AD INFINITUM | Chapter 1
La compagnie de disque Napalm Records semble avoir un puits sans fond pour les groupes symphoniques métal. Avec déjà plusieurs groupes de renommée, les responsables de la compagnie ne cessent de trouver de nouveaux groupes aux talents variés. C’est exactement le cas de Ad Infinitum, nouvellement signé par le distributeur européen.
Ce nouveau quatuor, mené par la superbe chanteuse Melissa Bonny, a tout pour réussir. Un groupe de musiciens extrêmement efficace et une chanteuse qui amène une couleur bien à elle tout au long de ce premier disque. Sans vouloir réinventer la roue, ce premier chapitre est assurément l’un des meilleurs disques du genre à paraître cette année. La grande force du disque réside dans la qualité des chansons et surtout du fait que chaque membre ne tente pas d’en faire trop. C’est aussi le cas pour la chanteuse, qui se démarque par la justesse et la force de sa voix. D’ailleurs, trop souvent ce genre d’album s’étire en longueur et perd de son momentum. C’est tout le contraire ici, car une grande attention semble avoir été à l’ordre des chansons, ce qui fait en sorte de garder l’auditeur captif pendant les 43 minutes de l’album.
L’album ouvre avec Infected Monarchy, un titre qui résume bien la qualité de l’album. Avec un refrain accrocheur, un solo de guitare simple, mais efficace et la qualité des arrangements nous donnent envie d’aller plus loin. Vient ensuite Marching on Versailles. Avec un titre intrigant, c’est l’une des meilleures de l’album. Encore une fois, des guitares superbes et une batterie galopante nous amènent tout droit vers un refrain digne des classiques du genre. Solide départ qui se poursuit avec un trio de chanson qui ajoute à la qualité du disque. Avec See You in Hell, I Am the Storm et la superbe ballade Fire and Ice, les doutes sont dissipés. Ces trois pièces nous apportent une autre dimension.
La dernière portion de l’album se termine en force. Tout d’abord, la superbe Live Before You Die relance le bal en force avec une section rythmique fabuleuse et encore une fois, un refrain qui donne le goût de la réécouter aussitôt terminée. Viennent ensuite Revenge et Demons. Sur celle-ci, nous avons droit à une belle surprise. Il y a une partie parlée plutôt que chantée, ce qui donne un cachet particulier à la chanson. Avec Tell Me Why, l’album se termine avec puissance, une belle façon de conclure un album presque sans failles.
Sans être un album concept, ce premier chapitre ne pouvait avoir un meilleur timing : le thème central du disque réside dans un voyage en plein cœur de Versailles de l’époque de Louis XIV, alors que la France est plongée dans une pandémie. C’est le thème exploité dans les vidéoclips Marching on Versailles et See You in Hell (où l’on y retrouve une scène d’empoisonnement assez mémorable). D’ailleurs, les membres du groupe portent un masque sur la pochette et dans le vidéoclip. Grâce à ce thème, l’album se transforme presqu’en une bande sonore tant les textes et l’aspect symphonique de celui-ci sont efficaces. Le tout est agrémenté de quelques parties parlées qui ajoutent à toute cette ambiance cinématographique du début jusqu’à la fin du disque.
Avec une réalisation impeccable d’Oliver Philipps (le même qui a réalisé l’excellent album The Devian Hearts du groupe Phatasma avec Charlotte Wessels) et des arrangements extrêmement efficaces, c’est de loin un de meilleurs disques dans le genre. Il faut lever notre chapeau au mixage de Jacob Hansen (Amaranthe, Volbeat), qui place chaque instrument de façon à en tirer le maximum, sans toutefois créer une superposition trop lourde.
Bien sûr, la guitare d’Adrian Thessenvitz n’est pas sans nous rappeler celle du groupe Delain (principalement dans les solos) et certaines ambiances font référence à Evanescence (du temps où Ben Moody faisait partie du groupe), mais la diversité des mélodies et la justesse de Melissa Bonny, la plus belle révélation depuis des lunes, laissent entrevoir un avenir prometteur. Ayant momentanément fait partie du groupe folk métal Evenmore, et plus récemment de Rage of Light, Bonny réussit à s’imposer comme leader incontesté de ce nouveau groupe, où chaque membre lui donne la chance de rayonner de tous ses feux. Espérons que dans le prochain chapitre, mademoiselle Bonny laissera tomber son chant guttural qui n’ajoute rien aux quelques chansons où elles les utilisent. Somme toute, la révélation de 2020 jusqu’à présent.