Au bout du conte

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Photo : Les Maximes
13 décembre 2017

Au bout du conte

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13 décembre 2017

JEAN-PIERRE APRIL

Au bout du conte

Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : Les Maximes
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SAINT-LUCIEN | NOVEMBRE 2015

« Apprendre à décoder des langages qui le dépassent est l’un des premiers apprentissages chez l’écrivain en grain. Ne jamais se limiter aux discours qui se laissent comprendre facilement. Ce sont des leurres, sinon des menteries. »

– Jean-Pierre April, Travailleur du texte

Enseignant au Cégep de Victoriaville pendant une trentaine d’années, Jean-Pierre April est maintenant installé à Saint-Lucien. Certains diront que l’important demeure d’avoir conservé ce « travailleur du texte » au Centre-du-Québec. Or, à la lecture du recueil de contes Méchantes menteries et vérités vraies, il semble que la région fasse partie de l’homme autant que l’inverse.

Reconnu dans les années 1980 pour ses romans d’anticipation sociale à saveur satirique, Jean-Pierre April a pris congé de l’écriture pendant une dizaine d’années pour revenir en force, avec des récits plus réalistes, au moment de sa retraite de l’enseignement.

Depuis 2006, huit livres portent sa signature, dont Les Ensauvagés et Histoires humanimales, publiés aux Éditions XYZ. Les romans et les nouvelles se sont enchaînés au fil des ans, mais voici qu’il nous propose un recueil de contes. L’ouvrage a été lancé en septembre dernier, à La Gamacherie de Norbertville, lors d’une soirée où plusieurs conteurs ont donné vie aux histoires de Méchantes menteries et vérités vraies.

Pourquoi ce nouveau genre? Simple concours de circonstances, nous explique-t-il. Tout commence par une invitation de VLB à produire une anthologie de contes et légendes du Québec. Sa tâche consiste à présenter les récits provenant du Centre-du-Québec. La rareté de contes écrits propres à la région le conduit dans les archives de différentes bibliothèques centricoises, et rend nécessaires plusieurs entretiens. « J’ai rencontré un conteur et historien qui n’écrit pas, mais qui a beaucoup de bagout et de connaissances de l’histoire non officielle des gens du Centre-du-Québec. » Celui-ci lui raconte maintes histoires, dont les sujets ne figurent pas dans les textes recueillis pour l’anthologie. L’écrivain voit alors poindre la matière pour composer ses propres contes.

Dans le temps

Avec Méchantes menteries et vérités vraies, April ne se place pas tout à fait en rupture avec ses ouvrages précédents. « Il existe des similitudes, dont le jeu avec un récit à saveur historique », note-t-il. Dans les deux cas, l’histoire racontée s’avère indissociable de l’époque à laquelle elle se déroule. D’ailleurs, dans son récent recueil, le premier conte se déroule à la fin du XVIIIe, et le dernier le 15e), dans le cadre des fêtes du 200e anniversaire de Drummondville.

Jean-Pierre April l’admet d’emblée : il y a une portée sociale dans tout ce qu’il écrit. « L’évolution de la société, les mœurs, les conflits, les différents pouvoirs qui s’affrontent, le peuple par rapport aux autorités, voilà autant d’éléments qu’on retrouve dans la science-fiction et dans le conte tels que je les pratique. »

D’après ce que j’ai su

Le conte écrit ne possède pas tout à fait les mêmes particularités que le conte oral. « Le style populaire québécois y est présent, mais ça reste de l’écrit, nuance l’écrivain. Il n’y a pas de joual proprement dit. On retrouve, par exemple, des termes comme “menterie” plutôt que “mensonge”. L’oralité réside dans plusieurs petits détails. » Il ajoute que, pour lui, une importante particularité du genre consiste à raconter des événements extraordinaires comme s’ils étaient vrais, en s’appuyant sur des témoignages ou en se plaçant à la barre des témoins. « Il faut s’adresser à un lecteur. Sur scène, c’est plus facile, car le spectateur est là et on voit ses réactions. À l’écrit, il faut l’imaginer et transposer nos paroles pour un spectateur absent. »

Pour établir le contact, il faut aussi surprendre, développer des personnages hors norme et les placer dans des situations extraordinaires. Parfois inspirés de faits réels, d’autres fois inventés de toutes pièces, les contes de Jean-Pierre April tiennent autant du réel que de l’imaginaire, ce qui laisse aux lecteurs le loisir de faire la part des choses.

Un recueil de nouvelles également basées sur notre région devrait paraître en 2016, de même qu’un roman introspectif. Méchantes menteries et vérités vraies est en vente au hamac.qc.ca.

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