Attention : poète sans discipline
VICTORIAVILLE | AVRIL 2016
Après Volume 1 (un album), Centre-Sud (un EP), Savoir qu’on fait le mal (un single) et Face Barlot || Face Bolduc (une split cassette), voici que Bolduc Tout Croche retourne à la source en proposant l’album Volume 2. Trois années se sont écoulées, mais l’authenticité du son lo-fi et des textes signés Simon Bolduc demeure fidèle au rendez-vous.
Bolduc Tout Croche origine de la rencontre entre Simon Bolduc et un enregistreur à quatre pistes. À cette union s’ajoutent Marc-Antoine Sévégny (batterie) et Andrea Mercier (contrebasse, basse et voix).
Pour ceux qui ne connaissent pas Simon Bolduc, un petit retour en arrière s’impose. Natif de Victoriaville, l’artiste foule la scène pour la première fois, hors du contexte scolaire, au Vieux St-Pierre. « Michel Dumais m’avait offert l’espace pour une soirée. J’étais très jeune et lui, à la recherche de sang neuf. J’ai ensuite continué à écrire des chansons, puis j’ai mené quelques projets, dont L’Orpailleur, une première expérience en studio. Pendant mon parcours au cégep, j’ai offert beaucoup de spectacles à Victoriaville, puis je suis parti étudier à Montréal », raconte-t-il.
Un baccalauréat en philosophie transforme complètement sa façon d’aborder la création. La langue populaire l’attire davantage et il assume de plus en plus ses propos. « La philosophie rejoint tous les domaines de réflexion et je voulais doter mes paroles d’une réelle profondeur, même en adoptant une langue verte », explique-t-il.
Un été parsemé de travail à l’usine, de chômage et de grosses cannettes de bière sert de contexte à l’enregistrement maison, par pur plaisir, de certaines pièces. « Un enregistreur “4 tracks” trônait toujours sur le coin d’un piano chez moi. Et, dans un appartement, on trouve plein de machins pour faire du bruit. J’ai produit plusieurs chansons avant de préparer une démo et de la présenter à Marc-Antoine Sévégny », se rappelle-t-il.
Bolduc Tout Croche voit ainsi le jour. Andrea Mercier et Benoît Parent se joignent au projet, et un premier opus paraît en pleine grève étudiante, en 2012, événement qui teinte l’ouvrage. L’album Volume 1 est officiellement lancé en 2013; Volume 2 doit suivre, mais les rencontres créatives changent la donne. « Il y a eu du mouvement dans le groupe, précise Simon. On a produit quelques petites parenthèses musicales plus alternatives, dont un EP et une cassette à tirage très limité. »
Prise 2
Plusieurs pièces de Volume 2 sont prêtes depuis 2012, et l’urgence de s’atteler à l’ouvrage se fait sentir. Lors d’un concert offert à la Meunerie de Saint-Adrien en 2015, le groupe tombe sous le charme des lieux et décide d’y enregistrer l’opus à venir. « On a loué l’équipement nécessaire et on y a passé une semaine. Presque tout l’album y a été capté. » Le reste est produit chez Dany Placard, le réalisateur.
Puisque la création de Volume 2 s’est échelonnée sur plusieurs années, le résultat s’inscrit dans la continuité de Volume 1. « C’était le but, dit-il. Les parenthèses musicales rock et alternatives à tendance presque punk nous ont procuré une expérience qu’on transporte dans un univers alt-country et folk. » Calme, acoustique et organique sont les qualificatifs utilisés par l’artiste pour décrire son nouvel opus.
Bien sûr, Simon Bolduc s’est transformé avec les années, ce qui transparaît ici et là dans la création. Les paroles de ses chansons s’avèrent beaucoup moins romantiques et descriptives. Aussi, moins d’instruments sont conviés à la messe, ce qui procure plus d’homogénéité à l’ensemble.
L’utilisation du pedal steel guitar accentue le ton country vers lequel Bolduc Tout Croche tendait déjà. D’ailleurs, ce genre se révèle plus franchement, ce dont Simon ne se cache pas : « J’aime l’esthétisme du cowboy et j’écoute du vieux country québécois de façon presque abusive. Il y a une beauté et une simplicité dans le langage de l’homme qui travaille de ses mains. » Oui, Paul Brunelle et Bobby Hachey le font beaucoup réfléchir, dernièrement. Enfin, l’inflexion country de Volume 2 est réitérée par la participation de Mara Tremblay à la chanson Mon vieux village, dont Victoriaville représente le sujet principal.
Bref, Bolduc Tout Croche demeure toujours aussi indiscipliné, un peu moins croche et plus professionnel.