcours hasardeux relève en fait d’une grande cohérence inconsciente, toutes ces activités étant reliées par une passion commune : la composition de l’image et la recherche de beauté.

Originaire de Magog, William a toujours baigné dans le milieu artistique estrien. C’est d’ailleurs à force de côtoyer ses gens qu’il s’est fait offrir un premier contrat de réalisation : un vidéoclip pour le groupe sherbrookois Eager Dance. C’est aussi cette expérience initiale qui l’a motivé à s’inscrire au programme – très contingenté – de cinéma de l’UQAM. Bien qu’il soit peu recommandé de présenter un vidéoclip pour ce genre d’admission, William n’en a fait qu’à sa tête, ce qui, admet-il aujourd’hui, relevait d’une grande naïveté – laquelle n’en est pas moins essentielle au geste créateur, précise-t-il. Cette audace, combinée à son talent et à la qualité de son travail, lui auront tout de même permis de se démarquer du lot et de faire partie des quelques privilégiés à être sélectionnés. Ces quelques années d’étude ont entre autres permis au jeune cinéphile de prendre conscience qu’il maîtrisait déjà instinctivement une grande part du langage cinématographique. Une confirmation – s’il en fallait une – qu’il était là bien à sa place.

Les projets se sont ensuite enchaînés. Toujours dans le domaine du vidéoclip, il a continué à collaborer avec Eager Dance, mais aussi avec Virginie B. et la formation folk Excavation & Poésie. Rapidement, par contre, il a senti le besoin d’explorer un rapport à l’image différent de celui, très typé, du vidéoclip. C’est alors que le court-métrage, mais aussi la photographie (à laquelle il n’avait jamais prévu s’adonner), se sont hissés en tête de ses activités artistiques, lui permettant d’aborder à la fois l’image fixe et en mouvement. Petit à petit, au fil de ses projets, il a pu développer une esthétique singulière et se faire connaître de ses pairs. On identifie aujourd’hui sa touche nihiliste à travers les univers lourds et froids qu’il crée. Bien qu’il se dise d’abord inspiré par les lieux lorsqu’il crée un nouveau film, ce qui le passionne en fait, c’est l’être humain dans toutes ses dimensions et contradictions. C’est pourquoi il travaille surtout le portrait en noir et blanc dans ses photos, et qu’il affectionne tout particulièrement le court-métrage, dans lequel il peut développer des personnages, des psychologies et des histoires.

Son premier film Arcade (2018), dans lequel il expérimente le symbolisme chromatique, a été écrit et réalisé un peu à l’aveuglette alors qu’il achevait ses études. Accompagné d’une bonne équipe, dont une productrice qui s’est jointe au projet en cours de processus, William a pu présenter son court-métrage en Angleterre et au prestigieux festival Fantasia de Montréal. Mais au-delà de la réception positive qu’a reçue son film, ce qu’il a retiré de cette première expérience est un grand apprentissage. Comme il le dit lui-même, un bon réalisateur est quelqu’un qui doit savoir s’impliquer dans tous les départements que nécessite la création d’un film. C’est pourquoi il lui importe d’être un touche-à-tout, afin de développer un langage commun qui facilitera sa collaboration avec le reste de son équipe. C’est aussi ce qui lui a donné la conviction de se lancer rapidement dans un deuxième projet plus ambitieux : Cry Wolf (2019), un film de loup-garou où les effets spéciaux occupent une place importante. À son avis, si le court-métrage a été une aussi bonne école pour lui à travers les années, c’est parce que bien qu’il ait ses codes spécifiques, ce genre de film coûte lui aussi très cher et requière l’utilisation des mêmes techniques et du même matériel qu’un long métrage ; un format auquel plusieurs aspirent, lui compris.

Ces derniers mois, une grande part de son temps a été consacré à la promotion de Cry Wolf, qui a été projeté dans plusieurs festivals à travers le monde, en plus d’être récompensé par de nombreux prix. Bien que ce travail se poursuive encore ces jours-ci (avec une projection prévue pour l’automne en Roumanie), cela ne l’empêche pas de plancher sur de nouveaux projets en parallèle, parmi lesquels se trouve une idée de long métrage. Mais il attendra que ce projet soit bien mûr pour faire le saut de l’autre côté de la clôture ; d’ici là, le côté plus permissif que lui offre un troisième court métrage lui sied parfaitement.

Pour en savoir plus sur W. V. Saumur, jetez un œil à ses pages Vimeo et Instagram.

 

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