Au gré du courant
DRUMMMONDVILLE | NOVEMBRE 2015
C’est sur un bateau, le Barbizon, que Jennifer Hélie puise l’inspiration pour ses œuvres. Nous nous sommes rendus à la rivière Saint-François pour en savoir plus au sujet du parcours unique de cette amoureuse du mouvement impressionniste.
Jennifer ne fait pas les choses à moitié. Une dizaine d’années d’études en histoire de l’art et des beaux-arts à l’européenne peuvent déjà nous en convaincre. Ayant embrassé l’impressionnisme contemporain, elle décide d’abord, à l’instar des grandes figures du mouvement (dont Monet), de sortir son matériel dehors, près de la rivière. « J’aime beaucoup le matiérisme et les mouvements rebelles. Je peins ce qui est vivant. Je me laisse influencer par la nature, et c’est ce qui m’a intéressée de l’impressionnisme », explique-t-elle.
Son travail particulier avec la matière constitue d’ailleurs ce qui la distingue et lui permet d’être représentée par la Galerie du Mont Sainte-Anne, ainsi que par Axart. Le travail des masses et non des lignes, la juxtaposition des couleurs pures et la contemplation qualifient l’écriture picturale adoptée et développée par Jennifer.
Or, la peintre voit toujours de plus en plus grand, et les rives de la rivière ne suffisent plus à l’inspirer.
Barbizon
Le Barbizon, du nom du hameau français où est né le mouvement impressionniste, constitue le bateau-atelier où l’artiste peint tout l’été. « Monet, à son époque, à bord d’une barque-atelier, peignait ses Nymphéas sur son étang à Giverny », rapporte-t-elle.
L’idée de faire de même lui vient lors d’une journée de grande chaleur. En plongeant dans la rivière pour se rafraîchir, elle voit la flore marine et les berges d’un nouveau point de vue. « Je me suis demandé s’il était possible de peindre sur l’eau de façon contemporaine, au Québec, considérant notre climat. » Après quelques recherches, elle constate que personne ne le fait. Alors, pourquoi ne pas tenter le coup?
Le Barbizon est inauguré en juin 2015. Elle y peint et y produit aussi des esquisses. Le bateau-atelier s’avère également accessible au public qui désire rencontrer l’artiste et en apprendre plus sur son travail. L’embarcation figure déjà dans le circuit des ateliers, galeries d’art et musées de la MRC de Drummond.
Puisqu’elle navigue un peu partout sur la rivière Saint-François, Jennifer suscite beaucoup de réactions. « Les gens trouvent ça extraordinaire. Parfois, ils s’arrêtent avec leur ponton. Il y a du ski nautique et de la moto marine; il se passe toutes sortes de choses autour de moi. Il y a même un aigle, un grand héron et un castor qui sont venus me voir », dit-elle en riant.
Après l’inauguration du Barbizon, des invitations pour des entrevues à la radio et à la télévision surgissent; le projet comme son instigatrice piquent la curiosité. Ce qui fascine, selon elle? Le fait que sa démarche constitue aussi une nouvelle façon pour l’art d’aller vers les gens. « Plusieurs personnes ne se rendront jamais dans une galerie d’art, car elles n’osent pas. Grâce au bateau, je peux partager ma passion avec de nouveaux individus. »
Résultats
L’expérience lui a, entre autres, permis d’observer et de peindre des plantes aquatiques qu’elle n’avait jamais vues auparavant sur la rivière drummondvilloise. « Je ne regarde plus la nature de la même façon. J’ai eu à lutter contre les éléments, que ce soit le vent, la pluie ou les vagues. J’ai perdu mon matériel et j’ai même dû me faire remorquer », dit-elle au sujet des aléas rencontrés.
Quatre œuvres sont présentement issues de l’aventure, de même qu’une série d’esquisses qui lui permettront de poursuivre sa production cet hiver.
Une exposition de tous les tableaux nés sur le Barbizon aura lieu au printemps 2016 à la Maison de la culture de L’Avenir.